Défi n° 103 proposé par Fanfan pour les Croqueurs de mots-
Deux sujets au choix:
1 - Vous écrirez un petit texte en utilisant les titres des chansons de Tino Rossi.
2 - Vous écrirez un texte dont toutes les phrases commenceront par "Je me souviens..." et la dernière se terminera par " Mais qu'est ce que je f... dans cette galère".
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... Et si on cumulait les consignes.
... Et si Tino se souvenait (en comédie dramatique...)
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Le beau Tino n'a pas le pied marin.
Tangueur virtuose en tango bleu, il maudit le roulis du Pescadore qui le contraint à s'agripper au bastingage.
Promptement il occulte cette mer agitée qui lui donne la nausée et pour passer le temps, se met à conter sa vie aux nuages et aux goélands.
- Je me souviens j'avais vingt ans (...Las! on n'a pas tous les jours vingt ans...), un beau dimanche j'ai fui Ajaccio pour Capri. Pourtant Dieu sait que je l'aimais ma Corse, île d'amour..Mon père (oh! mon papa) et maman, ma maman bonheur, ma mamma, bohémienne aux grands yeux noirs, protégeaient ma cavale.
- Je me souviens, il y avait urgence. Il me fallait déguerpir, prendre le bateau pour Tahiti. Toutes celles que j'avais séduites s'étaient lancées à mes trousses, la Paloma, Line, Marinella, Madaléna, Angélina, Manon, Maria-Elena, Réginella, Rosita Paquita...Jusqu'à la vieille Carlotina qui me hélait,
- Hé, le Marchand de soleil, tu verras, le rêve passe mais crois-moi, la vie commence à soixante ans...
- Je me souviens qu'au fil des années je leur avais à toutes affirmé, femmes que vous êtes jolies...
C'est mon Crédo, j'aime les femmes, c'est ma folie... A chacune j'avais juré, une main sur le coeur,
- J'ai gardé ta photo...si bien que chacune d'elles pensait être ma bien-aimée.
La belle Conga a été la première à regimber,
- Si tu m'aimes vraiment, reste avec moi!
- C'est près de moi que tu dois demeurer! a protesté la Boudeuse.
- Tu nous a donné ta parole, tu ne peux nous quitter! récriminaient toutes les cigarières de Barcelone. Même la Chéribiricocola suppliait,
- Le dénicheur, le joyeux bandit, laissez-moi vous aimer, juste le temps d'une valse amoureuse...
Je devais me faire violence, prestement me soustraire à la horde impérieuse et laisser derrière moi les beaux souvenirs du temps de l'insouciance.
- Je me souviens du velours des pétales d'une rose de Picardie, du parfum des lilas blancs mêlés aux senteurs des feuilles mortes. On fêtait à la fois le temps des cerises, celui des cerisiers roses et pommiers blancs, quand Maria chantait près de la cascade "Tant qu'il y aura des étoiles"...
- Je me souviens d'envolées mystiques dans mon église de Santa Lucia. En orant, face à Marie, mia Piccolina, lors d'un Noël blanc (le bonhomme de neige l'atteste), sous mon beau sapin j'ai entonné Minuit chrétien. Je voulais clamer au monde entier et au petit papa Noël en particulier,
- Trois Anges sont venus ce soir m'annoncer la bonne nouvelle, oui! il est né le divin enfant!
- Je me souviens, oh oui! elle me reste en mémoire cette nuit sur la plage de Solenzara... Après avoir bu moult (ah! le petit vin blanc...) et fumé prou, je sanglotais en entendant pleurer les balalaïkas et le violon dans la nuit. Je piaulais, je divaguais,
- "Accarezzame, besame mucho"...
C'est alors que l'Oncle Bill m'a serré d'un peu trop près et m'a sussuré,
- Parle plus bas, bel ami, n'en dit rien à personne, je suis amoureux de vous... (en émoi, il s'embirlificotait dans les pronoms personnels). Je t'en supplie, ne prends pas le bateau des îles... Je rêve de partir un jour voir le printemps à Rio avec toi, si tu le voulais...
Le ciel me tombait sur la tête...
- Tchi-tchi! tonton! Chacun son truc, je ne mange pas de ce pain là!
- J'ai le polochon blues sur la Cane...Cane...Canebière, insistait l'oncle, si tu pars, j'attendrai...
- Vieux fou, arrête de jouer les coquettes de Porto Rico. Adios Amigos! J'en ai ma claque des love story...
- Je me souviens avoir fui furibard. Un baluchon rudement balancé par-dessus mon épaule, j'ai sauté dans le premier rafiot en partance pour nulle part.
(Désarroi total. Rebondissement de l'intrigue...Les plus sensibles étaient prévenus de la tournure dramatique que risquait de prendre le scénario...)
- Et voilà, les mouettes... vous savez tout de mon chemin biscornu...Seul, je pars pour l'inconnu. Seul je vais tâcher de vivre. Seul sous les ponts de Paris ou seul encore dans un petit cabanon sur le plancher des vaches.
(Si nous osions, nous lui recommanderions la seconde hypothèse, vu son animosité pour le milieu mouillé.)
- Eh! les goélands, vous n'allez pas vous y mettre aussi! Cessez vos kêkêkê! Arrêtez de ricaner et de lâcher sur ma brillantine des confetti! Vous allez me mettre en colère! Mais...mais... pouih! ce ne sont pas des confetti... Mais qu'est ce que je fous dans cette galère?