On choisira comme point de départ l'un ou l'autre des débuts de phrases suivants:
"Quand les poules avaient des dents" ou "Quand les poules auront des dents".
........................................................................................................................................
- Quand les poules avaient des dents, elles croquaient du chocolat. Et savez-vous ce qu'elles pondaient?
- Ben ...des œufs, tiens!
- Oui! maismaismais...des oeufs-en-cho-co-lat!
- Miameû!
- Ce qui n'eut pas l'heur de plaire aux confiseurs... Ils allèrent conter leurs malheurs à celui qu'en chirurgie dentaire on nomme "the"docteur.
Ils blablatèrent, jargonèrent, palabrèrent et enfin marché conclu(è!)rent.
A la fin de l'entrevue, le clinicien tout bien content-content se frottait les mains et l'espoir renaissait chez les chocolatiers qui coururent chuchoter à l'oreille des gallinacés.
Ils parlèrent vite, en haché, en brouillamini, en galimatias, en fouillis, en fatras...
Les mots...dentiste... magique... fraise... chocolat... fusèrent, jaillirent, voltigèrent en ping-pong.
La tête en spasmes gauche-droite, pif-pof en aller-retour, les pauvres poules attentives à capter le message en avaient le tournis.
Leurs yeux ronds s'écarquillaient plus rondement encore.
Entre elles elles caquetaient l'incroyable nouvelle, s'interrogeaient, gloussaient d'ahurissement, n'en croyaient pas leurs oreilles, souriaient de toutes leurs dents.
- Épatant...hasardaient les vieilles ouveuses*.
- Trop d'la balle! déliraient les pussines*
Elles doutaient - C'est pas une menterie?
Elles exultaient - Super! on va être millionnaires!
Excitées comme des puces, elles s'enfiévraient, alertaient les autres gallus, couraient porter la bonne nouvelle ici, et puis là, et puis encore là bas...
La rumeur s'étala, se répandit, potina, patati-patata.
Les poules moutonnières se bousculèrent, se ruèrent jusques à l'homme de l'art es-dents.
- S'il suffit qu'une fraise de dentiste nous polisse les quenottes pour être assurées de pondre à vie du chocolat fondant, parfumé à la fraise des bois, courons-y! Faites place! les nouvelles poules aux œufs d'or débarquent.
A la queue leu-leu, toutes tâtèrent avec allégresse du fauteuil de torture inclinable et ascensionnel, en kevlar carbone garanti, du fraiseur de dentures.
Il fraisa, fraisa et fraisa de plus belle, usant à dessein et à leur insu, les dents de ces naïves qui se retrouvèrent... fans dents. Et fans dents, f'est pas fafile de boulotter du focolat, f'est la cata...
Les confiseurs roublards exultent, en grande fiesta! Ils entrainent leur complice, le menteur-arracheur de dents désormais riche comme nabab dans leur bamboula, et ça y va!
Fagrinées, fâfées, les exf- pondeufes de focolat, refaffent leur défepfion, l'oeil finifstre, la rate au court-bouillon (de poule). Elles font affommées, fe ronge les ongles f'empiffrent d'afsticots élasftiques tout flafsques, s'arrafent les plumes, fouffrent de coryzfa, defiennent fi hideufes qu'elles inflifgent la fair de poule à leur maître et feigneur coquelet. Elles n'ont plus enfie de faire la jfavfa et se coufent imbêfilement auffi tôt que les poules...
Un matin, au chant du coq, une poulaille rebelle (comme qui dirait, un Zorro de basse-cour), d'un coup de pied* dans les tibias, fait débarouler maître chapon de son tas de fumier.
Elle se visse à la place du déboulonné, se scotche les ailes sur les hanches. Rhan! Faut pas venir l'agacer.
L'oeil noir, le bec arrogant, elle toise avec mépris (la bouche en cul de poule) ses mollasses congénères et beugle (ce qui vexe fort le taureau),
- DEBOUT! Fa fuffit comme fa, bande de poules mal efforées! (mouillées, eut été plus simple à prononcer...)
La flaque des désemplumées avachies vibre en un mol soubresaut.
- On nous a grugfées, dindonnées, mais on ne va pas baiffer les bras, LEFEZ-FOUS!
En ressorts désarticulés, des cous-nus frileux (aussi étonnés qu'une poule qui a trouvé un couteau) se tendent vers la révolutionnaire.
Des yeux vitreux tentent des flashs qui foirent.
La Zorro continue sa harangue.
La foule volailleuse s'ébroue, oscille, flageole...
La galvaniseuse, survoltée, apostrophe.
- Holà! mes filles! Hardi! mes fsoeurs, approfez!
Soudain gazelles, les pondeuses frustrées grimpent la rejoindre sur son tas de fumier.
Maître coq humilié, caché dans un buisson se masse les tibias, ça l'occupe! Il ne l'a pas volé. En temps utile, cette poule mouillée n'a pas daigné lever le petit ergot pour défendre son harem.
A l'heure du thé de la pâtée, par un absolu, unanime et intégral ensemble, un plan de vengeance est arrêté et aussitôt proclamé.
Vu le Code de notre Société poulaillère des édentées,
considérant que nous avons été ignominieusement trompées,
arrête:
- Article 1 - que la "Confrérie des édentées" (soutenue moralement par coq trouillard clopinant, rallié de dernière seconde) veillera à bien tapisser journellement, diurnement ainsi que nuitamment, l'entrée du cabinet de leur voleur de dents (à l'encontre duquel elles ont à jamais une dent), d'une épaisse couche de fientes malodorantes et ce, trois cent soixante cinq jours (et nuits) par an.
- Article 2 - que les petites poulettes de la "Confrérie des édentées" participeront, aussi secrètement qu'activement, à l'apport de matière première pour le fourrage de ces délicieuses petites boulettes chocolatées, ingénument dénommées "crottes au chocolat", sensées faire la fortune des chocolatiers en cette fin d'année.
Qu'on se le dise!
- Cocorico! (ah! toi, fffa vfa! ramène pas ta fffraisfe, hein!)
.....................................................................................................................................
* ne parle-t-on pas de "pied de poule" chez les marchands d'étoffes.
* ouveuse: pondeuse patoisée.
* pussine: poulette en patois d'cheu nous!