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Défi n°67 "A la une" proposé par Enriqueta pour la communauté "Les Croqueurs de mots".

Publié le par François & Marie

Thème: "A la une".

"Ce matin comme tous les matins, je prends mon journal habituel,  je le déplie et je découvre avec surprise que mon portrait se trouve en première page."

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Le rendez-vous quotidien avec "FEUILLE DE CHOU" ma gazette préférée, requiert un  protocole adapté.

Revoyons-en les phases-clés. 

Primo, la déplier précautionneusement afin de ne pas la froisser (se méfier de sa  susceptibilité).

Deusio, s'y plonger avec prudence, sparadrap à portée de main (on n'est jamais trop prudent avec les coupures de journaux.)

Tercio, la déchiffrer (fâchée avec les chiffres, je vais la "démoter").

Quarto, l'éplucher finement (au couteau économe).

Quinto, la parcourir lentement (en vélo d'appartement).

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Feuille de chouComme tous les matins, je dépliais ma "FEUILLE DE CHOU" quand, soudain, douing!  surprise... mon geste se suspend. 

Mais... euh...là, en première page... en "une" ...on dirait...mon portrait! trait pour trait.

Non, non, non! c'est impossible.

Qui recherche la une? Celles qui traquent la notoriété. 

Non, non ! ce n'est pas moi. Bien trop réservée...

Qui tient à s'exhiber? Les charmantes, les hâlées, les parées. Ah ah ah ! Laissez moi rire, je ne suis pas de leur monde, moi la pâlichonne, la  quelconque.

Non non! ce n'est pas moi. 

Qui veut à la "une" plastronner? Celles qui ont commis des faits remarquables et remarqués. 

Mes seules prouesses sont celles d'être coupable d'un vide angoissant et responsable d'une  phobie au nom très compliqué.

Pfff...Vous trouvez ça gratifiant? Au point de me faire décrocher la lune de la une? 

Non! ce n'est pas moi.

Pourtant... 

Cette robe blanc cassé... j'ai la même je sais, mais...

Elle est à l'identique finement crantée sur les côtés, je sais, mais...

Elle a aussi col et ourlet piquetés mais...

Ce teint si pâle, je sais, c'est le mien, mais... 

Rhaaa! Et pas une ligne, pas un mot, rien.

Ah... si! là, au verso. En très, très gros,

"Suite à UN MOUVEMENT DE PROTESTATION concernant LE PRIX DE L'ENCRE devenu PROHIBITIF, une GREVE de la "UNE" a été votée à l'unanimité.

De ce fait, seules les pages intérieures sont imprimées, la "UNE" de "FEUILLE DE CHOU" est  SCIEMMENT une PAGE BLANCHE".

...Réflexion...

En y regardant de plus près, en l'examinant bien, en l'analysant...finalement...il se pourrait bien qu'à la "une" ce soit mon portrait, trait pour trait!

Mais, quelle étournelle je fais...  j'allais tout bonnement omettre d'égrener mon identité, Dame Du Saint Drome De La Page Blanche. 

Sobrement vôtre.  

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* Leucosélophobie (de la page blanche, c'est la phobie. Je vous souhaite d'en être tous à l'abri!).

* En zieutant bien la page de votre gazette, vous pourrez y repérer les éléments de ma robette! 

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Rana raplapla

Publié le par François & Marie

P1020875Petite grenouille un jour d'été

Par la fraîcheur d'une église attirée,

Derrière un banc s'est aplatie

Et bien aise s'est endormie.

En août je la découvris.

Hier j'y suis retournée,

Aucun plumeau n'avait dérangé 

La petite grenouille de bénitier.

Rana dormait toujours, là ,

Bien desséchée et très très raplapla...


Publié dans choses vues

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L' cieuchi d' l'ay-ise- (Histoire de clocher -) Patoisé.

Publié le par François & Marie

clocherY'ètôt din lè èn-nians trint'. 

L'Jôsè maiçon ape l'Hinriè, l'chairpenti sant graïmpaie su l'cieuchi d' Pouligny qu'ètôt dégnapé pou l'rèringi.

C'était dans les années trente.

 Le Joseph maçon et l'Henri le charpentier ont grimpé au sommet du clocher déglingué de Poligny (Jura- "capitale" du gruyère de Comté.), pour le réparer.

V'là t'y pâs qu'l'Hinriè chèt dèpeus le d'sus. Môue...

Depuis le haut, voilà qu' l'Henri choit, mort... 

L'Jôsè, y y'a fê in cô...El a édié à n'enmouner l' vouaie in gai pou qu'an entarre l'Henriè chu li.

V'là t'y pâs que l'Josè, in gai, torn'd' l'u-ye, san tiûere que l'laich'. Môue sôbite... 

Le Joseph en fut très choqué et peiné...Il a aidé à emmener le cercueil en gare pour que l'Henri soit enterré chez lui.

Voilà bien qu'en gare, le Joseph tourne de l'oeil, son coeur le lâche. Mort subite...

Douê q'pessint l'airm'è dia din la mém' jeunia pou in cieuchi qu'êtot déniapé...T'y crairot point si yètot point mouais qu't'y diot...Y'è bin auqué...An ê bin point grin cheuse sû c't'tarre, t'crê point, l'Médé...

Deux qui passent l'arme à gauche dans la même journée pour un clocher bancal à réparer...Tu ne le croirais pas si ce n'était moi qui te le dise...C'est pas banal...On n'est pas grand chose sur cette terre, tu crois pas l'Médé...

Publié dans Histoire en Patois

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Histoire de clocher

Publié le par François & Marie

clocherPour quelques urgentes réparations,

Henri le charpentier sur le toit du clocher est monté,

Avec Joseph le maçon son bon compagnon.

Henri le charpentier du toit est tombé,

Mort.

Pour être dans son village rapatriée,

En gare sa dépouille fut accompagnée,

Par Joseph le maçon tant attristé,

Qu'à un wagon il dut s'adosser, 

Sentant son coeur fatigué

Par seulement cinquante quatre printemps, le lâcher.

Et là il mourut

Le  jour même où son ami disparut.

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Depuis quatre vingts ans ce jourd'hui 

Joseph, rameau venu se greffer à ma généalogie,

Repose en Poligny.

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Défi n°66 "Enlacez vos lacets sans vous lasser" proposé par Vert de Grisaille pour les croqueurs de mots

Publié le par François & Marie

Thème: "Enlacez vos lacets sans vous lasser".   

Partez d'un objet aussi anodin qu'un lacet, serpentez sur ses boucles et ses (in)sinuations et laissez-le créer le noeud complexe du moment. 

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basket.jpgLasso- le -lacet, sans se lasser

Pendu à un fil se prélassait.

Révolution planétaire,

Le fils dès le lever l'avait lavé,

Ce qui n'était pas arrivé

Depuis la dernière révolution planétaire

C'est à dire l'an passé! 

Lasso-le-lacet, en lacet tout propret 

Sur le fil oscillait

Et cillait en rêvant éveillé 

A cet oeillet qu'il lorgnait

Sis aux sixième pertuis,

A la cime de la basket de Louis.

Ce soupirant supputait en soupirant 

Qu'après un lacis de zags et de zigs

A vous tournicoter la boule,

A vous en bailler le tournis, 

Zigomas en fête lui, beau zig,

Parviendrait au faîte;

Au faîte de la languette.

De la languette de la basket.

Non, ce n'était pas une basse quête 

Que celle d'oser escompter l'ocelle bien-aimée;

Oh! celle qui le faisait rêver, 

Afin de l'enlacer et de l'entrelacer. 

Déjà il la zieutait, n'ayant d'yeux que pour la donzelle. 

S'il eût été possible que ses oeillades fussent ouies,

Oui, oui, on les eût ouies ululer

- Dieu, elle est belle à se damner! 

Damned! Las! C'était sans compter sur l'ami-l'ado

lacetSi las que, dès le saut du chevet, ce dandinant dadais 

N'achevait jamais à coup sûr la laçure des lacets.

Ce flemmard de cossard patenté 

Dédaignait du sommet les deux dernières trouées...

- Ouaille, trop d'la balle la ch'ville no esclav'! 

S'ébahissait ce godelureau ébaubi, 

L'oeil accablé qui, blouck,

La boucle bouclait 

Avant l'avant-dernière oeillère,

(Ach! Le benêt! le benêt! le benêt!) 

Interdisant ainsi à Lasso- le -lacet désespéré

L'accès si aspiré au tout dernier poquet-aimé...

En un hoquet dtrès gros sanglot

Voici, voilà comment se délita

L'idylle de Lasso-le- lacet...

(qui se vengea en un gadin délibéré dans la gadoue

D'où il sortit tout amochi, tout crado et tout mou.

 Na, bien fait pour lui Louis!)

                         

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L'Ju-ien du PTT

Publié le par François & Marie

Au cours des années 1950, Julien officiait en facteur de campagne.

Pour tous il devint l'Ju-ien.

Parce qu'une erreur d'homonymie est si vite arrivée, par précaution on précisa l'Ju-ien du PTT.

L'Ju-ien du PTT était corpulent-ample-replet. 

Parce qu'à l'époque certains adjectifs ne mettaient pas la population en émoi (et que la HALDE ne s'enfiévrait pas pour si peu), il devint l'gros Ju-ien du PTT.

Parce qu'il faisait partie du quotidien villageois, on s'autorisa une cordiale appropriation en nâôt' (notre)gros Ju-ien du PTT.

Pour contrer les esprits taquins qui transmuaient volontiers Postes Télégrammes et Téléphones en Petit Travail Tranquille, nâôt gros Ju-ien du PTT devenait chaque jour ouvrable, pédaleur ahanant sur trois kilomètres montants. Son vélo frappé du sceau de l'administration, était équipé de pneus ballons, d'une large selle confortable, de deux impressionnantes sacoches en cuir épais et d'un élément primordial, une rutilante et retentissante sonnette.

Ju-ien.jpgPour prouver son allégeance à l'institution postale, il se déguisait en facteur. Il s'engonçait dans une vareuse et un pantalon de drap bleu marine et emboîtait son crâne d'un  képi bleu foncé à passepoil rouge, qui lui tenait lieu tour à tour de parapluie, parasol et pare-frisquet.

Parce que les boîtes aux lettres particulières n'existaient pas, il devait distribuer consciencieusement en mains propres, la précieuse correspondance dont il était garant.

Chaque jour, sur neuf hectares, il zigzaguait de meix en meix en claironnant,

- Y'ê l'Ju-ien du PTT!  et en actionnant sa sonnaille.

S'il ne recevait de réponse, il ne s'avouait pas vaincu. Il savait que, vue l'heure, les hommes étaient aux champs, les anciens au coin du fourneau ou assis au soleil levant et les femmes le plus souvent au jardin.

Il accotait son cycle réglementaire à la treille ou au tas de bois, contournait la maison et appelait de sa voix d'asthmatique - Huchhh, y'a t'y nion (personne)? Y'a t'y quéquion (quelqu'un)? Huchhh...La patronne? Huchhh... Y'ê l'Ju-ien du PTT! Huchhh...

- Ah y'ê touais nâôt' Ju-ien, lui répondait le jardin! J'arve! T'veux t-y dê porots ape d'la pommette, j'en ai d'la qu'monte. (Ah c'est toi not' Ju-ien! J'arrive. Est-ce que tu veux des poireaux et de la mâche, j'en ai d'la qui monte en graine.) 

- J'veux bin lè porots, la pommette, j'co point apré. Huchhh...N'y v'là tan journau ape èn' léttre d'la Perception, j'sais point trop c'qu'ê t'viant...ah, ape atout èn'câtche d'ta sieû la Yaudine qu'ê é maître à Lon d'Saunier, an dirôt qu'ill a la deur d'ique. ( J'veux bien les poireaux, la mâche, j'cours pas après (j' n'en raffole pas, c'est pas ma tasse de thé!).  Voilà ton journal et une lettre de la Perception, j'sais pas trop c'qu'y t' veulent...ah et aussi une carte de ta soeur la Claudine qu'est en apprentissage à Lons Le Saunier, on dirait qu'elle s'ennuie d'ici. ) 

- Ah bin la Pêrception, ê vant seûr'ment bin m'piônner dê sous, m'étonnerôt bin qu'y siê y-e qu'm'en baillint! La Yaudine, y'ê point d'nôs qu'ill a la deur', y'ê pi-e-tôt d'son bon aimi l'Jênot! ( La Perception va sûrement bien me réclamer des sous, ça m'étonnerait bien que ce soit eux qui m'en donnent! La Claudine, c'est pas de nous qu'elle se languit, c'est de son galant, le Jeannot!)

Et au portillon du jardin s'opérait le troc végétalo-épistolaire!

Ju-ien2.jpgQuand une maison lui semblait pour la journée désertée, il déposait le courrier à l'abri d'un pot de pelargonium ou de bégonias selon son humeur, et reportait au lendemain la remise du mandat postal qu'il savait très attendu.

Vers les dix heures, nâôt'Ju-ien du PTT avait ses habitudes, il casse-croûtait d'omelette au lard, picrate, café et gnole chez l'Jeantet-Brequillou.

Il faisait aussi des pauses chez l'Gugu, le R'né, l'Titi et aussi chez l'Nésime où café et pousse-café étaient de mise. L'Ju-ien les avalait debout face à l'entrée de la cuisine, histoire de rester dans la légalité de la fonction,

 - Jêmais p'dant l'service, jugulaire, jugulaire!

Il partageait la soupe du midi, en toute légitimité là où on lui en proposait une assiettée.  

Si d'autres maisons accueillantes lui offraient ensuite des patates à la câsse (pommes de terre sautées à la poêle), du boudin ou du comté, il acceptait aussi, n'âôt'Ju-ien du PTT, bon gars aimait contenter tout le monde (et lui avec)!

Arrivé à ce stade de son périple, il dégrafait deux boutons du col de sa chemise, roulait en boule sur son porte-bagages sa veste réglementaire, relevait de plus en plus haut la visière de son képi, dégageant ainsi son front tout blanc ce qui lui donnait l'air étonné d'un hibou aux joues basanées.

Après chacun de ces arrêts programmés, pof, il vérifiait du pouce le rebondi de son pneu avant puis, pof, celui de son pneu arrière au cas où des garnements auraient rapiné leur ration d'air, ce qui arrivait de temps à autres...

Il contrôlait dans la foulée que les mêmes polissons ne lui avaient pas dévissé le dessus de sa sonnette. Le cycle PTT se devait de conserver son intégrité. Il ne serait pas dit que le timbre ferait défaut sur un vélo PTT! Inimaginable! 

N'âôt'Ju-ien du PTT était victime d'une bien curieuse loi mathématique: plus la tournée avançait, plus les sacoches s'alourdissaient.

Certes, potirons et poireaux comblaient le vide laissé par le courrier, mais tout de même... 

Il n'avait la solution à ce troublant problème qu'en fin d'après-midi en garant son vélo de fonction,

- Ah lê mandrins, lè z'âcrôbâtes! ê m'ant caillouté la m'sette! (Les voyous, les chenapans, ils ont rempli de cailloux mes musettes!)

Publié dans Histoire en Patois

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Défi n°65- "De fil en aiguille" proposé par Tricotine, Capitaine de la Communauté "Les Croqueurs de mots".

Publié le par François & Marie

Prenez dans cet ordre: du fil, une ou des pelote(s), du tissu, des perles, du coton, un ou des bouton(s), un ou des (s), un patron, un peu d'imagination, un outil tranchant de votre choix et une ou des aiguille(s).

Vous écrirez un texte sous la forme qui vous plaira, qui n'a strictement rien à voir, de près ou de loin, avec la couture ou le tricot!

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Du coup de fil qui venait de le tirer du lit à deux heures du matin, Kakou n'avait retenu que l'essentiel "Urgence... Venir au plus vite."

Il inspira, expira à fond pour chasser cette impression de nerfs en pelote.

Le tissu de sa veste de pyjama en pilou lui collait à la peau.

D'infimes perles brumisaient son front, ses jambes étaient en coton.

Fébrilement il ferma sa porte et les boutons de son vieux trench cache-misère. 

Les dés étaient jetés. Quel cas d'école allait-il découvrir?

tranchant-effet-Il se remémora les situations délicates auxquelles il avait été confronté...

Son expérience lui servirait-elle dans cette urgence? 

Il fallait que ce soit du sérieux pour que le grand patron soi-même le réveille à l'aube.

Rapidement il fut sur place; le trajet avait été court dans la ville endormie.

Il se brossa méticuleusement les mains, revêtit la blouse et le masque, engouffra sa tignasse sous une charlotte élastiquée, chaussa les bottes immaculées.

Lorsqu'il entra dans la salle blanche, le silence le surprit,

Aucun chuintement mécanique, pas le moindre cliquetis.

Quelques silhouettes s'agitaient, le boss lui fit un signe de tête reconnaissant.

D'un rapide coup d'oeil il constata l'ampleur de la tâche, il y avait urgence en effet.

Un assistant empressé lui tendit l'objet tranchant.

Fiévreux et concentré, il s'en saisit. 

D'un geste sûr et précis, il coupa.

La masse libérée glissa mollement sur la balance,

L'aiguille s'affola, gigota, oscilla,

Puis... s'immobilisa sur 250,0001g !

Euréka! Kakou n'avait pas perdu la main.

Soulagé il brandit fièrement en signe de victoire son fil à couper le beurre.

Il venait d'extraire, à vue et avec une marge d'erreur infinitésimale, une fraction de l'énorme motte ivoirine.

Le grand chef se détendit, lui tapota l'épaule,

- Bravo Kakou Yard! ("cacouillard": surnom donné à un apprenti fromager-laitier en Franche-Comté). A toi l'insigne honneur de remplacer cette satané conditionneuse de plaques de beurre qui m'a laissé en rade; les piles de la cellule électro-optique* sont nases. Il t'en reste quelques cinq cents kilos à débiter en demi-livres d'ici neuf heures**. Courage mon gars, c'est bien toi le meilleur! 

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*    Ne cherchez pas à acquérir ce genre de modèle, il est classé irrévocablement obsolète.

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** En aparté, je vais vous livrer la fin de l'histoire.

Kakou découpa méticuleusement une dizaine de plaquettes sous l'oeil admiratif du grand patron. Dès que celui-ci eut tourné les talons, pas fou, il cessa cette tâche fastidieuse et attendit la "prise de quart" de ce bougre d'incompétent de la maintenance. 

Malgracieux, il lui intima l'ordre d'avouer où il cachait la réserve de piles.

L'incapable de service confessa qu'il était en rupture de stock.

Kakou  lui  fit du chantage conseilla d'aller dare-dare dérober à son fils (endormi) sa console de jeux (et ses piles) et de revenir plus dare-darement encore, en équiper la cellule en hypo-énergie, sinon ce serait à lui de jouer les trancheurs de plaquettes.

Rapter le doudou-fétiche d'un pré-ado ne posait aucun problème de conscience à Kakou. Il lui rendait même service en lui donnant ainsi l'occasion de passer plus de temps à réviser son prochain contrôle de maths. Il se demandait même s'il ne mériterait pas une médaille pour cette BA.

Dans la salle carrelée de blanc le train-train se réinstalla.

L'électro-optique optiqua à nouveau. 

Le mec de la maintenance rongea son frein en lançant à Kakou de venimeux regards.

Le reste de la nuit vit Kakou s'éclater sur  la console de jeux (rechargée sur le secteur,  précision pour les tatillons rigoureux).

Le boss lui attribua une prime très conséquente pour "Travail manuel nuiteux et éprouvant, effectué avec efficacité, célérité et conscience professionnelle remarquable". 

Le grand patron envisagea même d'instituer une médaille pour cette circonstance exceptionnelle.

Kakou décida de troquer ses blouses col Mao contre de plus appropriées à revers maxi, afin d'y épingler toutes les décorations qui ne tarderaient pas à lui échoir.

Il fit encadrer de matière plastifiée imitation vieil or et mettre sous verre sécurit son outil tranchant (qui est du plus bel effet sur le faux marbre de sa fausse cheminée).

Le gars de la maintenance réclama sa retraite anticipée. Son fils retrouva sa console mais s'ingénia à rester réfractaire aux mathématiques.

Ainsi va la vie ... 

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