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défi n° 301

Publié le par François & Marie

 

Bonjour à toutes et à tous,  les Cabardouche prennent la barre de la quinzaine en proposant un sujet "à la manière de". Bonne inspiration ! 

Dans son livre intitulé Je me souviens, l’écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.
[…]
Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie.
Je me souviens des postes à galène.
Je me souviens quand on revenait des vacances, le 1er septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans école.
[…]
Georges Perec, Je me souviens, collection P.O.L., © Hachette, 1978.

À la manière de G. Perec, faites l’inventaire de vos souvenirs d’enfance, tels qu’ils surgissent.
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Je me souviens que je suis née l'année où les femmes ont accédé au droit de vote.
Je me souviens que l'eau n'était pas encore installée dans la ferme.
Je me souviens que le premier mai les conscrits déposaient des branches de charmille devant la porte des charmantes filles.
Je me souviens être bercée par maman alors que papa chantait le "Rêve bleu" pour m'endormir.
Je me souviens des réclames à la radio et des actualités au cinéma.
Je me souviens des tartes du dimanche.
Je me souviens qu'à Paris on parlait de blousons noirs.
Je me souviens du rythme du houla hoop.
Je me souviens du petit coquelicot de Mouloudji, du Bambino de Dalida et du gorille de Brassens.
Je me souviens de la TSF, sa Famille Duraton et Sur le banc avec Raymond Souplex et Jeanne Sourza.
Je me souviens des lampes à pétrole dans chaque pièce de la maison.
Je me souviens qu'une abeille qui pique, meurt.
Je me souviens des timbales de lait mousseux bues directement à l'étable.
Je me souviens du col Claudine, des robes en vichy et des ballerines.
Je me souviens qu'il fallait s'équiper de "micas" avant d'enfourcher la moto Terrot conduite par papa.
Je me souviens que le Certificat d'études m'a enrichie de cinq francs déposés sur un carnet d'épargne.
Je me souviens de succulentes b
ûches de Noël décorées par maman et d'une mémorable bûche par-dessus le guidon du VéloSoleX, que mes genoux n'ont pas trouvée succulente.
Je me souviens des piqûres de taons, des ampoules aux mains pendant la saison des foins et de mes chevilles de treize ans agressées par les éteules des moissons.
Je me souviens avoir appris qu'un ciel pommelé est très souvent de courte durée.
Je me souviens du pensionnat laïc, de l'uniforme et béret bleu marine et des gants blancs.
Je me souviens de l'odeur du pain pétri dans la maie tous les quinze jours, à l'aube, et cuit dans "la chambre à four".
Je me souviens de Pat'Apouf détective.
Je me souviens avoir pédalé douze kilomètres aller-retour chaque jour par tous les temps pour aller au collège.
Je me souviens du déhanché Twist-Madison.
Je me souviens des glissades vertigineuses en sabots sur la mare gelée.
Je me souviens des cueillettes du muguet en famille, à trois sur le vélo de course de papa.
Je me souviens d'un cartable en peau de boa qui m'a accompagnée pendant quinze ans.

Je me souviens des goûters aux tartines de saindoux sur l'épais pain de ménage.
Je me souviens avoir appris à reconnaître le chant de l'oiseau messager de la pluie (fiable depuis mes dix ans.)

Pendant que je m'en souviens encore:  j'en suis à mon dixième Président de la République !

 

Publié dans Défis

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Défi n° 300 proposé par Lilousoleil pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Voici ce que Lilousoleil nous propose : 

Janvier n’est pas encore terminé et nous avons encore jusqu’à la fin d’année pour présenter nos vœux de bonne et heureuse année 2025.
Je vous propose donc, de vous mettre dans la peau du Loup ou de la Grand-Mère du petit Chaperon Rouge, d’écrire un petit texte sur le thème ci-dessous.

« Le loup présente ses vœux à la grand-mère du chaperon rouge »

......................................................................................................................................................
Dès potron-minet, la maisonnette de Mère Grand a été réveillée par un joyeux tourbillon vermillon.
Chaperon rouge a tiré la chevillette et la bobinette chut.
- Coucou Mère-Grand ! C'est ton petit chaperon rouge ! J'ai un message à te transmettre de la part du loup, exulta la fillette en sautant sur le lit pour embrasser sa grand-mère.
- Le... le loup... murmura la vieille dame estomaquée. Dans un réflexe de défense, elle se cacha sous l'édredon. Que me veut ce carnassier ?
- Te présenter ses vœux, c'est une bonne nouvelle ! Nous serons là avant l'Angélus de midi. Je file !
Tremblante, Mère Grand cogita en sirotant une ou deux gnôles qui tuent les vers et estourbissent les idées noires.
Que lui veut cet hurluberlu ? La voler ? La dévorer ? Que dire pour être en phase avec ce sanguinaire ? Elle s'en émut et glissa dans son lit une grosse louche en olivier et un paquet de farine.
À l'heure dite le duo se présenta.
- C'est nous Mère Grand, annonça Chaperon Rouge

- Bavette d'aloyau - bienvenue ! Escalopez entrez donc !
- Madame Mère Grand, acceptez mes valérianes-scaroles vœux sincères.
- Marcassin merci le loup !
- Que vos artichauts articulations vous laissent en panais.
- Que la vie te sourie d'agneau et te régale de steacks saignants.
À ces mots le loup devint livide, fut pris de vertiges et s'affala sur l'édredon.
Mère grand, se croyant agressée, de sa farine aveugla le prédateur et l'assomma d' un grand coup de louche sur l'occiput.
Elle ignorait que le loup avait viré végétarien et tournait de l'œil à toute évocation carnée.

Ouh... la boulette ! (choux de Bruxelles et myrtilles vertes, off course, évidemment, bien sûr)


 

Publié dans Défis

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Défi n° 299 proposé par Marie Chevalier pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Marie Chevalier nous dit :

Il y a vingt ans, vous avez connu un(e) ami(e) et vous vous êtes tout de

suite entendus. Vous êtes toujours en accord quand vous parlez des grands

problèmes de société. Il (ou elle) sait tout de vous et réciproquement ;  tous

vos petits secrets  mais nous ne vous êtes jamais rencontrés « en vrai ».

Comment ressentez-vous ou ressentiriez vous cette situation ?

Dites-le nous!

Une réflexion sur une situation donnée et il faudrait que ces cinq mots y

figurent : plaisir, joie, tendresse, film et gentillesse.
...................................................................................................................


Il y a vingt ans elle entamait une retraite bien méritée.
Elle venait de consacrer quarante ans à enseigner des classes de plus d'une trentaine d' adolescents.
Chaque jour, sauf le jeudi, dès huit heures, elle suractivait son propre tonus pour insuffler de l'énergie à sa petite troupe mal réveillée.
Cette mission qu'elle a affectionnée, et jamais reniée, prenait fin avec ce sentiment ambigu de hâte nostalgique.
Elle allait enfin reposer sa voix et vivre à son rythme.


Et vous, certes avec gentillesse, vous lui proposez de faire amie-amie avec une nouvelle personne qu'elle ne verrait pas ?
À l'époque le contact virtuel ne passait que par le téléphone (fixe, le plus souvent), par l'écriture ou les petites annonces du chasseur français !
Ne vous faites pas un film, il y a vingt ans le pianotage sur clavier n'était pas encore à la mode dans les foyers.

Un conseil, épargnez-lui le téléphone.
Elle a expérimenté la puissance du regard et n'éprouve aucune joie ni aucun plaisir à parler sans vis à vis. Elle a échangé avec tellement de publics, a répondu à tant de regards fixés sur elle, a distillé avec tendresse, rigueur et vigilance leur manne à tous ses oisillons, que la communication semi isolée lui paraît fade et sans vie.

La voie épistolaire ? Vous plaisantez, à oublier illico ! 
Elle vient à peine de se détacher de ses crayons. Ses amis les crayons, ses complices qui ont préparé des centaines de cours et rougi des milliers de copies... Qu'ils reposent en paix.

Laissez-lui du temps.
Laissez-la se retrouver avec elle-même.

Laissez-la respirer.
Si vous insistez, elle est capable de vous abonner là où vous savez.

 

Publié dans Défis

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Défi n° 298 proposé par Martine pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Martine nous demande:
- créer au moins cinq mots valises
- les utiliser dans un texte court.
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Midimanche. J'ai très envictuailles.
Je filetdeboeuf chez mon bouchéri : fermésange... Quelle décontenansedepanier.
Adieu cervelastique, boudindon, pouletagère, rôtissage, cervélléité et autres escarpolettes...
Ne perdons pas le morâble, mon pâtisserand est tout prochéchevin, ça tombrelle bien !
Pas foultitude dans cette ruminante, seulevrette un chiendent beigelé me suitauprochainuméro.
Ne pouvant marchandîner, nous marchondulons avec espoirauxépices vers la vitrindenuit rosbonbec.
Chienperon arrivetàsixpans devant moi.
Il se met à fulminaboyer, hors de soiedechienne.
J'accourette, me précipice.

Cachastrophe... Chaboulement boulversifiant ...
Les babaroques sont épatés comme des nez camaraucanard.
Les meringardes, tocardiséés et écrabouillonnées.
Les volauventouses scotchés à la vitrinité, amen.
Les crèmanchocolat dégringoulinent sur les chocolatrines...
Des pots de confituretères, rangées par rangs de cystites, sont chambourdelées ; après avoir pris vessiepourlanterne, elles en pissotent de rage.
Au centre de cette bordéliose, un énorme chaminhérissonné, poissifié de nougratine, dort.
Chienperon impuissant s'est tu.
Je m'affalballe sur un banqueroute et rêve d'un bon cafsucre ou juste un jussette...
Chienperon s'active à déterriner de l'osséinerte dont il me fait dindon !
Quel chou, quel bijou ! J'en suis toute hiboujoujougenoucaillouetpoustoufflée.

 

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Défi n° 297 chez les croqueurs de môts… !!! ZAZA-RAMBETTE LE RETOUR

Publié le par François & Marie

Zaza nous dit : "Je vous propose de façon amusante, de nous décrire une paréoidolie de votre choix… Cherchez bien, dans la nature il en existe plein. "

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les Binettes

Depuis longtemps Marie capture des images qui lui évoquent des personnages, elle a un don pour ça ... 
Mais avant de rencontrer le mot savant de "paréidolie" elle les appelait "binettes".
Voici donc quelques "binettes" recueillies par Marie .

Pfuuu , le changement d'heure m'a complétement épuisé.

Au secours , je ne veux pas d'indéfrisable !

Ce grand vent m'a tourneboulé, j'ai maintenant la tronche en biais.

Eh éh mon gaillarrrd prrenez garrde , je vous ai à l'oeil !

Petit singe  vert

- Eh ben m'ame Michu vous avez pas l'air d'avoir chaud !

- Taisez vous donc, hier j'étais en "petit bras" dans le jardin et aujourd'hui je dois mettre un cache-nez, y a plus de saison !

- Ah ben ça, c'est à cause du trou dans la couche de la zone, ça chauffe en banlieue, qu'y disent au poste, mais en attendant on gèle à la campagne.

- J'ai pourtant un thermomètre sur moi qui dit 19 mais y doit être détraqué c't' affûtiau, tout comme le temps j'crois ben.

- Et vous allez voir qu'à Noël on n'aura même pas de neige ...

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Maison de caractère

Publié le par François & Marie

Défi n° 296 piloté par Josette qui nous demande :

Vous êtes une agence immobilière un peu spéciale proposant des habitations hors normes. Vous devrez rédiger une annonce pour attirer des clients Vous choisissez une ville, une région ou un pays …

Mots imposés : Agenda Arc en ciel Bilan Carbone Bottes Calendrier Cheminée Gouffre Inondation Résistance Usine

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- Madame de la Huchtu-Huch ? Soyez la bienvenue, je suis Olive du Moulin, Agence Logijoli, nous avons rendez-vous pour la visite du bien qui a retenu votre attention.

-Ah oui c'est vous la personne que j'ai eue au téléphone ? Dites moi si je me trompe mais il m 'a été demandé d'apporter des bottes pour la visite et je n'ai pas compris s'il s'agissait de santiag ou de bottes plus raffinées avec des talons, dans le doute j'ai pris avec moi plusieurs paires dont celles avec un arc en ciel ravissant sur la bride..

- Je vous félicite pour votre prévoyance mais les inondations récentes nous commandent plutôt des bon gros caoutchoucs d'usine à la résistance éprouvée.

- Allons bon, je n'avais pas marqué ce détail dans mon agenda .

- Ce n'est pas grave, ce n'est pas comme si nous devions descendre dans un gouffre ! Le bien se situe au fond d'une charmante prairie, éloignée des inconvénients d'un voisinage envahissant, mais cependant accessible aux commerces de proximité. C'est une bâtisse d'époque, le style est typique « Années folles » tout en respectant un classicisme médiéval. On retrouve des inspirations picardes dans l'ossature et bourguignonnes dans le poutrage. Tous les éléments sont d'époque bien entendu. C'est un bien unique !

- Y a t'il eu des aménagements modernes ?

- Les Monuments de France et la fondation Stéphane de Berne n'ont pas donné leur aval pour transformer la bâtisse. Elle doit conserver son apparence historique.

- Qui ça? Stéphane de Berne ?

- Mais non voyons, la bâtisse, qui est en passe d'ailleurs, d'être classée au patrimoine de … euh...de la région.

- Ah oui … Et dites moi y a t'il des cheminées d'époque ?

- Alors, dans un souci d'observer un bilan carbone raisonné inscrit dans un calendrier respectueux de lutte contre le dérèglement climatique, le système de climatisation est resté dans l'état ou il a été conçu.

- ?

- C'est une plus value !

- Et dites moi , le système sanitaire est il en état ?

- Aaah ! Mais complètement Chère madame de la Huchtu Huch, On pourrait même dire que l'ensemble du bâtiment dans sa conception, a été pensé autour de l'idée du confort sanitaire, ce qui est assez exceptionnel pour l'époque. On a rarement fait mieux jusqu'à aujourd'hui. Et croyez moi, pour 250 000 euros , vous ne trouverez pas l'équivalent dans toute la région !

- J'ai hâte d'y arriver !

- Mais justement : nous y voilà ! Laissez moi moi vous présenter votre futur chez-vous !

 

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Défi n°295 piloté par la capitaine Domi.

Publié le par François & Marie

" J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle... "

Pour corser la chose, vous introduirez dans votre texte les mots suivants ...

Manivelle, ablation, poivre, anniversaire, boutons, vert, avion, flacon, explosion, mariage

La manivelle

 

- Bien le bonjour, voisine ! Alors ? L'automne est là , ça nous donne bien de l'ouvrage …

- Moui … enfin, surtout pour celles qui savent tenir un balai, je te ferai dire.

- Ah Capucine, toujours le mot pour rire.

 

Marie-Ange et Capucine sont voisines, elle ne manquent jamais une occasion pour papoter ou cancaner sur les derniers potins du bourg.

 

- Et à part me déranger, qu'est ce que tu racontes ?

- Eh bien figure toi que j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle...

- Ah ah … Vas-y voir pour la mauvaise nouvelle ?

- Ben tu sais l'Henri, le cousin du Manu, qu'est marié avec c'te vourie de Jeanne.

- La belle-sœur de Toine ?

- Voui, celui qui sait pas tenir une place à cause de la bouteille. Et ben l'Henri, y s'est pris un coup de manivelle dans les particules et il paraîtrait qu'il risquerait une ablation .

- Ah ben dis donc, c'est de famille, parce que le Claude Niflet, son grand-père du côté de sa mère...

- Les Niflet du Val-Dessous ? Qu'avaient fêté leur anniversaire de mariage chez l'Jeannot, même qu'il avait dû fermer quinze jours pour tout nettoyer ?

- Oui, et ben le Claude avait perdu l'usage de ses tubercules après une violente explosion à l'usine . On avait dû l'ablater sur place et sans anesthésie hein, encore heureux que le père Grondin avait toujours son flacon de gnôle au poivre sur lui.

- Le père Grondin du Val Dessus ?

- Celui qui peignait des petits avions verts sur le mur de la mairie, oui, la gnôle devait pas mal l'inspirer faut dire. Eh ben avec sa liqueur à 72 °, le Claude n'a pas senti grand chose, c'est a peine s'il se souvenait de l'explosion. Mais tu disais que l'Henri ... ?

- Un bon coup de manivelle, il essayait de démarrer l'auto et paf !

- Ah ben ça... il faudrait bien qu'un jour on n'ait plus qu'à appuyer sur des boutons pour mettre en route ces fichus engins...Et alors, la bonne nouvelle ?

- Ben, maintenant il a attrapé une voix tout aiguë et ça tombe bien parce qu'on manquait de monde à la chorale du dimanche.

Publié dans Défis

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Défi n° 294 proposé par Jeanne Fadosi pour les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

"Illustrer à votre manière un monde où le temps serait aboli".

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C'est le début de l'éternité.
Le Maître du Monde propose un casting; il lui faut deux candidats pour  deux CDI éternels : "Maître du temps qu'il fait" et
"Maître du temps qui passe".
Des milliards de postulants se bousculent au portillon; quoi de plus alléchant que ce genre de sélection ?
Renversant ! En quelques secondes le choix est fait... N'oublions pas que le Maître du Monde est aux manettes.
Il demande aux heureux élus de se présenter brièvement. Le temps presse.
- Je suis Mais-Théo. Depuis tout petit, j'aspire à faire la pluie et le beau temps. Autour de moi on s'est toujours moqué : mais Théo, tu n'as pas les pieds sur terre... Mais -Théo, c'est impossible ! Mais -Théo tu as attrapé la grosse tête... Tous ces incrédules et leurs "mais -Théo" ont conforté ma certitude, je serai Maître de la météo !

- Moi, c'est Tic Tac. J'ai toujours été hypnotisé par le rythme régulier des horloges. Le temps qui passe me fascine.
Il n'en fallait pas plus pour que le Maître du Monde les adoube l'un l'autre et rejette aux oubliettes les  milliards d'individus non élus.
Depuis, sans répit, inlassablement,
ces deux là sont aux manettes de l'univers pour l'éternité.
Rien ni personne n'a jamais réussi à les désamorcer. Ils n'ont ni le temps de se parler, ni de se regarder.
Ils sont assis sur des liasses de billets qu'ils n'ont nullement le loisir de dépenser, alors que les candidats malchanceux,  plus pauvres qu'eux, savent ce que signifie cueillir le vent dans les chênes et écouter pousser les champignons (ils ont même le loisir d'inverser les actions !)
Pourtant, un jour pas comme les autres Tic Tac pousse un long soupir.
Aussitôt le temps hoquète. Une maille du tricot éternel vient de se perdre; impossible de la rattraper.
Mais -Théo s'inquiète.
- Oh l
à Tic Tac ! Tu es aussi pâle qu'un cadran d'horloge comtoise, aurais-tu un souci ? 
- J'asphyxie... Je suffoque... J'en ai plein les rouages de mon commerce du temps à perpétuité. J'arrête tout. J'envoie balader la chronologie du matin, midi et soir, je me moque de chambouler les rythmes circadiens de nos horloges biologiques. Je ne vérifie plus du tout que les heures ont toujours soixante minutes; désolé pour notre Simone SNCF qui va en être traumatisée, elle qui se coltine déjà les multiples erreurs de quais. Dorénavant, je ne vérifierai plus jamais que les anniversaires des messieurs défilent régulièrement et qu'en revanche, par galanterie, l'âge des dames rétrécisse de quatre ans tous les ans  (ce qui m'obligeait à de diaboliques calculs). Vive la liberté du temps perdu !
- Formidable idée, s'écrie Mais-Théo, tout comme toi je vais me simplifier la vie : au lieu de saupoudrer par ci par là un peu de soleil, de pluie, de gel et de vent, je vais tout unifier par ordre chronologique. Lundi, gel sur toute la planète; le mardi neige pour tout le monde, le mercredi pluie sur tous les continents. Le jeudi, soleil partout. Des vents froids ou tièdes ou brûlants le vendredi. Nuageux avec des précipitations de grêle glacée les samedis et dimanches (histoire d'enquiquiner les nantis, organisateurs de raouts sur leurs yachts ou de garden party dans leurs garden aux pâquerettes alignées au cordeau). Ces mêmes jours, soleil et belles éclaircies sur les non-nantis qui pourront piqueniquer dans les fourmis avant d'aller à la kermesse pêcher des poissons rouges déteints et s'empoisser de barbe à papa.
Pendant que les deux esclaves désentravés vivent leur liberté retrouvée, le Maître du Monde s'arrache les cheveux. Les grenouilles coassent de rage, les limaces muettes d'indignation allongent leurs cornes et frôlent l'exorbitation. Les marchands de bottes, de tongs, de fourrures synthétiques, de cagoules, de voitures décapotables agitent des calicots vengeurs sur toute la planète, accusant ceux qui les gouvernent d'être responsables de cette chienlit. Seuls les moustiques restent imperturbables et piquent à tout va, maudites bestioles.

Le Maître du Monde désormais chauve, se jure bien de ne plus jamais mettre deux oeufs dans le même panier.

- Heu... Théo ça va durer longtemps ce temps ? j'ai une course à faire moi  !

- Laisse le temps au temps Tic Tac, tu seras forcément dans les temps .

 

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Les muses à musées

Publié le par François & Marie

Défi n°293

proposé par Jill Bill pour les Croqueurs de Mots.

Inspiration d'après tableau détourné

«Jeune fille à la perle version 2024 »

 

 

Dans le quartier de Montparnasse, il n'est pas rare de croiser des artistes qui rêvent de célébrité, des galeristes de fortunes, des mécènes défraîchis et des amateurs d'art qui n'y connaissent que couic. On y croise également de jeunes modèles qui louent leur plastique à d'honorables peintres ou de besogneux sculpteurs.

Ingrid et Mona sont de celles-ci et aiment papoter à la Closerie des Lilas, une pause entre deux poses. (à noter qu'elles fréquentent plutôt le kebab local, chez Ozgür,  quand la Closerie est close. Précision importante, une assiette de kefta tomate-salade-oignon est bien moins dispendieuse qu'une tasse de Darjeeling à la Closerie) . C'est dans ce cadre que nous rencontrons nos deux muses à musées.

 

- Alors Mona, tu travailles toujours avec ton Léonardo ? Il devrait avoir fini depuis le temps .

- Ah la la, ne m'en parle pas, il coince sur mon sourire, qu'il dit … pas assez énigmatique, trop pincé à ce qu'il paraît,et nanani et nanana... moi je crois qu'il ne sait pas tenir un pinceau et pis c'est tout !

- Moi je crois surtout qu'il en pince pour toi et que c'est un prétexte pour te faire poser tous les jours. Il paye bien au moins ?

- Moui, il n'y a rien à dire, trois florins la séance, mais ça fait deux ans que ça dure quand même, c'est beaucoup pour un sourire. Et toi Ingrid ? Toujours avec Johannes ?

- Janosh ? Oui... Oh, celui là c'est un peu pareil, ça fait trois mois qu'il coince sur ma boucle d'oreille, il n'aime pas celle que j'ai en ce moment, trop classique.

- La perle là ? Elle est sympa pourtant.

- Monsieur voudrait autre chose , genre ananas en vermeille, ou plumes de pingouin. Déjà que je dois porter ce torchon sur la tête, parce que ça fait « femme du peuple », mais il n'en est pas question c'est la perle de ma mémé, et j'y tiens beaucoup.

- Tu lui as dit ?

- Tu parles, bien sûr, mais monsieur Johannes est un artiste ! Il en fait toute une élégie, pour se morfondre et me prier de céder à ses caprices .

- Une complainte élégiaque... comme c'est romantique, et tu n'as pas cédé ?

- Non, ce sera la perle ou rien ! Bon, cela dit il me paye aussi trois florins, c'est toujours ça de pris.

- Tu devrais lui faire ce regard implorant de chatte énamourée, ça les fait toujours craquer .

- Pas bête ça.. et toi Mona tu devrais lui tirer la langue à ton Léonardo, ça pourrait lui donner des idées.

- Pourquoi pas... d'autant plus qu'il cherche un logo pour un nouveau groupe de rock.

- Trop cool... On prend un selfie ?

-Allez !

 

 

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La carbure à Jojo

Publié le par François & Marie

Défi n°292 proposé par la capitaine Domi pour les Croqueurs de Mots.

" Créer un texte en utilisant des mots d'argot."

Jojo le Merlu n'avait pas la conscience tranquille.

Lui d'ordinaire si serein face à certaines déconvenues, souffrait ce matin des affres de la perplexité.

Sans doute avait-il connu la veille, quelque déboires avec ses acolytes dans une sempiternelle mésaventure. Ses affidés lui cherchaient-ils querelles ? Avait-il un poids sur le cœur à soulager ?
Afin d'apaiser celui-ci, et parce que ses origines siciliennes lointaines le lui commandaient, il décida d'aller à confesse dans le premier lieu de culte venu. La modeste église de Sainte Kevina l'Illuminée était sise à quelques pas de là.

 

- Soyez le bienvenu dans la maison du Seigneur, mon fils, comment puis-je vous aider sur le chemin de la foi ?

- Ben, l'abbé, j'voudrais me... me récurer, me déboutonner, vider mon sac quoi !

- Ah, si je comprends bien, vous souhaitez vous confesser...

- Oui, c'est ça, me bonir au ratichon !

- Je vois, suivez moi, nous allons ensemble prier pour le salut de votre âme.

- Oui enfin j'ai pas trop envie de faire le grand plongeon, juste me laver un coup quoi.

- Je comprends, répétez après moi : «  pardonnez moi mon père car j'ai péché »

- Oui , heu , faites excuse, daron, si vous pouviez écraser le coup, car j'ai un peu merdé .

- Hum... bien... heu, je vous écoute.

- Bon voilà, Le boudin à Fernand la Pince m'a joué un sale tour.

- Le boudin ?

- Ben oui, sa guenuche, sa carabosse, sa régulière quoi !

- Son épouse donc.

- Moui, sa momie, eh ben cette guenon s'est barrée avec toute mon artiche, ma fraîche, que j'avais honnêtement gagné aux brèmes.

- Aux … ?

- Au poker. On jouait tranquillement, y'avait que du beau linge : Fernand La Pince, Aziz le Tatoué, Gros Nin nin, et la danseuse du Fernand donc.
À un moment, j'avais une sacrée portée, des figures commac , avec un brelan pareil je pouvais pas passer au travers, Et croyez moi ou pas ! La danseuse du Fernand m'a monté dessus ! Avec un carré de religieuses qu'elle sortait de je sais pas d'où, la maquilleuse, la biseauteuse : j'étais complètement décavé. Alors j'ai demandé à Fernand de me refaire, qu'il me file un peu de caillasse que je lui rendrais au prochain coup, voyez ?

-  …

- Eh ben ce faisandier n'a rien voulu savoir, trop content que son boudin ait palpé toute ma carbure. Alors c'est là que j'ai commencé à en faire une terrine: j'ai sorti mon soufflant, un brûle parfums de 8 mm que j'ai dégoté aux puces de St Ouen et j'ai dézingué tout le monde, je leur ai fait passer le goût du pain ! Et croyez moi , y'avait des miettes partout.

- Tout le monde ?

- Ben non, justement ! Pas la morue à Fernand, qui s'est carapatée avec mon oseille ! Elle a profité de la panade générale, pour s'esbigner, se faire la malle, se tirer des flûtes quoi !

- Mais mon fils, c'est très grave ce que vous nous dites ...

-Ah bah grave oui, je veux mon neveu : d'autant plus que cette oseille vous était destinée pour la quête de dimanche, rapport au toit qu'est pas en état. .

- DE QUOI ? Elle est partie où cette morue ? Passez devant, je vous suis, une obole est une obole , et on ne va pas laisser une pécheresse s'enfuir avec !

- Bien dit, cureton, je prends mon brûle parfums au cas où.

Texte et dessin de François ! Signé Marie de Cabardouche.

Publié dans Défis

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