Églantine Lilas.
Un bouquet !
Églantine aux trois ailes vole de Corse en continent.
Églantine nous charme de contes corses, étale avec gourmandise le brocciu sur ses tartines, n'oublie pas le mou d'Horace, nous instruit, nous fait sourire, écrit des livres, peint un rocher à raccommoder, un petit cabanon et la treille de sa maison.
Elle nous berce de poésies. Nous lui disons merci !
Longue vie à Églantine et à Lilas aussi !
M'amzelle Jeanne
Reine des poèmes et des haikus, M'amzelle Jeanne est aussi à l'aise en petites nouvelles qu'en grandes réflexions : "Les problèmes des boulangers vont croissant, les pêcheurs haussent le ton, certains plombiers prennent carrément la fuite"... Mutine, elle s'adapte à l'air du temps : elle offre à croquer des dents de loup à son arrière petite fille - qui risque fort d'y laisser ses dents de lait. M'amzelle Jeanne prône Harmonie et Fraternité, qu'elle en soit remerciée et suivie par le plus grand nombre, qu'elle continue à nous dispenser sa précieuse Humanité.
A la barre pour cette quinzaine, je vous propose de vous laisser inspirer par ces photos ( paroles de ABC) ...................................................................................................................................
Premier janvier.
Tilia et Picéa sont plantés là.
Mêlés à leurs congénères ils font face à la nue au ciel sans nuages.
- Non mais, regarde-le...
- ... Mummm ?
- Tu dors Tilia... ou bien ?
- Meu non, Picéa ! Je m'étais juste un peu assoupi, détendu par mon auto-tisane... C'est radical, tu devrais essayer.
- Pas question ! Picéa dort quand il veut, il ne roupille pas avant le coucher du soleil, lui.
- Ouais... Toujours aussi grognon... Il me semble que je t'ai entendu jargonner ?
- Voui Mansieur. J'espérais dialoguer... J'ignorais que je soliloquais...
- Aie ! le voilà vexé... Que me confiais-tu ? Je suis tout ouïe.
- Je disais : regarde-le.
- Qui ça ?
- Comment : qui ça ! On ne voit que lui, Sa Majesté Soleil !
- Il semble te contrarier, serais-tu jaloux ?
- Parfaitement, je suis jaloux ! Jaloux de le voir envahir tout l'espace, jaloux de le voir voyager en voûte céleste, en firmament, en Empyrée...
- Monsieur l'ombrageux est poète à ses heures !
- Bof, simple réminiscence d'une vie antérieure où on savait s'exprimer en mots choisis...
- Au lieu de maugréer, observe mieux notre Phébus, il ne fait que remplir son rôle de soleil couchant. Il colore l'horizon de lumière et de feu ! Il le fait exploser d'or et de cuivre ! Il augure d'espoir et de vie cette année débutante, c'est grandiose !
- Ça n'est que du clinquant, du toc, du tape à l'oeil, de la poudre aux yeux... C'est pathétique...
- Je trouve qu'il met bien nos silhouettes en valeur.
- Imposture ! Ce narcissique exploite nos ombres triviales. Ça l'arrange que nous soyons au garde-à-vous, nous ne sommes que ses faire-valoir.
- Je le trouve plutôt bienveillant. Ça me plaît qu'il transforme en dentelle fine mon profil dégarni.
- Fi ! Tu es un privilégié, Mansieur le tilleul ! Avec moi, grand Maître Soleil n'est que désobligeance et indifférence. Je me sens relégué en sombritude...
- Tu te fais des idées fausses. Puisque tu es un épicéa vert toute l'année, le soleil ne peut transformer tes contours. - J'abhorre ce prétentieux, ce m'as-tu vu, ce bouffon, ce ridi...
- Chuttt ! Ne réveillons pas le bougon endormi, ça nous fait des vacances !
Deux janvier.
Phébus est vanné. Il a le crâne farci de chiffres.
Chaque année à la Saint Basile, Méridien supérieur et Méridien inférieur établissent, à grand renfort d'équations tarabiscotées, les heures de levers et de couchers de Dame Lune et Maître Phébus. Les voilà réunis tous les quatre.
C'est le moment tant attendu où “le soleil a rendez-vous avec la lune ”!
Après avoir signé leur feuille de présence, les deux compères se moquent comme d'une guigne des calculs savants et compliqués des méridiens. Feignant de les écouter, ils échangent des histoires de planètes, de satellites, de radis sous influence lunaire et de spoutnick.
Après que les méridiens aiguilleurs du ciel ont enfin aligné leurs calculs, Lune et Soleil sont repartis avec leurs feuilles de route pour l'année.
Phébus avait hâte de se coucher.
C'était sans compter avec Borée, tout ébouriffé, qui passait en coup de vent, souffler quelques potins à son ami le soleil.
- Bla bla bla et bla.
- Quoi ! sursauta Phébus.
- Je te le dis tel que je l'ai entendu.
- Quelle injure !... Quel camouflet... Ce minus m'a vraiment traité de... de bouffon ?
- Oui. - De prétentieux ?
- Oui.
- De Narcisse ?
- Oui. Et aussi de “faiseur de clinquant”.
- ASSEZ ! N'en rajoute pas. Borée, je te fais confiance. Dans l'instant, illico presto, tu convoques les cumulus de pluie, de ton souffle puissant tu les pousses jusqu'ici, bon gré mal gré. File !
Quelques instants plus tard, tous ceux qui s'attendaient à un soleil couchant calme et rose-doré, restèrent stupéfaits : le rose du ciel, brusquement, a noirci.
- À toi de jouer Borée : ventile les cumulus vers la gauche. STOP ! Trop loin, souffle-les vers la droite, doucement... Là ! Ils sont pile au-dessus de mon détracteur. À toi la pluie ! VAS-y, mets toute la gomme, vise bien l'épicéa calomniateur !
S'ensuivit une sorte d'Apocalypse, réservée au seul Picéa : tourbillons de pluie battante, rafales de vent glaciales, grêle en glaçons et gel givré transformèrent le sapin de Noël en serpillière usagée.
Brusquement, nuages et pluie s'enfuirent. Le calme revint.
Picéa grelotta d'humiliation, fit un exercice compliqué de yoga – essoreur et s'endormit, épuisé.
Phébus, harassé venait de retrouver sa dignité et sa couche rose poudré.