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Polar Polaire 7 & Défi n°242

Publié le par François & Marie

L'épisode 7 de notre Polar Polaire inclus le Défi n° 242 proposé par Jill Bill   ( ici) pour Les Croqueurs de Mots, qui nous suggère «L'invitation méphistophélique» avec un mot imposé : «Hexakosioihexekontahexaphobie »

Résumé : Il y a quéqu'in qui a frappé à la porte ...

Il était une fois une Maryline
secrétaire compétente et dynamique.
Il était la même fois un Antoine-Lucien,
compétant et dynamique, patron de ladite Maryline.
Tout se passait au mieux.
Jusqu'au jour où un démon entra dans la peau du patron.
Il se mit à harceler sa secrétaire.
Le Antoine-Lucien vira mocheté.
Maryline ne put virer moche puisque, sans le faire exprès,
elle était née jolie.
Pourtant le rose de ses joues se grisa, son sourire se pinça, la brillante étincelle de ses yeux s'enlarma.
Sur l'épaule de Marie son amie, elle vint s'épancher.
Marie vit rouge, enfila son ciré noir et ses bottes roses.
« On va lui régler son compte à ce Antoine-Lucien. ›› décida-t-elle en prenant le chemin de la forêt et la main d'une Maryline éplorée sans bottes et sans ciré.
Dans le sous bois elles traquèrent l'entolome livide toxique, dénichèrent le clitocybe nébularis franc comtois ( pas du tout franc du collier), qu'elles mêleraient à une boîte d'inoffensifs champignons de Paris.
Elles s'en revinrent crottées, le brushing en parapluie et la goutte au nez.
Pour le Antoine- Lucien invité, elles concoctèrent un menu mycologique peu équilibré mais néanmoins goûtu.

                                                     
POTAGE FORESTIER
                                                OMELETTE FORESTIÈRE
                                            
CÔTE DE VEAU FORESTIÈRE
                                                               ____
                                              VRAIE TRUFFE PÂTISSIÈRE

(Il fut décidé que le "cocktail spécial" ne serait réservé qu'à la côte de veau - il fallait bien que les cuisinières se sustentassent. Par précaution elles prirent un antidote charbonné qui leur fit des sourires ténébreux de chauves-souris.)
C'était l'été de la St Martin, la table fut dressée dans le jardin.
Il s'était mis sur son trente et un le Antoine - Lucien.
On se régala de l'onctueux du potage. On complimenta l'omelette baveuse à souhait.
Lorsque la côte de veau arriva, l'appétit des dames déclina, alors que persistait joyeusement celui de Antoine-Lucien.
Il se régala.
Pourtant ses hôtesses s'aperçurent que, de temps à autre, discrètement, Antoine-Lucien catapultait dans le gazon quelques fourchetées de champignons.
Confus, se sentant découvert, il expliqua aux maîtresses de maison qu'il souffrait d'un mal étrange, la
hexakosioihexekontahexaphobie.
Face à leur airs interrogateurs il avoua que le chiffre six cent soixante six, symbole de la Bête de l'Apocalypse, code de Satan, le terrorisait.
Sa phobie était liée au moindre "six".
Pas question d'acheter six œufs, les années en six, il se terra. Il enjamba la classe de sixième, il ne mit jamais un pneu sur la nationale six. Il redouta de mesurer un mètre quatre vingt six - sous la toise il se tassa- et, depuis toujours, il jette systématiquement la sixième bouchée de nourriture - c'est pour lui une aubaine que l'on dinât au jardin, il n'a pas à dissimuler "les bannis" dans sa serviette.
Comme il avait remarqué certains champignons d'un rosé translucide - les plus redoutables - par jeu, ils choisit de les offrir aux limaces.
Il se trouvait qu'il avait des ancêtres mycologues dont il avait hérité les prénoms et il...
« Drinnnnnn, drinnnnn, drinnnnn... Allo Marie ! J'espère que je ne te réveille pas !...››
« Sss...si... nonnonon !... Non, oui, euh non, j'étais réveillée, ouh la, depuis longtemps. Comment vas-tu ma jolie Maryline ? Et ton mari Antoine-Lucien, ça va ? ››
« Nous allons très bien ! Ça te dirait de nous accompagner en forêt pour une cueillette de champignons ?››
« N...no... Oh mais ! oui ouioui...››
Ouf ! cette histoire sordide n'était donc qu'un mauvais rêve... Ouf ouf ouf ! Tant mieux, je suis soulagée de ne pas être une criminelle !
Vous imaginez la tournure des interrogatoires :
Merlot « Alors comarate Marie, c'est bin vous qu' z' avez dit : on va l' zigouiller eul' l'Antoine- Tintin ?››
Vira « Mon chou, si vous nous aidez, ça ira plus vite, mumm ? ››
Flagellant « Le nom du coupable Marie, et vous aurez un croissant. ››
Qu'ils s'en aillent voir ailleurs !
Allez Marie, debout ! Tu ne vas pas nous faire une crise de bufonophobie ?
Bufo... ???

Les fins limiers vont sans doute nous éclairer.
Merlot ? « Bufflonne au scopie ?... Quo qu' c'est qu'ço ? Pas fastoche...››
Vira ? « Bu phono copie... ? Euh... Vous pouvez traduire, mon lapin ?››
Flagellant ? « Buffet des cookies ? C'est une nouvelle viennoiserie ? ››
Et vous Mama Santa ? « Eh eh, tout facile, c'est la peur des champignons... vénéneux.››
Bravo Mama, vous avez droit à une crêpe !

Publié dans Bande Dessinée, Défis

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Polar Polaire 6

Publié le par François & Marie

- Hello mon p'tit chou, Vira Standup, cheffe de la police du Nord. On m'a missionnée pour enquêter sur le meurtre de Santa. Je sais que c'est difficile mon lapin, mais il va falloir m'aider à y voir clair, et me dire tout ce que vous savez : plus vite on connaîtra la vérité et mieux ce sera.

- Nan mais écoutez-moi celle lô, qui débarque chez les gens comme çô,  la nuit, qui se dit cheffe et qui raconte des cafouinettes ... Moi c'est la gendarmerie ! Alors pas de çô avec moi, c'est mon enquête et puis basta !

- Aaah mon p'tit lapin, il faudra vous faire une raison, cette affaire touche à l'international et nous devons travailler en équipe.

- Eh ben v' là autre chose, oué mais pas d'entourloupe lô, madame Vira j' vous ai à l'œil moi et quand je dis à l'œil : c'est pas gratuit !

- Eh bien c'est parfait, dit Santa Mama, c'est une bonne chose de collaborer avec ses petits camarades , voulez-vous quelque chose à boire Vira ?

- Oui mon p'tit chou, après cette éprouvante route, je prendrais bien un petit whisky.

- Je n'ai que du thé de Noël à l'orange et à la cannelle, c'est très bon.

Sans enthousiasme, la cheffe de police et la capitaine se résolurent à accepter l'infusion. Santa Mama savait que cette pause pourrait les aider à mieux se connaître.

Pendant que Vira et Merlot goûtaient au thé accompagné de quelques crêpes, le carillon de la porte d'entrée tintinnabula.

- Vous attendez quéqu'in ? Demanda Merlot.

Publié dans Bande Dessinée

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Polar Polaire 5

Publié le par François & Marie

- Oui ... heu, you you aussi, alors c'est vous la dame de la police ... vous avez fait bon voyage ? Il doit me rester quelques crêpes si les caribous m'en ont laissées.

- C'est la gendarmerie plutôt, on m'a affectée dans ce bled paumé, dites donc ça caille chez vous ! J'dis pas non pour les crêpes, vous auriez pas des frites avec ? Parce que j'aime bien çô.

- Je comprends, je peux vous en frire un cornet. Quelque chose à boire ?

- Ah ben une 'tiote bière tiens !

- Je n'ai rien que du thé de Noël à l'orange et à la cannelle, c'est très bon. Alors comme ça vous venez réaliser une enquête pour savoir pourquoi Santa gît sur le parquet de son atelier ?

- C'est surtout pour trouver l'assassin, moi je fais dans le crime, pas dans la crème dessert voyez ?

- Quel courage et vous êtes toute seule pour cette investigation ?

- Ah ben non hein ! Y'a la légiste qui devrait débarquer pour l'autopsie, mais je sais pas ce qu'elle fabrique c'te maguette.

- J'ai plein de chambres très coquettes pour vous accueillir, vous allez être bien ici.

- Ah ben super ! Faudra que je gare la carette aussi.

Quel personnage amusant, ne peut s'empêcher de penser Santa Mama.

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Polar Polaire 4

Publié le par François & Marie

-  InterPôle Urgence bonjour.

- Oui bonjour, voilà, je vous appelle pour vous faire part d'une situation embarrassante...

- Moui, veuillez d'abord décliner votre identité et confirmer votre adresse, cet appel est enregistré et vous risquez une amende de 750 Pôleros si vous tentez de nous raconter des carabistouilles.

- Ah, Eh bien je suis madame Noël l'épouse du Père Noël et je ...

-  Oups mille pardons Madame je ne vous avais pas reconnue ! Comment va ce bon Père ? A-t-il reçu ma lettre ?  Elle est facile à reconnaître je l'ai écrite sur une feuille A3 et j'ai dessiné plein de petits sapins sur l'enveloppe avec un cœur.

- C'est possible oui, mais je vous appelle à son sujet justement, j'ai le sentiment qu'il aura du mal à effectuer sa Grande Tournée cette année. 

- Ah ? Sa hotte n'est pas assez grande pour mon cadeau ?

- Ce n'est pas ça mais je viens de le découvrir, inanimé, baignant dans une marre d'un liquide rougeâtre et visqueux, on dirait bien qu'il...

- Aaah ! N'en dites pas plus ! Il s'agit d'un homicide, pire : d'un "papanoëlicide" ! C'est terrible, nous vivons une période d'insécurité effroyable, ne touchez surtout à rien, nous vous envoyons immédiatement une équipe pour prendre en charge cette affaire.

 

Publié dans Bande Dessinée

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Polar Polaire 3

Publié le par François & Marie

Soudain un cri jaillit dans la nuit polaire, les cannes berlingot qui poussent naturellement dans le courtil enneigé, en frémissent sur leur tige.

Sur le pas de la porte, Santa Mama reste interdite. Elle réalise soudain que les rennes vont se réjouir d'avoir du rab de crêpes.

Publié dans Bande Dessinée

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Polar Polaire 2

Publié le par François & Marie

Les parfums de sucre chaud enivrent les rennes qui se mettent à danser la carmagnole dans l'espoir d'obtenir les fines dentelles gourmandes. Santa Mama leur en donnera volontiers, bien entendu, mais seulement après qu'elle a revigoré le maître des joujoux avec ce solide goûter.

 

Publié dans Bande Dessinée

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Polar Polaire 1

Publié le par François & Marie

Une aventure pleine de mystères et de rebondissements dans la résidence secrète des Noël. 

Dans la maison des Noël tout est paisible.
Santa commence tranquillement à préparer la Grande Tournée. Il classe le courrier de plus en plus volumineux des "petits nenfants sages" et recense les dernières commandes de pièces à mitonner les joujoux.
Il sait que, déjà, les sapins s'emboulent dans les chaumières et se parent de leurs meilleurs atours : ils vont abriter sous leurs plumes, les futurs cadeaux. 

Santa Mama prépare des crêpes. Son bonhomme rouge en est friand et les rennes jurent qu'elles leur sont indispensables pour leur envol au-dessus des nuages !
Santa Mama, bonne âme de la maison Noël, la parfume de sucre chaud et de fleur d'oranger.

 

Publié dans Bande Dessinée

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Défi 241 suite

Publié le par François & Marie

Défi 241 suite

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Défi n° 241 proposé par Lénaïg pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Lénaïg a dit : « Nous choisirons chacun(e) un tableau célèbre, si possible l’un des 22 exposés dans l’article joint, ICI, et dans un petit texte en prose ou en vers nous devrons l’évoquer sans le nommer, donc le faire deviner. Pour corser le défi, nous devrons glisser dans notre présentation au moins l’un des mots suivants (ou tous) :
chaise-longue, oiseau,
arrosoir
..................................................................................................................
la solution apparaitra en image, mercredi.
.......................................................................................


Il ne pleut pas.
Ici s'il pleuvait, pour sûr il tomberait des hallebardes.
Des lames si drues qu'elles feraient craindre pour la chilienne en toile de l'étrangère d'à côté.
De loin, j'observe cette oisive qui chaque jour fait chaise longue, harassée d'avoir promené un quart d'arrosoir au- dessus de ses rosiers.
Parlons-en de ses rosiers ! Des sauvageons exubérants qui parasitent une terre fertile et grasse...
Fichtre, quel gâchis.
Elles les laisse vivre sans contraintes, coiffés à la diable, comme "elle". Ne sait-elle qu'une dame qui se respecte rattroupe sa chevelure, la noue, la discipline, ne tolère que l'échappée maigrichonne discrète d'une unique mèche ? 
"Elle" le sait et pourtant ostensiblement s'en moque.
J' envie tellement sa liberté. Je la déteste.
Savez-vous qu'elle converse avec ses rosiers - n'a-t-elle rien à faire de plus utile ?
Planquée derrière les larmes roides de mon rideau, je la guette. Désinvolte, elle gâche son temps à virevolter dans son fouillis de verdure. Elle pépie comme un oiseau, elle fait des ronrons à ses roses pompons.
Foutaise !
Qui, par ici oserait se ridiculiser en parlant aux fleurs ? Elle.
Qui, par chez nous se risquerait à roucouler des compliments aux boutons de roses ? Elle.
Qui se permettrait de manquer de décence ? Elle encore. Pour preuve cet oripeau vaporeux bleu azur qui flotte sur ses épaules, est-ce de la bienséance pour cette veuve d'à peine cinq années ?
Je jalouse son inconvenance. J'exècre son mépris des contraintes.

Lui, le regard fixe, ne dit mot.
Il ne semble accorder aucun intérêt à cette voisine.
Pourtant, sa carcasse sévère, grave et immobile n'est que mensonge, son en - dedans sait tout de ses ces grasses terres mitoyennes.
Il les désire, s'imagine les ceinturer, les dompter - en planches de choux raves tirées au cordeau - les mater - en chicorées rectilignes et amères.
Un jour il les apprivoisera, il le sait. Elles lui appartiendront.
Personne d'autre que lui ne les approchera, il l'interdit.
Il est patient, calme, déterminé.
Les yeux grands ouverts, il veille.
Il ne craint rien, il est paré.

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Voir tous les tableaux ici.
 

Publié dans Défis

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Défi n°240 proposé par Martine "Quai des Rimes" pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

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Martine nous suggère:
"
Imaginez-vous vingt quatre heures dans la peau d'une personne du sexe opposé.
Racontez-moi votre journée et votre nuit."
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Rosalie frissonna. L'automne taquin se prenait pour décembre.
Demain, c'est nuisette en pilou, promit-elle en s'emballant jusqu'aux cheveux dans la couette aux volants roses - en parfait mimétisme avec un cordon de guimauve taille SUPER XXXL.
La guimauve eut un sommeil agité.
Il faut noter que sa fin de journée avait été chambouleuse; "sa bande" l'avait entraînée dans une fête foraine. La cacophonie des flonflons, les effluves sucrés et le tangage des manèges l'avaient saoulée.
Passive comme une mécanique elle s'était laissée emporter par Lucienne - qui voulait tout connaître de sa destinée - jusqu'à la roulotte drapée de nuit et enfumée d'encens d'une Madame Irma, pancartée esstralucide (sic).
Tandis que la devineresse charmait de sa voix savamment rauque et monocorde une Lulu béate, Rosalie n'avait qu'une envie, se fondre dans les tentures sombres. Elle fixait la pointe de ses bottines en espérant devenir transparente et, du même coup, occulter les yeux peints, la tignasse rouge et les griffes laquées de noir de la sorcière.
Cette Irma lui faisait froid dans le dos.
À contrario, Lucienne, frémissante et pourtant figée en statue de cire au sourire benêt et regard d'illuminée, fondait sous les prunelles charbonnées de la lucide esstra. Il n'eut pas été surprenant de retrouver la donzelle en flaque molle sur le lino ou en lévitation sous les drapés du plafond.
L'ensorceleuse cessa son blabla, délesta Lulu de cent balles sans que la naïve se départisse de son masque béat. Elle esquissa même une sorte de révérence - génuflexion et sortit à reculons - il eut été irrévérencieux de présenter à son idole la partie la moins digne de son individu.
Rosalie se précipita pour suivre son amie. Involontairement elle croisa le regard de la gourou qui lui murmura « Bonne nuit Raymond. >>
Interloquée Rosalie marqua un temps d'arrêt.
« À demain Raymond. >> ajouta la voix doucereuse.
Peut-on fuir le souffle coupé et les jambes en coton ? Rosalie le put.
De son côté Lucienne, sur son nuage rose, ne s'aperçut pas que son amie l'avait plantée là.
Rosalie se barricada dans sa maison, se réfugia dans son lit et sombra dans un sommeil houleux et agité, un sommeil de pleine lune.
Elle fit un cauchemar où on l'appelait ... Raymond
. Son esprit hurlait son désaveu, pourtant sa voix empâtée ne traduisait ce désaccord qu'en maigres borborygmes incertains. Elle boxa ses oreillers, botta, talocha, rudoya sa couette. Une chrysalide qui s'échine à devenir enfin papillon n'aurait pas fait mieux.
Au matin Rosalie s'étira, envoya valser couverture et coussins. Elle abreuva son cerveau d'une bonne goulée d'oxygène en bâillant largement et fort peu élégamment - elle eut été en société, jamais de la vie elle ne serait laissée aller à ce manque de savoir vivre, bien entendu.

EH LÀ ! ATTENDEZ !
Vous avez dit " bien entendu"... En-tendu... Entendu ? Entendre : "percevoir par l'oreille"...
L'inconscient de Rosalie lança une alerte à son ouïe, sa cervelle fit galoper sa mémoire.
Elle voulait en avoir le cœur net : comment ses baîllements avaient-ils été perçus par ses oreilles ?
L'oreille ne se fit pas tirer l'oreille pour avouer à Rosalie que ses dernières baillées n'étaient aucunement comparables aux
petits piaillements de souris habituels, elles avaient atteint des décibels élevés, rauques et puissants.
« Rauques ! cela signifie "gutturaux"... s'étonna Rosalie. Puissants, cela revient à dire robustes, musclés, voire virils... ô la cata !  VI-RILS ... >>  hoqueta la demoiselle.
Son estomac inventa des nœuds tarabiscotées, ses tripes se tricotèrent en mailles compliquées.

Bouleversée elle sauta du lit, enfila ses petites mules à pompons et patatras, s'écroula : seuls deux orteils de chacun de ses pieds avaient réussi à se caser dans ses pantoufles.
« Horreur ! Qui a oublié ses énormes doigts de pieds dans mes duvets de cygne ? >>  hurla-t-elle paniquée.
Elle courut jusqu'au grand miroir; il faillit y laisser son tain, ce scélérat osait refléter un être éberlué, barbu, hirsute, les sourcils en jachère. Rosalie défaillit.
Comble du comble, une empreinte d'oreiller, un grand "R", barrait une des joues de l'individu, sans réussir à lui donner grand air.
« "R" c'est Rosalie >> se rassura-t-elle.
« "R"... c'est aussi... Raymond. >> murmura doucereusement sa mémoire
Maudite soit cette sorcière maudite.
Rosalie hurla de rage. Raymond en perdit le souffle.
Rosalie devint muette. Raymond se tut.

Longtemps Rosalie resta prostrée. Raymond cafarda, longtemps.
Rosalie s'empiffra de chocolats. Raymond eut une crise de foie.
Rosalie fut saturée de sucré. Raymond dévora du saucisson.
Rosalie, de guerre lasse, accepta son nouveau statut. Raymond avait eu chaud, le vent du boulet l'avait frôlé.
Elle décida de s'approprier son nouvel aspect, en l'améliorant, l'esstralucide n'avait pas gâté le Raymond. Il se soumit.
Elle s'attaqua au débrousaillage. Il laissa faire.
Les cheveux : un shampooing énergique les révéla brillants, elle en fit un catogan.
Le système pileux du visage lui donna du poil à retordre.
Les sourcils ? De buissons ils devinrent jardinets.
Les rouflaquettes et autres favoris furent sauvagement dévorés par les crocs de la tondeuse.
La barbe, longue et fournie, passa par la case bouc et sparadrap rose. Le bouc devint mouche. La mouche fut rasée et le menton imberbe s'orna d'un second sparadrap.
Elle ne conserva qu'une très élégante moustache bouclée en guidon de vélo.
Elle se trouva beau.
Elle camoufla sous des vêtements chics et décontractés ses mollets velus et son torse duveteux. Elle haït les boutons cousus à droite, il les recousit à gauche, paf, sur les boutonnières - quel nigaud.
Elle coupa courts et sans chichis ses ongles, sans ce vernis qui tourne de l'œil dès qu'on a le dos tourné.
Elle enfila sans précaution des chaussettes dépareillées et à peine trouées - quel pied !
Elle étala ses dix orteils dans deux mocassins d'une voluptueuse platitude antidérapante et adopta la démarche "longs pas décidés", livrée avec.
Elle musarda, nez au vent, mains en poches - adieu bandoulière de sac - trois kilos - qui coince le deltoïde, pyromanise les tendons d'épaule et déstabilise les trapèzes - et se démode tous les trois mois.
Elle perdit ses clés qui débordaient de ses poches. Il dit que ça ne lui était jamais arrivé. Il mentait.
Elle ne s'encombra plus d'un parapluie - à savoir : la pluie ne détrempe pas l'Homme - que diable il n'est pas en sucre et supporte stoïquement un déluge, sans craindre pour son brushing.
Il perdit son écharpe, ses gants et son bonnet. Elle eut une angine, des engelures et un rhume de cerveau.
Il ne cuisina plus qu'en casseroles. Il avait une trouille bleue de l'engin qui cocotte en une minute et explose deux fois sur une. Elle rangea sa cocotte et s'enquit des tarifs du traiteur le plus proche.
Elle voulut dormir à droite, lui aussi. Il dormit sur le canapé. Elle aussi.
Il lui dit qu'elle ronflait, elle répondit c'est pas vrai. Elle mentait.
Elle fit pipi debout. Elle détesta, le vent était contraire.
« Coupez ! C'est bon, c'est dans la boîte, cria le réalisateur. Merci. À demain huit heures pour la séquence "Rosa-Raymond retrouve Madame Irma."  >>

 

Publié dans Défis

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