Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Défi n°302 proposé par notre Amirale Domi pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Notre capitaine Dim Dam Dom nous dit :

Laissez un message à quelqu'un sans citer son nom.

Que vous souhaitiez écrire un message fictif, adresser un mot à un proche, ou même exprimer vos pensées à une personnalité politique… tout est permis ! Laissez libre cours à votre imagination et à votre plume.

----------------------------------------------------------------------------------------------

Très cher loup vous,

                                    oserai-je vous l'avouer, dès mon âge enfantin vous me plûtes.
J'ai ouï dire que vous vécûtes en homme libre, en "abstrait", affirmaient vos circonvoisins.
Vous fûtes d'agréable commerce dans les salons que vous fréquentâtes; auprès de gens instruits et bien informés votre esprit s'enrichit, vous glanâtes des dires et des faits qui parfois, depuis la cour, s'insinuèrent jusques à vos pavillons. Onques vous ne fûtes indifférent au petit peuple des rues ; vous perfectionnâtes votre savoir en musant au mitan de charlatans harangueurs, de bateleurs et sorciers de tous poils.
                               À la campagne, on vous trouvât souventes fois dans la piquante bise ou sous des touffeurs accablantes, autour des tables de congrès paysans. 
Mêlé à ces assemblées de la rue, de la campagne ou des salons, vous eûtes l'éloquence parcimonieuse, pourtant vous sûtes observer et écouter cette faune éclectique avec un intérêt passionné.
                               Une fois votre esprit gavé, vous vous retirâtes dans la solitude de vos pénates pour mieux exploiter la précieuse manne de la diversité des êtres côtoyés. "Autant de têtes, autant d'avis", disiez-vous alors.
                               Vos longs isolements intriguèrent, firent jaser et s'interroger certains chattemiteux auxquels vous alléguâtes : "Je me sens mieux seul qu'avec des sots."
On vous jugea paresseux (pourtant aucun aï n'apparaît dans votre bestiaire), indifférent aux choses pratiques, rêveur et oublieux de vos devoirs ; votre union en fît les frais et vous négligeâtes votre fils. Vous gardâtes rancune tenace aux femmes et aux mariages...

                               À vos charges familiales, vous préférâtes les balades pédestres au travers des prés et des champs. Elles vous furent maintes fois source d'instruction et d'émerveillement. Je me complais à imaginer votre sourire amusé face aux gerbes de sauterelles et de frêles agrions bleus, par votre train de sénateur soulevées. Je vous eus bien vu déambuler en chemin creux, croquant une rustique pomme damelot de noir tachetée, et soudain vous figer, vous accroupir pour suivre au plus près le cortège funéraire d'une fourmi par ses pairs emportée jusques en Achéron. Par jeu, vous troublâtes l'avancée de cette colonne besogneuse en déposant le trognon de votre pomme à cidre sur leur trajet. Vous constatâtes que de ces industrieux insectes vous ne rompîtes point la respectable concentration, vous leur infligeâtes un hourvari supplémentaire. Vous n'en fûtes point fiérot et en tirâtes leçon.
                                Quoiqu'on eût dit de vous, pour moi vous restâtes l'homme affable... que je psalmodiai par cœur.
                                Votre fidèle récitante.
                                                                   Marie.

                                          



 






  

Partager cet article
Repost0

défi n° 301

Publié le par François & Marie

 

Bonjour à toutes et à tous,  les Cabardouche prennent la barre de la quinzaine en proposant un sujet "à la manière de". Bonne inspiration ! 

Dans son livre intitulé Je me souviens, l’écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.
[…]
Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie.
Je me souviens des postes à galène.
Je me souviens quand on revenait des vacances, le 1er septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans école.
[…]
Georges Perec, Je me souviens, collection P.O.L., © Hachette, 1978.

À la manière de G. Perec, faites l’inventaire de vos souvenirs d’enfance, tels qu’ils surgissent.
-----------------------------------------------------------------------------------------

Je me souviens que je suis née l'année où les femmes ont accédé au droit de vote.
Je me souviens que l'eau n'était pas encore installée dans la ferme.
Je me souviens que le premier mai les conscrits déposaient des branches de charmille devant la porte des charmantes filles.
Je me souviens être bercée par maman alors que papa chantait le "Rêve bleu" pour m'endormir.
Je me souviens des réclames à la radio et des actualités au cinéma.
Je me souviens des tartes du dimanche.
Je me souviens qu'à Paris on parlait de blousons noirs.
Je me souviens du rythme du houla hoop.
Je me souviens du petit coquelicot de Mouloudji, du Bambino de Dalida et du gorille de Brassens.
Je me souviens de la TSF, sa Famille Duraton et Sur le banc avec Raymond Souplex et Jeanne Sourza.
Je me souviens des lampes à pétrole dans chaque pièce de la maison.
Je me souviens qu'une abeille qui pique, meurt.
Je me souviens des timbales de lait mousseux bues directement à l'étable.
Je me souviens du col Claudine, des robes en vichy et des ballerines.
Je me souviens qu'il fallait s'équiper de "micas" avant d'enfourcher la moto Terrot conduite par papa.
Je me souviens que le Certificat d'études m'a enrichie de cinq francs déposés sur un carnet d'épargne.
Je me souviens de succulentes b
ûches de Noël décorées par maman et d'une mémorable bûche par-dessus le guidon du VéloSoleX, que mes genoux n'ont pas trouvée succulente.
Je me souviens des piqûres de taons, des ampoules aux mains pendant la saison des foins et de mes chevilles de treize ans agressées par les éteules des moissons.
Je me souviens avoir appris qu'un ciel pommelé est très souvent de courte durée.
Je me souviens du pensionnat laïc, de l'uniforme et béret bleu marine et des gants blancs.
Je me souviens de l'odeur du pain pétri dans la maie tous les quinze jours, à l'aube, et cuit dans "la chambre à four".
Je me souviens de Pat'Apouf détective.
Je me souviens avoir pédalé douze kilomètres aller-retour chaque jour par tous les temps pour aller au collège.
Je me souviens du déhanché Twist-Madison.
Je me souviens des glissades vertigineuses en sabots sur la mare gelée.
Je me souviens des cueillettes du muguet en famille, à trois sur le vélo de course de papa.
Je me souviens d'un cartable en peau de boa qui m'a accompagnée pendant quinze ans.

Je me souviens des goûters aux tartines de saindoux sur l'épais pain de ménage.
Je me souviens avoir appris à reconnaître le chant de l'oiseau messager de la pluie (fiable depuis mes dix ans.)

Pendant que je m'en souviens encore:  j'en suis à mon dixième Président de la République !

 

Publié dans Défis

Partager cet article
Repost0

defi 301

Publié le par François & Marie

Bonjour à toutes et à tous,  les Cabardouche prennent la barre de la quinzaine en proposant un sujet "à la manière de". Bonne inspiration ! 

Dans son livre intitulé Je me souviens, l’écrivain Georges Perec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire.
[…]

Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie.
Je me souviens des postes à galène.
Je me souviens quand on revenait des vacances, le 1er septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans école.
Je me souviens qu'au pied de la passerelle qui, en haut de la rue du Ranelagh, traversait le chemin de fer de ceinture et permettait d'aller au bois de Boulogne, il y avait une petite construction qui servait d'échoppe à un cordonnier et qui, après la guerre, fut couverte de croix gammées parce que le cordonnier avait été, paraît-il, collaborateur.
Je me souviens qu'un coureur de 400 mètres fut surpris en train de voler dans les vestiaires d'un stade (et que, pour éviter la prison, il fut obligé de s'engager en Indochine).
Je me souviens du jour où le Japon capitula.
Je me souviens des scoubidous.
Je me souviens que j'avais commencé une collection de boîtes d'allumettes et de paquets de cigarettes.
Je me souviens des « Dop, Dop, Dop, adoptez le shampoing Dop ».
Je me souviens de l'époque où la mode était aux chemises noires.
Je me souviens des autobus à plate-forme : quand on voulait descendre au prochain arrêt, il fallait appuyer sur une sonnette, mais ni trop près de l'arrêt précédent, ni trop près de l'arrêt en question.
Je me souviens que Voltaire est l'anagramme d’ Arouet L(e) J(eune) en écrivant V au lieu

[…]
Georges Perec, Je me souviens, collection P.O.L., © Hachette, 1978.

À la manière de G. Perec, faites l’inventaire de vos souvenirs d’enfance, tels qu’ils surgissent.

Partager cet article
Repost0