Défi n°264 proposé par Zaza-Rambette pour Les Croqueurs de Mots
" Ah oui, je me souviens..."
Zaza-Rambette demande de parler de notre matière préférée à l'école.
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- Ah oui, je me souviens... à l'école j'étais fan de dessin, de sciences nat' et de Français.
Crayon tendu à bout de bras et oeil droit à demi fermé j'ai jaugé les proportions de pots en étain raides et austères, de familles rondelettes de pots de fleurs sans fleurs, des tulipes sans vase et de vases sans tulipes !
Le jour où le prof a emprunté le croquis des cinq doigts de ma main gauche, semi recroquevillés, phalanges comptabilisées, ombres bien venues et tout le tralala, j'ai ressenti une petite gloriole face aux copains puis une frustration : "l'oeuvre" ne m'a jamais été restituée... La savoir sans aucun doute accrochée, à vie, dans un musée des Arts décoratifs a adouci ce mélancolique souvenir.
En Sciences nat' mon crayon (et la gomme qui trouait parfois le papier) avaient le béguin pour les vrilles d'un plan de petits pois et pour le squelette d'une patte de lapin. Énigme à ce jour irrésolue !
En Français, j'ai eu des “bas ”- Marie, l'étourdie, il te faudrait sans doute mille et deux nuits pour que tu daignes mettre un “s” à mille et une nuit(s) ? - la honte face à la classe qui te semble multipliée par deux.
Des “hauts” qui réjouissent, le jour où le prof lit ta rédac devant tous les autres, légèrement ébahis (et sans doute vibrants de rivalité intérieure, inexprimable ouvertement face au maître dans les années soixante...), tu essaies de ne pas rougir pourtant tu rosis de satisfaction.
L'intitulé de cette rédaction "Le jardin à la fin de l'automne" me convenait à merveille, je n'avais eu qu'à pousser le portillon du potager familial pour commettre un plagiat. Tout y était, il n'y avait qu'à se servir !
J'ai copié l'allure avachie des poireaux, la décrépitude des fleurs de chrysanthèmes pourrissants.
J'ai piraté l'épeire diadème – reconnaissable à la croix blanche sur son dos – qui dormait au centre de sa toile immense (on m'avait appris à respecter cette impressionnante araignée qui nous débarrassait des insectes indésirables).
J'ai recopié les roses fanées qui viraient gratte-culs ; j'avais même eu la hardiesse de les nommer cynorhodons. La classe en avait les yeux ronds !
Ah oui, je me souviens...
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