- Tornade et Tonnerre sont bien compliqués à repérer.
- Pourquoi donc, dis ?
- Des turbulents- trépidants ! À tout berzingue ils passent du vélo au rallye auto, du tennis au parachute...
- Ils font aussi du saut en caloustique ?
- Rien ne les arrête ! Dis donc ptiot pitchin, à propos de caloustique : t'avise pas, comme tu l'as fait hier, de m'refiler une papillote en boule de gomme caloustiqueuse, j' t'ai à l'œil !
* Ach ! que la vie est compliquée : qu'un chat sourie, c'est admis, mais allez donc affirmer qu'une souris chat(e)... vous n'échapperez pas auregard bizarre que l'on vous jettera !
" Vous avez reçu une invitation à un vernissage avec un ami.
Ravie ou outrée, vous partagez vos impressions devant les premières œuvres exposées... et mieux si vous insérez deux expressions contenant le nom d'un animal !"
- Tss Tss ! que diable Berthe - Apolline, nous ne sommes point en alpââges.
- Certes, Charles-Hubert... Il n'empêche que face à ce tableau, je suis OUTRÉE.
- Berthapo', vous parlez bien de l'œuvre de ce peintre, Mathurin, votre fils et unique héritier ?
- Évidemment, très cher. Ach ! Quel zèbre, cet oiseau - là, fulmine Bethe-Apolline.
- C'est de l'Art ma chère, je ne comprends pas ce qui vous offense.
- Les QUATRE CLÉMENTINES ! Charlub'.
- ???? (interrogation de style courant, du genre gent prolétaire)
- Ces quatre agrumes que je lui filai il y a trois semaines environ...
- ¿¿¿¿ (interrogation culbutée d'Aristo déchu, complètement déboussolé qui n'ose contredire sa belle amie Berthapo'. Note de la traductrice.)
- Ces quatre clémentines... sans feuilles... des "culs verts", d'une extrême rareté sur nos étals.
- Mathurin les a sublimées en les faisant œuvres d'art ma chère, vous devriez en être fière.
- Mais... Charlub', cet enfant devait en faire son quatre heures, c'est bon pour sa croissance, c'est plein de vitamines ces trucs là...
- Voyons Berthe-Apolline, Mathurin galope vers ses quarante trois ans...
- ... Et ces inventions du Père Clément sont très dispendieuses, surtout si elles sont enfeuillées !
- Très chère amie, il est blasphématoire d'associer la monnaie à ce tableau qui dégage un tel message métaphysique...
- "Message métaphysique" ! MON LUC !
- Berthapo', analysons posément l'intention de l'Artiste : il a voulu s'abaisser un court instant au niveau du peuple, de ce commun des mortels, auquel on enjoint de consommer des fruits.
- Des fruits peut-être mais là, ce sont MES clémentines, celles de la MÈRE NOURRICIÈRE.
Sans se laisser déstabiliser par les jérémiades de la Mater dolorosa, le distingué Charlub' poursuivit son raisonnement.
- ... Le Maître, visionnaire, va au -delà de la notion du bassement alimentaire... Sans zizanie, amie chère lisez-y la soif d'un appel vers l'âme, vers l'esprit pur, à travers ces bras qu'il s'éloignent volontairement de la trivialité matérielle des corps. Captez le détachement séraphique qui floute la vulgarité du prosaïque, qui le rejette...
- Bouhh... : ce qu'il REJETTE c'est LA MÈRE... SA mère, MOI...
- ... Il y a du transcendantal dans ces vertigineux talons, de la métaphysique néoplatonicienne dans ces jambes interminables, si lonnngues... On frôle la sublimité métempirique, on quitte la glèbe, on se projette jusqu'à l'impalpable, jusqu'au bleuté de l'Ether...
- Bouh ouh il n'y avait nul éther dans MES quatre clémentines FEUILLES-CORSES- CULS VERTS, elles avaient la douceur du BIO (? ndlt) et aussi l'âpreté du hors de priiiix...
- Suffit Berthe-Apolline ! Pleurnicher une perte d'euros face à ce chef d'œuvre est tout bonnement kk. Brisons là, chère amie.
- Bouhhh, l'ingrat... en arrachant sacrilègement les précieuses feuilles de mes clémentines, Mathurin a ARRACHÉ LE CŒUR DE SA PROPRE MÈRE... Bouh... le message est clair... À moi, ô tragédie grecque. À moi, ô RACINE Jean. À moi les clémentiniers culs verts...
- À moi d'amadouer cette cinglée amie si chère, soupire Charlub', le nœud pap' de traviole.
- Chère, appuyez-vous z' à mon bras. Oublions Racine, Euripide et Sophocle, chaussons nos binocles et, sur l'onde fluide de l'Art - qui lui seul sait idéaliser le réel - glissons avec respect jusqu'à l'allégorie à la chaise d'airain...
Silencieux, ils glissèrent.
- Oh PUNAISE ! Pfffoufoufou ! Ahahahahah ! sanglota de rire gente Berthe-Apolline.
- ¿¿¿¿¿¿ questionna trebuH - selrahC.
- Meuhhh ! Hannn, j'en peux plus Mouahah ! kssi ksssi ksssi ! hannnn! J'en - ai - mal - au - bide, hoqueta Bertap'.
- Mais ¿¿¿ ??????? ¿¿¿ ???? (pour les distraits : voir la traduction ci - haut. Je sais, c'est pénible à suivre mais votre persévérance sera récompensée : ndlt.)
- Mouââh ! Ce NU !... Cette GRANDE SAUTERELLE DÉFEUILLÉE, croquée par MON Mathurin, c'est... ouahawaw ! C'EST SA COPIIINE ! Je la reconnais à la CHAISE efflanquée qu'elle trimballe partout... Elle voit en elle son caniche nain... Wouhahaha ... elle l'appelle Kiki fil de fer... ksssiksssiksssi !
- ?¿(ponctuation sobre, efficace, qui traduit bien le désarroi du pauvre Charlub'. Ndlt.)
- MOUÂHÂH ! JE LE SAVAIS ! Ksssi ksssi ksssi ! ... JE L'AVAIS DEVINÉ : ses seins... han ! j'en peux pluus ! Ses SEINS sont AFFLIGÉS d'un HORRIBLE STRABISME DIVERGENT, MOUÂHÂHÂH !
Si Charlub' avait été moins snob et moins stylé, il se serait permis de tomber dans les pommes. (Ça nous aurait changé des clémentines. Ndlt.)
François et Marie viennent d'être informés sans ménagement par OVERBLOG (dont une NOUVELLE VERSION est parue hier lundi) que leurs ordinateurs sont VIEUUUX ...
L' ADMINISTRATION des Cabardouche s'en trouve toute CHAMBOULÉE.
François et Marie vont FAIRE DILIGENCE et REMÉDIER à ce FÂCHEUX CONTRETEMPS qui les EMPÊCHE, momentanément de RÉPONDRE à vos SYMPATHIQUES COMMENTAIRES.
" Inspirez-vous de cette photo (prise par Martine : Île de Noirmoutier, devant le passage du Gois à marée haute)pour écrire un texte en vers ou en prose."
Gnnniii ! Les freins crissent. La bicyclette pile net.
Éjectée à califourchon, tétanisée jusqu'au bout de ses arpions, Georgette sent que se démantèlent les bielles de sa cervelle.
- Bin ça alors !... s'hébète Georgette.
- Ah bin ça alors... se répète Georgette.
- Ah bin ça alors de ça alors... J' suis pas devenue benête, essaie de se convaincre Georgette.
Incapable de penser elle se fige, pétrifiée.
Longtemps.
Jusqu'au moment où le chlorure de polyvinyl de sa capette anti gros temps - ramolli par le soleil brûlant - se mette à lui chauffer le ciboulot et la tire de son apathie.
- Ma Georgette, ce n'est pas parce que tu as oublié tes lunettes que tu n'es plus capable de voir la vérité en face : ON A VOLÉ TA ROUTE ! Tu découvres de bien curieuses mœurs en ces terres vendéennes... Dans ta Franche-Comté, on vole de tout, pourtant personne n'a jamais eu le toupet de dérober le moindre sentier. Ne traînasse pas, déjà que tu stationnes illégalement, remonte vite sur ton biclou et surtout, n'aggrave pas ton cas, ne fais pas de folie en dépassant le cinquante !
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Georgette, nez dans le guidon, se mit à tourner en rond autour du gros point rond. Elle fit un tour, puis un deuxième et encore un troisième.
- Je vais me réveiller... Ça n'est qu'un mauvais rêve... se rassurait-elle. Le voleur de route a bien de la veine d'être tombé sur une bonne fille comme moi, je lui accorde un sursis : je fais sept tours de piste, pas un de plus, afin de lui laisser le temps de restituer la chaussée bien asséchée. Hier, je jure qu'elle était là, j'y ai roulé tranquille, avec, dans mon panier, du sel en fleur fine de Noirmoutier. Ce matin je me suis traitée de tête de linotte : pour accompagner mon sel, j'avais tout bonnement oublié de rapporter des petites pommes de terre bonnottes, si tendres en papillote. J'ai bondi sur mon Pégase et... vous connaissez la suite... La route a bel et bien disparu et n'est pas reparue, même après mes sept tours de manège...
Georgette un peu déboussolée, rebroussa chemin, après avoir vérifié que son itinéraire de retour n'avait pas été escamoté.
Rentrée dans son gîte de location, Georgette un tantinet tracassée, se rua sur la bouteille de Trouspinette - apéritif vendéen à base de pousses d'épines noires - dont elle avait descendu deux verres avant de partir, histoire de se donner du mollet.
Elle chaussa ses lunettes, prit une loupe et passa un long temps à analyser la composition de ce vin d'épines. Elle n'y trouva apparemment aucun élément hallucinogène rédhibitoire. Pour vérifier, elle en goûta un fond de verre, avec suspicion. D'un demi verre elle y re-goûta, avec application. Elle en reprit une grosse lichette avec délectation puis, toute guillerette, se fit cuire des coquillettes.
Lorsqu'à huit heures un quart Malcomm Ode ouvritl'œil, il n'en crut pas sesyeux : il venait de rater son autocar, celui de sept heures moins le quart.
Roulant des yeux furibards il sauta dans son falzar.
- J'en ai ras la casquette de ce cossard de réveil qui hoquète au lieu d'activer ses clochettes. Dès ton réveil Bertille-Adèle, bazarde-le à la poubelle.
- Pfmiumm, disserta la belle en se pelotonnant voluptueusement sous la couette en plumettes.
Un petit sanglot la tira de sa recherche d'un secondo dodo.
- Qui pleure ici ? s'enquit Bertille-Adèle. C'est toi, petit réveil ?
- Snif-foui. S'il te plait gentille Bertille, appelle-moi par mon prénom : Tictacomtois. Je ne veux plus être considéré seulement comme un RÉVEIL, celui qui déchire la bulle des rêves et tire en sursaut du sommeil. On ne voit de moi que mon côté face, celui où se trémoussent, guillerettes - pour mieux nous leurrer - les implacables aiguilles, complices du temps qui passe. As-tu, ne serait-ce qu'une seule fois par simple curiosité, jeté un coup d'œil sur mon côté pile ?
- Euh... non, j'avoue. Retourne-toi pour voir. Ouh là... Tictacomtois, tes yeux sont très mélancoliques... aurais-tu des soucis ?
- Depuis hier je n'ai plus le cœur à drelin-dreliner, on a enfermé derrière des barreaux de fer mon ami Roro, le gentil robot d'acier aux grandsyeuxde bulles.
On l'accuse bien à tort, lui qui vit de l'air du temps, d'avoir dévoré Pimpin, le lapin des Mytho, ses voisins. Depuis ce triste épisode, je me sens bien seul, je n'ai plus que mes yeuxpour pleurer.
- Un robot sans bouche dévoreur de lapin ? Mon œil ! La supercherie saute aux yeux. Comment faire pour t'aider ?
- Va trouver Z'yeux de mouche, la caméra noire de la rue des Mouchards, elle capte tout et n'a pas froid aux yeux.
Bertille mit sa mantille - une dame de bonne condition, bien qu'en chemise de nuit, se doit de ne point sortir en cheveux - et courut interroger l'espionne aux yeux noirs.
Celle-ci lui délivra un renseignement primordial - qu'elle lui fit payer les yeuxde latête - il y a deux jours, en pleine canicule, la femme Mytho se baladait incongrument emmitouflée d'un col de lapin.
Bertille-Adèle vit rouge. Elle courut alerter les pandores galonnés et culottés de bleu. Rendus chez les Mytho, ils tirèrent de sa sieste le pot au feu - qui n'avait pas trop les yeux en face des trous -
il reconnut fièrement avoir mijoté un civet dont il était encore, slurp, tout enivré.
On libéra Roro que Bertille adopta.
On condamna les Mytho à épousseter, journellement - et... avec délicatesse, je vous prie - la carapace de Roro le petit robot. Leurs balayettes, en plumes de paon bleu, n'étaient pas anodines : les ocelles de leurs grands yeux étant des indics à la botte de l'impitoyable Z'yeux de mouche. On pouvait compter sur elle pour garder à l'œilles mythomanes Mytho.
Tictacomtois se reprit à tictacer en toute sérénité, prenant soin de retarder chaque jour d'un quart d'heure, afin que le temps file moins vite pour sa bienfaitrice, sa bonne fée, Bertille- Adèle.
Malcomm Ode pardonna à Tictacomtois son omission de carillon.
Il lui jura que, plus jamais, il ne le traiterait ni de cossard, ni de réveil.
Il lui offrit une rééducation de sonnerie auprès des bronzes cristallins d'un bienveillant clocher comtois, très coquet sous son croquignolet croquet jaune - caca d'oie.