- Regardez ! Mais regardez donc ! Admirez le cinoche que nous fait notre grand Espion ! Visiblement l'air vif de la balade au Chemin des Vents l'inspire.
Sous prétexte que l'année des "E" lui a valu son nom, Espion vérifie tout, se mêle de tout, bref, se prend pour le Maître du Grand Tout. Et vas-y que je fais mon affairé ! Et vas-y que je joue à l'initié qui sait où, quand, comment et pourquoi il furète. Et vas-y que je renifle, que je hume et que je zigzague en énervé, pour vérifier que chaque centimètre carré a bien été flairé. Et vas-y que je fais mon important, que je me prends pour lion des neiges griffu, grizzly puissant ou dragon effrayant...
En vrai, Espion n'est qu'un gros toutou de marque mastiff, tout simplement.
Son manège m'épuise !
- Dis Lotus ?
- Oui mon susucre...
Mon susucre c'est moi, la peluche calée sur l'épaule de la belle Lotus des Neiges. En vrai, je m'appelle Sakari, ça veut aussi dire sucre, mais quand Lotus susurre susucre, c'est deux fois plus doux et encore plus sucré.
- C'est vrai que nos ancêtres mastiffs étaient des super molosses bagarreurs et sans peur ?
- ... Qui protégeaient les troupeaux de yacks contre les loups et les panthères des neiges. Oui mon susucre.
- Brrr... C'est plein de crocs, de griffes et de biscoteaux ces grosses bêtes... J'aimerais pas être un super mastiff...
- Tu n'as plus rien à craindre, mon susucre, c'était il y a longtemps.
- À quoi ça sert de faire son malin quand on n'a plus à jouer au cerbère ?
- On peut faire dans la finesse, en garde du corps civilisé. C'est le rôle de Lumière Turquoise - main de fer dans une voix de velours - de vous inculquer à Espion et aussi à toi, mon susucre, la clé du bien se comporter en société. Lumière est une sorte de Baronne de Rothschild pour mastiffs tibétains, qui vous apprend le code des toutous de compagnie !
- Pour moi, y' a pas l' feu au lac, ton épaule me suffit.
Ach... J'aimerais tant rester longtemps encore le petit mastiff tout léger arrimé à ma jolie Lotus. Elle sent si bon la confiture d'abricots (en vrai, elle se parfume à la fleur d'osmanthus, mais abricot c'est plus facile à écrire).
Ma Lotus toujours me protège bien qu'elle connaisse mes défauts, c'est ça la relation vraie. En voulez - vous une preuve ?
Le jour de la " Fête des Lampes de beurre ", des centaines de silhouettes, sculptées dans du beurre de yack sont transformées en bougies et exposées dans le village. Elles célèbrent un bouddha, y toucher est sacrilège. Lorsque ma Lotus a découvert que son susucre - gourmand - avait trompé sa vigilance pour courir boulotter la tête d'un petit faucon lipido-sacré, elle m'a vitement débarbouillé le museau et plaqué contre son épaule. Au sculpteur qui découvrait, sidéré, son aigle décapité, ma Lotus a posément expliqué :
- Ton bel aigle est un Sage. Il a su se débarrasser du superflu. Sa tête avait, somme toute peu d'importance, puisque c'est dans ses gènes que réside l'instinct. Et, lorsqu'il vole, les éléments primordiaux ne sont-ce point ses ailes ?
Le sculpteur en est resté baba...
Est-ce le " sont-ce " qui l'a impressionné ?
Est-ce la douceur et la beauté de ma Lotus qui l'a subjugué ?
Est-ce le parfum d'osmanthus abricoté qui l'a envoûté ?
Il a opiné et s'est mit à fixer son aigle sans tête avec vénération.
D'une démarche digne et lente ma Lotus s'est éloignée, royale.
Ma Lotus venait de me sauver la mise, j'avais eu chaud aux oreilles !
Gavé, vaguement nauséeux, la truffe enfouie dans la douce toque de zibeline de ma bienfaitrice, je me suis endormi, lâchement, en toute bonne conscience.
À la manière de Joseph Paul Schneider, vous conservez la structure suivante : Tu dis... et déjà...
en ajoutant les images de votre choix.
Longueur libre mais au moins six fois la même structure.
Tu dis sable et déjà la mer est à tes pieds. Tu dis... et déjà...
Les Cabardouche sont à la barre pour la quinzaine à venir et vous proposent les escales suivantes :
pour le jeudi poésie du 21 février :
Anaphore
à la manière de Joseph Paul Schneider vous conservez la structure suivante : Tu dis ... et déjà ... en ajoutant les images de votre choix. longueur libre mais au moins 6 fois la même structure.
Tu dis Tu dissable et déjà la mer est à tes pieds Tu dis ....
et déjà
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Pour le défi du lundi 25 février
Marie a trouvé dans une brocante, cette élégante estampe qui apparemment évoque une histoire mystérieuse... Qui sont ces personnages ? Que disent ils ? Que vont ils faire ? A vous de nous le raconter.
Pour le jeudi poésie du 28 février
Les mois de l'année : (d'après Alain Bosquet )
Janvier pour dire à l'année bonjour Février pour dire ... Mars pour dire ...
vous continuez la même structure pour tous les mois et vous concluez par :
Et douze mois de plus ( mon ... ma ...) pour te dire .......
quelle surprise ! Est-ce bien à moi, à moi seule, que tu donnes rendez-vous ce jeudi ? En un clin d'œil, sans retard et sans attendre, presque sans réfléchir, je te dis oui ! Oui j'y serai.
Depuis toujours j'étais l'oubliée de la St Valentin, aussi impopulaire qu'une sorcière aux cheveux roux. Les soupçonneux cancanaient, les jaloux sifflaient - pour qui se prend-elle cette "nonne au jabot ardent" ? - une oiselle se doit d'être terne et discrète. Je les effarouchais. Je les inquiétais - à croire qu'elle cherche l'oiseau rare - piaillaient-ils dans mon sillage. Et toi, oh ! toi, toi, toi, tu as voleté jusqu'à moi, apportant à ma vie la légèreté d'un baiser d'oiseau, tu m'as appris à planer bien au-dessus de tous les pia-pias des cacardages. Et voilà que tu me convies à nos fiançailles ! le quatorze, au numéro quatorze de la rue du grain d'orge! Tu prévois une fête au faîte de cette douillette mercerie-papèterie-confiserie des quatre jeudis, où se dénichent bonbons, sucettes, chaussettes, réglisses, corsets et rubans de velours cramoisis. Jour après jour et brin à brin, nous picorerons dans ce fouillis-paradis de quoi tisser notre nid; à la St Joseph - n'est-ce pas le jour d'épousailles des oiseaux ? - nous nous y marierons... Ah mon cui-cui, tu m'en vois saisie de gratitude. Déjàj'engazouille de plaisir.