Noël
"Dans la grande nuit de Noël il faut avoir le coeur d'un enfant pour voir la lumière"
Marie & François
Histoires réjouissantes contées par Marie et illustrées par François.
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"Un homme ou une femme reçoit un cadeau, un colis, une lettre... il peut lui plaire ou pas... il peut lui être destiné ou pas..."
À vous de raconter, de broder, d'inventer, d'imaginer; à chacun son histoire même la plus abracabrantesque.
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- M'dame B'jour ! Un p'tit paquet pour vous.
- ... ?
- Une signature, s'vouplaît, contre paiement... 292 € 78 centimes.
- Quoi ! mais je n'ai jamais rien commandé ! ...
- Bin...C'est p't'être le Père Noël ma bonne dame...
- ... Qui fait payer ses cadeaux? Belle mentalité ! Vous êtes sûr que ce colis est pour moi ?
- Bin c'est vot' nom ? Vot' adresse, ou pas ?
- Certes, ce sont. Mais... 292 € et des poussières, c'est pas une paille...
- Moi j'suis que l' livreur ma p'tite dame... faut s'décider, signer et payer, j'suis pressé !
- (grommelage interrogatif .............. ?)
- Voiiilààà... merci m'dame, v'là l' double d' la commande. À la prochaine !
- (bis: ............... ?)
S'assit. Réfléchit.
S'auto- interrogea.
Se creusa le ciboulot comme si elle avait la trouille d'être passée à tabac.
Oui...Oui ... M'sieur le Commissaire, je voisssjevoisssjevoissss...(se prenait pour Madame Irma).
Fin octobre, au milieu des promos de Clindœil pour les suaves Stollen de ♫ Stille Nacht ♪
Heil'ge Nacht ♫ (trois centimètres de sucre glace sur pain brioché au beurre "frais" fondu
aux œufs "extra-frais" blanchis avec la cassonade fourré de pâte d'amandes -aux -amandes
fruits secs à volonté et fruits confits macérés dans du schnaps à la cannelle th 180°
Celsius 45mn pour la modique dose de 850 kcalories la mini-tranche et demie, pouf !).
S'égarait. Continua.
M'sieur le Commissaire, au milieu des réclames paperassières de Clindœil sus-cité, de Sup et
Ru qui vantait ses papillottes à pétards du Nouvel An et Quasi-now qui faisait miroiter son
foie gras du réveillon (alors que nous n'étions qu'à la fin de l'automne, qui, lui, faisait son
boulot dans les temps, en sommant les framboises remontantes de bien vouloir remonter afin
d'offrir leurs rouges drupéoles aux baveux colimaçons), il serait peut -être possible que
parmi ce fatras de cellulose transformée en feuillets imprimés, j'aie lâchement catapulté
UN catalogue dans ma poubelle bleue...
Mais oui ! Ça lui revenait ! ... UN catalogue très laid de "La Maison du Corset".
Oui... M'sieur le Commissaire, peut-être y avait-il dans ce catalogue un bon de commande
pré-imprimé...
Oui... peut-être que mes nom, prénom, adresse y figuraient...
Ça ne fait pas de moi pour autant une coupable.
Vous feriez mieux de rechercher
QUI ? a eu l'audace de fouiner dans MA poubelle-tri sélectif ? (redevance PERSONNELLE
fort onéreuse.)
QUI ? à mon insu a signé l'illicite bon de commande ?
QUI ? a mesquinement profité de l'enveloppe T (ni perte de temps en farfouillage me restait
bien un timbre bon sang de bonsoir, ni léchouillage d'icelui) ?...
ET SURTOUT ! SURTOUT,
QUI ? a OSÉ cocher X parmi les propositions de la Maison du Corset, les cases ci-après:
X"Serre-taille pour personnes ayant un physique
très particulier".
X"Au -delà de taille 50, nombre de baleines doublé, surcoût 50€.
Des goujats !
Des pignoufs !
Des paltoquets !
Des envieux fouineurs de déchets bleus !
Des jaloux de ma belle apparence, car, Monsieur le Commissaire peut le constater, je suis
une dame harmonieusement... légèrement enrobée...
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Pour illustrer le texte savoureux de Marie, le jeune Andiamo, fidèle lecteur de Cabardouche, nous recommande l'écoute de cette charmante chanson interprétée par Yvette GIraud.
Mörgsögdböigs* naquit en kit.
Ses planches et ses boulons tout bien empaquetés, allée WXYZ .
Un bricoleur du dimanche, un samedi à la maison l'amena.
À la hâte le dépaqueta. Sans pudeur sous le lustre de l'entrée l'étala.
Le malmena, l'embrouilla la tête en bas, la droite à gauche et vice versa.
Le vissa de guingois, le maudit et, sans ménagements le dévissa.
D'un tournevis irrité le revissa, puis ouf, dans l'angle du salon l'installa.
Morceaudebois* suédois, de kit, en bureau s'émancipa !
Il rutilait, se trouvait beau ! Beau comme un roi.
Un roi statique à l'ambition de tire au flanc, rêvant d'un état stationnaire.
Mieux vaut, me direz-vous, un état stationnaire qu'un état qui s'altère.
Certes. Certes mon cher Albert.
Dans cette même demeure Raminagrobis, prince des chats, tolérait ses maîtres.
Dès tout petit, ce chaton avait prédit, de la maison qui m'abritera je serai le roi.
Roi libre de fureter, de fouiner, d'explorer, de partout m'étaler, me répandre, me vautrer.
Depuis des années il se délectait de cette totale liberté.
Aussi fut-il très agacé du remue-ménage provoqué
par la mise en place de cet étrange bois boulonné
qui ne lui avait même pas été présenté.
L' O'Cédar à moustaches s'empressa de tester le nouvel arrivant,
l'approcha en rampant pré-cau-tio-n-neu-se-ment.
Vibrisses alertées, il renifla l'intrus,
en conclut, il pue !
Vitement s'en éloigna. En observateur se hissa
au faîte de la corniche de l'armoire de tante Miche.
Ce qu'il vit le ravit.
Le plateau de Mörgsögdböigs offrait une piste dégagée,
sans vent arrière ni remous traversier.
Trop tentant ! Son échine féline en frémit.
Audacieux il s'élança bziii sur la plate-forme cirée.
Plaf ! il atterrit sur le tapis, le coccyx endolori. Mortifié.
Il s'entêta. Itéra et réitéra.
Bingbingbing! Il prit trois gadins d'affilée.
En voilà notre fier félin fort vexé.
Morceaudebois en sourdine éclatait de joie,
ahahah ! Vieux greffier, de nous deux qui est le roi ?
Patte pelue ne s'avoua pas vaincu(e).
Il jura que tout élément qui serait déposé sur ce bureau,
par lui en serait SYS-TE-MA-TI-QUE-MENT délogé illico.
Il tint parole aussitôt.
Au prix d'une preuse é-lon-ga-tion,
(gniiii... ce freluquet meubliau a une surprenante hauteur au garrot...)
patapon procèda à une méticuleuse liquidation.
Aucun millimètre ne lui échappa.
Quelle virtuosité !
↨↑↓ Slach-schlic-schloc !
→← Flac-calF !
↨∟↨ Zip-zap-zoup !
Quelle maîtrise ! Quelle dextérité !
Tout dégringola.
La pointe Bic eut beau helper-helper, la feuille de papier se quadriller,
Gripeminaud, en zig-zags organisés, d'un revers vengeur envoya tout valdinguer.
Jour après jour tout y passa,
du bouquet de roses Thé, aux factures entassées,
tout valsa.
Le coupe papier et la lampe articulée furent manu militari, virés.
Quel chantier !
La maisonnée alarmée est loin de soupçonner
ce minet si charmant qui dort en ronronnant.
Pas lui ! Pas ce petit chéri, gouzi gouzi...
On s'interroge, on suppute, on se querelle,
on dégaine de gros mots... paranormal, exorscisme, diableries ...
Mörgbûchedebois reste de bois.
C'est à ce moment là que très dis-tinc-te-ment le greffier rauqua
rhôâ-troll-troll-troool-troooll-rhôâ.
L'assemblée se figea, une oreille lui prêta, mordit à l'hameçon... Et si ce chat avait raison...
Si un être malveillant, laid sans doute, de surcroît, hantait ce mobilier...
Si ce Mörçödeböis était ensorcelé ...
S'il était contagieux ?
S'il était dangereux ?
Léthifère ? Délétère ?
Misère !
Mörçödeböis, sans autre forme de procès, fut bouté hors de la maison,
jeté dans un brasier ardent. Il s'y contorsionna... s'y consuma, s'y cendrifia.
Soulagée la famille applaudit.
RWÂÂÔÔ ! rugit en son for intérieur Mistigris.
Miaouuu... roucoula le minet si joli
contre le sein de sa maîtresse blotti, gouzigouzi !