Défi n° 237 proposé par Zaza Rambette pour Les Croqueurs de Mots.
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Zaza nous propose :
"Et si vous m'écriviez un petit texte avec le maximum d'anagrammes de "chauve-souris".
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Dans le chœur de la cathédrale, sous les ors et les rosaces, Rohesia chante.
À présent, elle y a ses habitudes.
Pourtant, le premier jour, elle fut ahurie, se hérissa, ses varices et ses ovaires eux - mêmes en furent chavirés lorsqu'elle découvrit que dans cette assemblée, on ne psalmodie pas, on croasse et, pire encore, il n'y a pratiquement que des chauves.
Pour Rohesia, rencontrer un chauve produit en elle le même effet que celui de débusquer un souriceau dans une coursive, ça la rend semi-démente.
Ce genre de mésaventure lui arriva alors qu'elle recherchait, dans les archives de la cathédrale, de vieux cahiers recousus que des "causeurs épistolaires" avaient noircis de cursives nettes et brèves, se rapportant aux aurochs.
Ce jour là donc, elle croisa une jeune souris qui fuyait derrière les casiers en remorquant une feuille de chou-rave.
Elle hurla. Doublement.
À savoir : Rohesia souffre non seulement d'une phobie face aux chauves et aux petits mammifères rongeurs, mais elle déteste également le chou-rave.
Tout fut tenté pour lui faire accepter ce légume, peu calorique et bourré de vitamines. On fit appel à de grands sauciers qui tentèrent des prouesses. L'un d'eux nous confia en aparté.
« Je m'essorai les méninges afin de concocter pour l'enquiquineuse cette charmante Miss Rohesia un mets pompeux : du veau au chou-rave sauce fourzitout - modestement traduit "Le tendre cuisseau, sa boule de neige et sa garniture gourmande". Peine perdue. Bien que dans l'énoncé l'ennemi abhorré ne fût point nommé, Rohesia refusa ces mets distingués. Par elle, ils ne furent jamais savourés.»
Vous comprendrez donc aisément que, apeurée par le rongeur au chou-rave, mise mal à l'aise par la proximité de ténors à calvities, Rohesia se mit à chavirer. Sa cuirasse tomba. Elle s'affola, s'enferma dans l'ossuaire, s'en expulsa en hurlant (une manie), s'agita en tous sens, ne se maîtrisa plus du tout, renversa des tables, des chaises, claironna au secours au secours et au secours.
C'est alors que Sharise - jeune vacher chasseur de varech dans le ruisseau de la Souris Chauve - et son cheval Servius, se trouvèrent mêlés à la vie de Rohesia.
Sharise nous conta.
« Je faisais une agréable promenade à cheval dans les bois - c'est ce que j'appelle chasser sans fusil - lorsque Servius stoppa net et se mit à chauvir. Pour que Servius chauvisse il fallait qu'un événement extrêmement fâcheux se produisit. Je respectai son arrêt inopiné et ses oreilles dressées - jamais je n'oserais court- circuiter l'instinct de mon cheval - je laissai faire. Il encensa une seule fois dans une direction précise et sans me demander mon avis, décolla au galop, me fit soubressauter, tanguer, me ballotta sans ménagement jusqu'à la cathédrale et là, d'une ruade, me désarçonna sans aucun égard et me jeta sur le parvis - me (dé) visser ainsi signifiait : ça urge, grouille toi - quel taquin, je l'adore !
Je claudiquai dans la direction d'un appel à l'aide qui émergeait d'un impressionnant nuage de poussière.
Je te découvris, Rohesia, échevelée, l'air hystérique.
Tu creusais, tu appelais à l'aide.
Tu creusais encore. Encore, tu demandais de l'aide.
C'était bruyant et ça faisait désordre.
Je m'enquis « Que se passe-t-il gente Dame ?» Tu baragouinas "évader, fuir, déguerpir, carapater". J'en conclus que tu ne souhaitais pas t'éterniser dans le secteur. Avec logique, tu œuvrais à creuser un tunnel. Hélas pour toi, tu piochais dans une immense colline de sciure. Plus tu piochais, plus tu échouais. Tout s'effondrait. Tu bredouillais au secours au secours. Tu re-piochais. Tu re-bredouillais...
Après mûre réflexion Spontanément je te secourus.
Il me fallait te désarmer, t'enlever cette pioche dangereuse mini-pelle de plage, volée aux enfants du voisin, tu la cramponnais, tu craignais que je te la chourave. Nous combattîmes rudement. J'eus bien du mal à avoir le dessus rapidement le dessus. Tu me bottas sauvagement les tibias remercias chaleureusement et tout rentra dans l'ordre.»
« Grâce à toi j'ai survécu reconnut Rohesia. J'ai pourtant déchiré ma jupe en viscose et décousu mon chemisier rose.»
« Je me souviens fort bien que j'essouchai le vieux poirier le jour où tu les recousis.»
« Effectivement je les ai recousus. Je craignais aussi d'avoir gâché mes souliers. Après les avoir passés au séchoir, je m'aperçus que seule ma chaussure droite était décolorée. Cela me déplaisait jusqu'à ce que je souscrive à l'idée de la teinter, que je la couvrisse de cirage et que je l'ocrasse. Je n'aurais jamais cru que je tenterais une telle expérience, pourtant, sa couleur cuivre est si réussie que même un chausseur n'y verrait que du feu ! Il est juste un peu incongru que ma chaussure droite soit roussie alors que la gauche est bleu azur...»
« Qui s'en souciera ? C'est un juste équilibre, puisque ta chaussure gauche se trouve être de la couleur de ton œil droit. Oh ! j'en chavire...»
« HORS d'ici, infâme mufle ! Va chavirer ailleurs, SOUCHE à VIRUS !»
Les yeux vairons de Rohesia virèrent au noir. De ses souliers bleuroux elle bombarda le balourd qui courageusement déguerpit.
Rohesia réintégra le chœur de la cathédrale.
Comment la reconnaitre ? Facile, elle porte des lunettes noires qui floutent les calvities, une demi-douzaine de petites souricières font cercle autour de ses souliers, l'un bleu, l'autre roux - elle s'est convertie au dépareillé - elle se parfume à l'eau de fleurs de chou-rave et vient d'épouser un grand saucier (1,87m).