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Défi n°263 proposé par Jazzy pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Jazzy nous propose de rédiger un texte en insérant des mots

qui portent au singulier une marque du pluriel s ou x , sur le thème de votre choix,

Défi n°263 proposé par Jazzy pour Les Croqueurs de Mots

- À ce soooir mes chouchous, soyez saaages !
Les chouchous c'est nous, Lilas l'orchidée et Velours le chat.
Elle c'est notre Humaine. Entre nous, on l'appelle ananas (ah, nana !)
Ses escarpins pivotent en compas sur le tapis; de sa bouche en cul de poule elle distribue des smacks nord-sud, est-ouest, muah muha muah muah pour qui en voudra, saisit son petit cabas sur le  marbre cervelas de la commode et quitte le logis (qui n'a rien d'un taudis !)
Depuis un mois, sans remords, ananas n'accorde qu'un laps de temps réduit au repas de midi.
Elle grignote comme une souris : un radis, une noix ou deux, une demi cuillerée de clafoutis.
Elle qui adorait pizzater à l'anchois et tenir au chaud le ris de veau sous une avalanche de sauce au riz, c'est fini !
Terminés les matins de gueule de bois, l'eau du puits a détrôné le Château "de la belle" Margaux !
Psitt ! Notre Humaine a un secret, elle s'est inscrite à un audacieux concours " La morphologie du tournevis" qui impose quelques rondeurs en haut et en guise de jambes, des pattes de mouche du semis (ravageuse de plantes potagères).
Au secours ! L'orchidée Lilas et Velours le chat sont sidérés. Leur Humaine leur cause bien du tracas. Si elle continue sur cet acquis, un jour viendra où ananas pourra passer par le chas d'une aiguille !
Ils se précipitent vers le châssis de la fenêtre pour la zieuter dans sa jolie robe à pois. Telle qu'elle était, elle leur plaisait. Quel dommage de la voir un jour transformée en vulgaire tournevis tutoyeur de cambouis...
La sentence est pour ce soir...
Ananas file en biais, zigzague entre un houx hirsute et débraillé - qu'elle honore d'un affectueux "salut le gribouillis !" - et un buis rigoureux, taillé en austère pyramide, fier comme un sphinx qui sent le pipi de chat. Elle snobe cet artificieux édifice.
D'un pas léger, elle court jusqu'à l'arrêt d'autobus.
L'attend patiemment. Il arrive. Elle le toise avec mépris et court à ses côtés tout au long de son parcours. Par ce biais, la fine mouche perd du poids - la quête du succès est à ce prix.
Lilas et Velours impuissants sont du même avis, en attendant le retour à la maison et à la raison de leur Humaine, ils vont piquer un bon somme.
Un bruit de clé les fait tomber des bras de Morphée. Ananas en larmes vient de rentrer, elle renifle, hoquette, en s'empiffrant de viennoiseries.
- Chnif mes chlouchlous... M'ont exchpulchée du concourstournevich, trop maigre, chnif trop d'ochs, qu'i j'ont dit, bouh...
Les chlouchlous accourent.
Velours lui ronronne des mamours, Lilas embaume. Ananas s'endort bercée par ses chouchous qui, en douce, jubilent !


 

Publié dans Défis

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Défi n°262 proposé par Laura Vanel Coytte pour les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

"L'Europe comme identité"

Siècle VII avant JC.
Entrons en Phénicie – le Proche-Orient actuel – face à l'île de Chypre et
perdons-nous dans le labyrinthe de la mythologie grecque.
Sur cette côte méditerranéenne, une ville Tyr.
Agénor en est le roi.

Le roi prend pour épouse Téléphassa.
Leur descendance ? Des fils, Phénix, Cadmos, Cilix, Thassos et une fille, Europe ; nous allons l'approcher de plus près.
Europe, jeune fille rieuse et insouciante, gambade sur la plage en compagnie d'amies proches et choisies.
Dans les dunes gaiement s'égaille ce bouquet de jeunes filles qui cueillent des bouquets.
Elles rient, dansent, jouent de leurs voiles légers, rivalisent en brassées de narcisses, hyacinthes, violettes et s'enivrent de tous ces parfums mêlés.
Elles ignorent que Zeus, dieu de l'Olympe les observe.
Il a jeté son dévolu sur Europe. Sa beauté l'a conquis. Il lui faut impérativement l'approcher.
Comment s'y prendre sans l'effrayer ?
Comment leurrer Héra, son épouse immensément jalouse ?
Il se métamorphose en taureau – non pas ce genre de taureau frustre et rustre qui s'échine dans les champs – un taureau blanc, de petite taille et bien policé.
L'air indifférent, broutant ça et là quelque brins de serpolet il progresse lentement en direction des jeunes filles amusées et vaguement effrayées.
Délicatement il dérobe un narcisse dans le bouquet d'Europe.
Elle ne s'enfuit pas.
Lorsqu'il se couche à ses pieds elle le regarde tétanisée.

Elle ne s'enfuit pas.
Fascinée, longtemps elle l'observe.
D'abord statufiée, Europe s'enhardit et lui caresse la tête.
Paisible, petit taureau blanc apprécie, en redemande, toujours aussi placide.
Aussitôt l'atmosphère s'allège, les sourires reviennent, le petit taureau blanc est admis dans le clan des jeunes filles aux fleurs.
Les nymphes osent encercler d'une couronne fleurie le parfait croissant de ses cornes.
Il semble approuver. Europe mise en confiance s'assied sur son dos.
D'un bond le taureau blanc se redresse, galope vers les vagues, emporte Europe effrayée qui demande de l'aide.
Sur la rive ses amies affolées courent en tous sens, crient, sanglotent de rage.
Impuissantes, elles viennent d'assister à l'enlèvement d'Europe...
Le taureau blanc semble voler au-dessus des flots, Europe n'a plus peur, elle vogue agrippée aux cornes parées, comme à un gouvernail.
Elle déploie ses voiles qui s'enflent et allègent l'effort de sa monture.
Ils voguent... Ils voguent... Jusqu'en Crète.

À Tyr, la vie bascula, Europe venait d'être enlevée à sa famille...
Agénor garda Phénix à ses côtés et envoya ses autres fils à la recherche de leur soeur.
Il leur interdit de revenir à Tyr sans Europe.
Cadmos, Cilix, Thassos, accompagnés de leur mère cherchèrent longtemps Europe, sans succès.
Téléphassa en mourut de chagrin.
Leur mission n'ayant pas abouti, ses fils n'osèrent rentrer à Tyr sans Europe.
Cilix fonda la Cilicie, Thassos les îles de Thrace et Cadmos s'établit en Grèce.

Europe devint reine de Crète.
Trois fils naquirent de son union avec Zeus, Minos, Sarpédon et Rhadamante - encore des prénoms "à coucher dehors avec un ticket d'logement" - aurait conclu ma mémé.

L'Europe porte le nom de la princesse ( ce qui la différencie des terres d'Asie.
)

PS : Merci à Wiki !

 

Publié dans Défis

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Jeudi poésie

Publié le par François & Marie

défi n°261 : la poésie en question.
 

Marie de Cabardouche dénonce !
François est l'auteur de cette poésie interrogative.

Dis moi comment on vit sur la Lune, Y a t il des mers et des rivières ?

Les Luniens sont ils gentils avec leurs enfants ?
Leur promettent-ils la Terre pour les tenir sages ?
Ont-ils la tête dans la Terre quand leur esprit est en voyage  ?

Dis moi comment on vit sur la Lune,  Y a t il des forêts et des sentiers ?

Les Luniens et les Luniennes partent-ils  en Terre de miel quand ils se marient ?
Porte-t ils des terrettes pour y voir mieux ?
Peut-on se promener au clair de Terre en amoureux ?

Dis moi comment on vit sur la Lune,  Y a t il des villes et des campagnes ?

Est-on terratique quand la raison vacille ?
Ou bien mal Terré quand on boude dans son coin ?
Ou pire encore, je n'ose le dire,  c... comme la Terre , bête à manger du foin ?

Dis moi comment on vit sur la Lune, Y a t il des guerres et des misères ?

Y a t-il des jeux pour les enfants et des chats ronronnant ?
Y a-t-il des chiens qui aboient à la Terre ?
Et dans les plaines glacées, des loups solitaires ?

 

Publié dans Défis

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Défi n° 261 proposé par Les Cabardouche pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Un quatorze février à Montmartre, un matou couleur de nuit familier des toits en zinc, déboula par la lucarne d'une chambre de bonne, celle de Edmée-Étienne-Jules Renaudin.
Edmée ne sembla pas surpris par cette intrusion – le matou noir lui fera de la compagnie.
Il découvrit très vite que le nouvel arrivant était un véritable sac à puces. Il le dit au chat qui se vexa.
D'une lotion parfumée fatale aux poux et lentes il le frictionna, le rebroussa. Le chat hérissé l'exécra.
- Te voilà intronisé mon pote, la “Marie-Rose” va te rendre tout frais, comme un sou neuf.
De vieux rat détrempé à sou neuf, il y a de la marge, ronchonna le chat. Il se planqua sous le lit et bouda.
- Au fait, tu n'as pas de nom ! Voyons voyons... Que dirais-tu de celui de ta bienfaitrice : Marie-Rose ?
Le chat sursauta d'indignation, entama un terrible feulement qui s'éteignit en hoquet - son crâne venait d'entrer en collision avec le sommier d'Edmée.
À demi estourbi il n'était que ressentiment. Oser donner un prénom de fille. à un matou matois, quelle déchéance. Il ne s'y ferait jamais.
Edmée- Jules sentit qu'il avait froissé la susceptibilité du matou, il tenta de se racheter.
- Tu dois avoir faim Marie-Rose. Je t'ai préparé un petit festin.
Pourtant affamé le chat ne bougea pas d'une moustache – on a beau être des félins, on a sa fierté.
Edmée-Etienne-Jules reprit,
- Moi aussi je vais changer de prénom.Terminés les rallonges Edmée-Étienne-Jules ! En ton honneur Marie-Rose, ce sera Valentin, puisque tu es entré(e) dans ma vie un quatorze février !  Marie-Rose et Valentin... Ne trouves-tu pas que ça sonne bien ?
Marie-Rose marqua un temps. Puis poussé(e) par la fringale émergea lentement, princièrement, sans un regard vers Valentin. Le matou se dirigea vers les agapes promises.
Dans une casserole cabossée, quelques croûtes de fromage rabougries, des peaux de saucisson desséchées... Marie-Rose avala tout, lapa une larmichette de lait et sauta sur le lit où s'étalait le peignoir de soie de Valentin. Il le piétina avec extase puis entreprit une toilette minutieuse.
Lorsqu'il fut nickel, il se roula en boule confortable et s'endormit à demi.
C'est ainsi que Marie-Rose adopta cet être dégingandé, haut comme un séquoia et aussi maigre qu'une haridelle. Marie-Rose donnait à Valentin la permission d'habiter chez elle.
Sous ses paupières demi-closes le chat suivait les allers et venues de Valentin qui se préparait à sortir.
Avant de passer sa redingote, il vint imbiber de lait un chiffon directement dans l'écuelle de Marie-Rose ( ses vibrisses en vibrèrent d'effarement)
et en lustra ses souliers vernis.
Il coiffa son haut de forme et se cassa en deux pour franchir la porte.
- Bonne nuit Marie-Rose, sois sage !
Le matou savait où Valentin passerait la nuit - il s'était renseigné à son sujet -  dans un des bals parisiens; le Moulin Rouge était son préféré, une foule joyeuse et bruyante l'espérait, le vénérait.
Edmée avait d'abord été clerc de notaire, puis notaire dans l'Étude familiale sise à Sceaux.
La trentaine passée, il planta là sa famille, sa vie aisée, envoya paître les codicilles, les saisines et fila s'installer dans une chambrette sous les toits à Montmartre.
Il s'était découvert une passion pour les  bals, il devint un danseur- contorsionnisme adulé (souple comme un chat, souligna Marie-Rose)
Tant il avait de souplesse on le surnomma "Valentin le Désossé", il faisait valser La Goulue, sautiller Nini Pattes en l'air sur des airs de polka.
Cet homme-caoutchouc dansait pour le plaisir, sans jamais demander un sou. Il disparaissait aussitôt après le dernier accord de l'orchestre. Seul(e) Marie-Rose savait où Valentin terminait ses nuits.
Le temps passa, Rose-Marie, Valentin et ce qui restait du peignoir de soie, emménagèrent dans un bel immeuble haussmannien.
Valentin en avait assez d'être un désossé, il souhaitait devenir ossu. Peine perdue.
S'il était né plus tard, il aurait pu demander à la boucherie Sanzot de Tintin leurs os inutilisés...
- C'est raté ! Conclut Marie-Rose.



- Eeeet c'est qui cette Marie Rose ?

- M'enfin la Goulue... c'est un chat !

- C'est ça ... Prends moi pour une bille Valentin !



 

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Défi n°259 proposé par ABC pour les croqueurs de mots

Publié le par François & Marie

Défi n°259 proposé par ABC pour les croqueurs de mots


A la barre pour cette quinzaine, je vous propose de vous laisser inspirer par ces photos ( paroles de ABC)
...................................................................................................................................

Premier janvier.
Tilia et Picéa sont plantés là.
Mêlés à leurs congénères ils font face à la nue au ciel sans nuages.
- Non mais, regarde-le...
- ... Mummm ?
- Tu dors Tilia... ou bien ?
- Meu non, Picéa ! Je m'étais juste un peu assoupi, détendu par mon auto-tisane... C'est radical, tu devrais essayer.
- Pas question ! Picéa dort quand il veut, il ne roupille pas avant le coucher du soleil, lui.
- Ouais... Toujours aussi grognon... Il me semble que je t'ai entendu jargonner ?
- Voui Mansieur. J'espérais dialoguer...  J'ignorais que je soliloquais...
- Aie ! le voilà vexé... Que me confiais-tu ? Je suis tout ouïe.
- Je disais : regarde-le.
- Qui ça ?
- Comment : qui ça ! On ne voit que lui, Sa Majesté Soleil !
- Il semble te contrarier, serais-tu jaloux ?
- Parfaitement, je suis jaloux ! Jaloux de le voir envahir tout l'espace, jaloux de le voir voyager en voûte céleste, en firmament, en Empyrée...
- Monsieur l'ombrageux est poète à ses heures !
- Bof, simple réminiscence d'une vie antérieure où on savait s'exprimer en mots choisis...
- Au lieu de maugréer, observe mieux notre Phébus, il ne fait que remplir son rôle de soleil couchant. Il colore l'horizon de lumière et de feu ! Il le fait exploser d'or et de cuivre ! Il augure d'espoir et de vie cette année débutante, c'est grandiose !
- Ça n'est que du clinquant, du toc, du tape à l'oeil, de la poudre aux yeux... C'est pathétique...
- Je trouve qu'il met bien nos silhouettes en valeur.
- Imposture ! Ce narcissique exploite nos ombres triviales. Ça l'arrange que nous soyons au garde-à-vous, nous ne sommes que ses faire-valoir.
- Je le trouve plutôt bienveillant. Ça me plaît qu'il transforme en dentelle fine mon profil dégarni.
- Fi ! Tu es un privilégié, Mansieur le tilleul ! Avec moi, grand Maître Soleil n'est que désobligeance et indifférence. Je me sens relégué en sombritude...
- Tu te fais des idées fausses. Puisque tu es un épicéa vert toute l'année, le soleil ne peut transformer tes contours.

- J'abhorre ce prétentieux, ce m'as-tu vu, ce bouffon, ce ridi...
- Chuttt ! Ne réveillons pas le bougon endormi, ça nous fait des vacances !

                                                     



Deux janvier.
Phébus est vanné. Il a le crâne farci de chiffres.
Chaque année à la Saint Basile, Méridien supérieur et Méridien inférieur établissent, à grand renfort d'équations tarabiscotées, les heures de levers et de couchers de Dame Lune et Maître Phébus. Les voilà réunis tous les quatre.
C'est le moment tant attendu où “le soleil a rendez-vous avec la lune ”!
Après avoir signé leur feuille de présence, les deux compères se moquent comme d'une guigne des calculs savants et compliqués des méridiens. Feignant de les écouter, ils échangent des histoires de planètes, de satellites, de radis sous influence lunaire et de spoutnick.
Après que les méridiens aiguilleurs du ciel ont enfin aligné leurs calculs, Lune et Soleil sont repartis avec leurs feuilles de route pour l'année.
Phébus avait hâte de se coucher.
C'était sans compter avec Borée, tout ébouriffé, qui passait en coup de vent, souffler quelques potins à son ami le soleil.
- Bla bla bla et bla.
- Quoi ! sursauta Phébus.
- Je te le dis tel que je l'ai entendu.
- Quelle injure !... Quel camouflet... Ce minus m'a vraiment traité de... de bouffon ?
- Oui.

- De prétentieux ?
- Oui.
- De Narcisse ?
- Oui. Et aussi de “faiseur de clinquant”.
- ASSEZ ! N'en rajoute pas. Borée, je te fais confiance. Dans l'instant, illico presto, tu convoques les cumulus de pluie, de ton souffle puissant tu les pousses jusqu'ici, bon gré mal gré. File !
Quelques instants plus tard, tous ceux qui s'attendaient à un soleil couchant calme et rose-doré, restèrent stupéfaits : le rose du ciel, brusquement, a noirci.
- À toi de jouer Borée : ventile les cumulus vers la gauche. STOP ! Trop loin, souffle-les vers la droite, doucement... Là ! Ils sont pile au-dessus de mon détracteur. À toi la pluie ! VAS-y, mets toute la gomme, vise bien l'épicéa calomniateur !
S'ensuivit une sorte d'Apocalypse, réservée au seul Picéa : tourbillons de pluie battante, rafales de vent glaciales, grêle en glaçons et gel givré transformèrent le sapin de Noël en serpillière usagée.
Brusquement, nuages et pluie s'enfuirent. Le calme revint.
Picéa grelotta d'humiliation, fit un exercice compliqué de yoga – essoreur et s'endormit, épuisé.
Phébus, harassé venait de retrouver sa dignité et sa couche rose poudré.



                                                                       

                                                     

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Défi n°258 proposé par Laura pour les croqueurs de mots

Publié le par François & Marie

Pour ce défi 258 , Laura nous propose de parler de l’Avent,

cette « période de préparation au Noël chrétien .

Peu importe que vous soyez croyant, pratiquant ou aucun des deux,

il s’agit ici de culture judéo-chrétienne qui est (un peu)la nôtre parmi d’autres.

Pas de Père NOEL, de bûche, ni de galette ici mais les mots:

divin, crèche, santons, couronne, violet, messe, minuit, cierge, ange.

- Dis, c'est quoi l'Avent ?
- Vois-tu Grégoire, il y a un “avant” l'Avent et un "après" l'Avent.
- Oui... oui... oui..(?) Un Avent l'avant et un après l'avant (suis pas sûr d'avoir bien enregistré, mais faisons comme si j'avais tout bien pigé, ça gagnera du temps et ça me fera paraître intelligent.)
- As-tu compris ?
- Grave de chez grave !
- D'après notre calendrier liturgique, l'Avent débute après le XXIV ème dimanche qui suit la Pentecôte, s'étire pendant quatre semaines, pour se terminer à Noël.
- (En aparté : le calendrier accroché au mur du salon c'est celui des pompiers, pas celui de Litur Gique...)
- Je te trouve bien silencieux, est ce que tout est clair ?

- Je réfléchis aux pentes... aux côtes...
- Grumbble...Tu seras privé de ces bazars de grumbble de jeux électroniques qui font des trous dans les neurones tant que tu n'auras pas révisé ton caté. Et, puisque tu ne me le demandes pas,
l'Avent a été institué par ton homonyme, le Pape Grégoire (540-604).
- Ouch... C'est du lourd ça dis-donc ! J'suis donc un peu Pape ! Quand j'vais dire ça à mes darons...
- Peut-être le savent-ils déjà, ou pas. Bref, Avent
signifie “advenir” ou "l'arrivée". Dès le début de l'Avent, on suspend une couronne de l'Avent à la porte d'entrée des maisons.
- Eh !... Je sais, je sais ! Je peux ? Je peux ? Je connais vachement bien les symboles. La couronne est ronde comme une roue qui évoque le déroulement du temps, sans cesse recommencé... Ammmmen !
- Et sa couleur ?
- Ses feuillages verts symbolisent la vie et l'espoir... Ammmen...
- On y mêle du violet, couleur de l'attente : "Adventus Domini".
- Eh !... Je sais ! Je sais traduire : “Venue du Seigneur”. C'est un moment divin.
- Bravo, tu m'épates !
- Pendant la messe de minuit, la couleur des baptisés, le blanc, se dépêche de remplacer le violet.
- On allume des cierges, c'est la fête, c'est la lumière, c'est l'espoir...
- D'accueillir le Messie !
- Il me souvient que dans l'église de mon village, une immense crèche fascinait la petite fille que j'étais. La Sainte Famille s'y abritait réchauffée par l'âne et le boeuf ; des bergers - santons, arrivaient avec leurs bons chiens et leurs multitude de moutons. Un grand Ange souriant, assis, veillait. Juste au niveau de mes mains enfantines, il tenait un coffret – tirelire, j'y glissais une à une quelques pièces de petite monnaie – je les entends encore tinter... J'étais subjuguée par l'Ange qui me remerciait – personnellement croyais-je – d'une profonde inclination de tête... Il fallait peu de choses pour émerveiller un enfant de six ans dans les années cinquante.
- Bon, bin... Pendant que tu filmes ton passé en caméra argentique, je file à la cantoch', c'est jour de frites au cordon bleu ! Et puis j' suis presque Pape ! Trop d'la balle !

 

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Défi n° 252 proposé par Zaza pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Zaza nous dit :
Pour le 31 mai 2021 et le défi N° 252,

Je souhaite, à partir de la liste de mots composés ci-dessous :

– Boîte à musique

– Brosse à dents

– Chambre à coucher

– Couteau à huîtres

– Cuillère à soupe

– Fer à repasser

– Lampe à huile

– Machine à laver

– Moulin à café

– Salle à manger

– Stylo à bille

– Vernis à ongles

 

Vous voir choisir deux noms communs pour obtenir un nouveau nom composé fantaisiste

et de m’en donner la définition, tout aussi fantaisiste.

Une, deux propositions, voire plus, seront appréciées

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BROSSE à SOUPE.

Qu'est ce qui n'est point soupe ?
Une soupe n'est ni un potage, ni un consommé, ni un velouté, encore moins un chaudeau. 
Du temps où une soupe était une tartine de pain détrempée dans un liquide chaud, du p'tit pinard le plus souvent, le soupatier en raffolait.
Si bien qu'il se retrouvait pompette dès potron-jaquet.
Sa Légitime, qui en avait assez de se coltiner tout le boulot tandis que son gros plein de soupe ronflait benoîtement, décida de remplacer le vin par de l'eau du puits.
Soupatier fit la grimace.
Soupatier maugréa. 
Soupatier gronda.
Légitime consentit à noyer quelques précieux légumes dans l'eau chaude.
Soupatier fit encore la trogne et chabrot dès que Légitime tournait les talons.
Le lendemain étant un mardi, Légitime s'en fut proposer sa récolte d'œufs au marché du bourg.
Son voisin d'éventaire se trouva être un camelot plein de verve. Son bagout attirait badaudes et badauds.
Une frénésie d'achats semblait animer ces femmes et ces hommes de la glèbe pour qui un sou est un sou.
Légitime loua l'attroupement compact de ces crédules, ils la garantissaient du vent mordant d'avant giboulée.
Elle remarqua qu'ils partaient tous de l'étal mitoyen le regard brillant et la mine réjouie, protégeant précautionneusement ce qui semblait être une poignée de crayons.
Cet état optimiste les amena à lorgner avec bienveillance sur les cocos des cocottes de Légitime. Leurs yeux reflétaient des mirages d'omelettes baveuses à la ciboulette et aux patates ; en un clin d'œil son étal se vida.
Libérée de son négoce, Légitime prêta l'oreille au discours du bonimenteur.
- Approchez bonnes gens ! Approchez ! Grâce à cette extraordinairement magique brosse à soupe, vous pourrez brosser dans le sens du poil la soupe de vos écuelles ! Pourquoi donc je brosserais ma soupe ? me direz-vous. Pour y retrouver... quelque chose !
- Quouais don' qu'on va y trouver, dis-nous y don', gros malin ? brama un rougeaud moustachu.
- Je m'en vais vous le dire !
- Dis-y don' alors !
- Vous y retrouver... des bouquets ...
-  Des pâquerettes dans ma soupe ! J' voudrais bin voir ça ! rigola un freluquet à la voix de roquet.
- Cette fantastique brosse à soupe vous révélera les bouquets de... de...?
- T'y dis ou bin t'y dis pas ! s'énerva un grand chauve.

- J'y viens bonnes gens, j'y viens ! Des bouquets... de Vin... oui, de Vin... Jaune, bonnes gens ! Et aussi de Syrah ! De Chablis ! De Riesling...
La foule se questionnait : c'est-y du lard ou du cochon ? On pouffait, on criait fariboles ! Sornettes ! Balivernes ! Au fond de sa cervelle on se disait : et si c'est p'têtre bin vrai, c'truc là ? Va don' savoir, depuis le Spoutnik, faut s'attendre à tout ...
- Hep mon gars ! D' la brosse à soupe au Banyuls, vous en auriez ti ? piaula un chaland en bombant le torse, tout fier d'avoir prononcé, sans buter, sur un nom aussi compliqué - il en épata plus d'un qui se demanda où perchait cette contrée inconnue, Bagnyoulsse... ? Sûrement aux Amériques - vous m'en mettrez une douzaine mon gars !
Il y eut des murmures d'admiration et d'envie, une douzaine de brosses, ça en fait d' la dépense...
-  Ah ! Bravo Môssieur ! Môssieur est un connaisseur ! Et voilà ! Treize à la douzaine, je vous offre en prime la brosse à soupe Grenache, vous m'en direz des nouvelles ! N'oubliez pas: vous vous concentrez, vous choisissez avec soin la brosse à soupe de votre cru préféré, vous effleurez subtilement, vous brossez délicatement votre soupe en cercles concentriques... et là, c'est l'extase !
Dans la file d'attente on se concerte.
- Eh l' Lonlon, c'est quoi que tu crois, ces concentrés de concentriques...?
- T'inquiète, c'est comme du lait en boîte...
- Ah ? Et... l'essstaze ?
- J' t'y esspliquerai mon gnolu.
Soudain, une averse fit se calter les adeptes des vignes du Seigneur.
Légitime fit une place au camelot sous son parapluie.
- Racontez voir c' que c'est que vot' brosse à soupe de bonimenteur-menteur ?
- Pas si menteur que ça ! Au moment de la taille des vignes, je ramasse chez mon voisin les branchettes évacuées. Je les regroupe soigneusement par six, en les baptisant de noms de cépages différents. J'en ai des réserves pour cinq ans au moins !
- Et la brosse ?
- Là non plus je ne mens pas, je fournie le manche de la brosse ! C'est le geste qui fait toute la magie et qui donne à la soupe, simplement frôlée, le bouquet du cépage choisi. Tenez ! Je vous offre le reste de mon stock en échange de votre abri parapluie.
Depuis ce jour de pluie, Soupatier se régale de soupe au Saint Emilion, hier, il avait préféré le brossage Beaujolais et demain sa brosse à soupe le réjouira de Romanée-Conti.
Tandis que Soupatier, homme heureux, sirote sa soupe, Légitime, elle, boit du petit lait...

 

Publié dans Défis

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Défi n° 251 proposé par Durgalola pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

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Ohé Mâtelôts !!!

Pour la 250 et une, Durgalola avait proposé que nous remettions le défi n°1, à l’honneur.

Pour la petite histoire, la communauté fut fondée par  Brunô en Août 2009,

jeux d’écritures, Haïkus, défis, poésie, amour des mots …

chaque semaine Brunô proposait son Défi   » Les môts de Tête « 

Bien des thèmes et façons d’écrire furent abordés, dans une ambiance bon enfant

Pour des raisons personnelles, la communauté fut transmise à  Tricôtine en Avril 2010,

 nommée « La Coquille de noix«  par les croqueurs en hommage à son ancien capitaine.

Et c’est en quatorze de l’an deux mille

que la commandante Dômi

recevait à son tour le célèbre chapô .

C’est grâce à Eglantine, 1er Vétéran,  décorée Miss Coquille par le fondateur Brunô,

que j’ai pu remonter au tout premier défi  de Brunô.
...........................

Pour le défi du lundi 17 mai

« Ecrivez un texte avec 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10 insérés dans cet ordre dans votre récit."
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- Snifff...
- Qui pleurniche par ici ?
- C'est moi... sniff... le zéro... sniff... Maître Déchifre...
Maître Déchifre est chef des chiffres, il n'y peut rien, c'est sa destinée.
- Qu'est ce qui te fait larmoyer, super zéro ?
- Les autres ...
- Quels autres ?
- Tous ! Tous les autres chiffres...
- Que disent-ils ?
- Que je suis nul et que ma boule à zéro me fait une bouille de tête à Toto.
- Convoquons-les. Ils se présenteront. Tu pourras dire ce que tu penses de chacun d'eux... après avoir tourné sept fois ta langue dans ta bouche !
Sitôt dit, sitôt fait.

Tandis que Maître Déchifre s'installe confortablement sur la table de Pythagore, zéro choisit celle de ping - pong.
Le défilé peut commencer.


- Chiffre 1 veuillez débuter le défilé.
- JE suis UN, fier et élancé. J
E suis le TOUT. JE suis chef d'une lignée infinie. JE suis toujours sur la marche la plus élevée du podium.
Zéro - L'estrade ne résistera pas au poids de tes chevilles enflées... Oseras-tu aller jusqu'au titre d'ennemi public n°1 ?


- Chiffre 2, votre silhouette de cygne consent-elle à flotter jusqu'à nous.
- Mon double aime à dire que les
deux font la paire et qu'ensemble nous allons couper la poire en deux.
Z - Ni une ni deux, je te décerne le prix du bon cœur, le deux !

- Chiffre 3, voulez - vous bien vous montrer, je ne vous aperçois pas...
- C'est que je suis haut comme trois pommes et pourtant symbole des Mousquetaires, excusez moi du peu !
Z - Sans oublier les trois petits cochons !


- Chiffre 4, même debout vous semblez assis sur un siège pliant, qu'est ce qui vous fatigue autant ?
- Rendez-vous compte, Air, Feu, Terre, Eau, c'est moi. Est, Nord, Sud, c'est moi aussi. Mathieu, Marc, Luc et Jean, c'est moi encore, sans oublier les quatre coins du monde...
Z - Pourtant tu trouves encore le temps de couper les cheveux en quatre !


- Chiffre 5, me recevez-vous ?
- Je suis bien placé pour vous recevoir cinq sur cinq puisque je contrôle les cinq sens et également, les cinq continents ! D'ailleurs j'y croise parfois mon pote le quatre.
Z - Il paraît qu'à vous deux vous êtes comme les cinq doigts de la main...


- Chiffre 6, avancez donc votre bedaine avantageuse !
- Je ne suis point pansu. Seulement un peu pelotonné pour mieux accompagner les roulés-boulés du dé, ce petit cube lancé par le joueur qui m'espère, qui me souhaite "allez allez ! le six le six..."
On dit aussi que six jours furent nécessaires pour créer la Terre; j'en suis très fier !
Z - Ce n'est pas un travail bâclé à la six quatre deux.


- Chiffre 7, c'est à vous.
- Drapé dans les sept couleurs de l'arc en ciel, sept jours par semaine je me félicite d'être le cycle parfait.
Je suis Saturne en plomb, Jupiter en étain, Mars en fer, Vénus en cuivre.
Je suis Mercure, je suis Lune argentée  et Soleil doré.
Je chausse mes bottes de sept lieues et je deviens Maître du Monde.
Z - Souviens- toi que l'orgueil fait partie des sept péchés capitaux...


- Chiffre 8.
- Voué à l'octo, je ne suis pas un rigolo.
Octogone : "polygone à huit sommets, l'aire d'un octogone est.. " Quelle complication... on laisse tomber.

Je suis aussi pieuvre octopode, temple grec octostyle.
Je ne fais que dans le sibyllin, dans l'hermétique. Je contrarie, je choque, j'irrite, je rebute, bref, je ne plais à personne...
Z - Détrompe-toi l'ami ! Je t'aime parce que tu es aussi "octobre", mon mois à moi ! Et souviens-toi de nos fous rire et de nos trouillomètres à zéro sur le Grand 8 !


- Chiffre 9, confirmez moi que vous n'êtes point le chiffre 6, en pirouette ?
- Que nenni, je suis bien neuf comme un sou neuf !
Z - Sans doute pourrais-tu nous en donner la preuve par neuf...


- Mon cher zéro, tu as pu te rendre compte que chacun des chiffres a des atouts mais aussi des failles.
- Merci cher Maître, ce défilé terminé, je...
- Qu'entends-je ! DÉFILÉ TERMINÉ, non mais je rêve, et moi alors ?
- Vous êtes ?

- Le 10 !
- Le DIX n'est point un chiffre mais un nombre, tu n'as pas place en ce défilé, précisa le Maître.
- Pourtant, j'ai plus de valeur que tous ceux qui viennent de se pavaner.
- Et pourquoi donc ? insista Maître Déchifre.
- Ben... grâce au ZÉRO, c'est évident.
- Eh bien voilà ! Tu es enfin mis à l'honneur cher zéro ! Vas-tu finir par prendre conscience de ton importance.
- Lorsque nous terminons une partie de belote en "dix de der", je rêve de danser mambo-mambo, en pas de deux avec le grand UN... Dès aujourd'hui ça va matcher, foi de ZÉRO !

 

 

 

La troupe des dix :

De gauche à droite :

1 Claudette, qu'on appelle "Grenouille."
2 Rominou
3 Marie
4 Poupoule

5 François plus connu sous le surnom de "ptiot Pitchin"
6 Gaston, mais qui répond au nom de "Bilot "
7 Luigi, le petit italien
8 & 9 Gustave et Octave, "les Tatave"
10 "Saint Exupéry" le mouton 

Publié dans Défis

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Défi n° 249 proposé par Laura Vanel Coytte pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Laura Vanel-Coytte  nous dit : "C’est un jour férié qui sera à l’honneur comme le lundi de PÂQUES ( jour où j’ai écrit ce défi) ou celui de PENTECÔTE (à venir). Je ne veux pas entendre parler de PÂQUES ou de PENTECÔTE, mais de ce qu’on fait de ces lundis fériés qui ne sont pas que des jours de fête religieuse ou de commémoration laïque, mais des jours où beaucoup de Français ne travaillent pas."

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Trois coups de klaxon.
Le hameau vibre.
Des chiens jappent, les vaches bloquent leur rumen, les basses-cours décanillent en vrac.
Surpris, le Guste a failli avaler son mégot, il s'appuie sur sa pioche, zieute et tend l'oreille pour essayer de deviner "Où c' qu' ille va don', c' t' auto ?"
Le Justin, des clous plein la bouche, lâche son marteau, repousse sa casquette, gratte son crâne ridé  "Qu'est ce qu' eine auto peut bin v' ni' faire pou ique, in lindi... ?"*
La moitié de ce petit village jurassien est perplexe.
Il faut dire que nous sommes le vingt sept mai 1950 et que seuls deux engins à moteur circulent dans le secteur, deux Renault 4CV - dites Quat' pattes - des jumelles couleur motte de beurre. La "beurre frais" c'est celle du médecin, la "beurre terreux", celle du véto.
Par ici, on n'a pas d'automobile, on marche - les sabots sont faits pour ça.
Certains ont un vélo qui crève une fois sur deux sur les cailloux du chemin. Résultat, ces pionniers redeviennent marcheurs; à quoi bon dépenser les sous que l'on n'a pas pour un vélo immobile ?
Pour répondre à l'invitation de la parentèle alentours les dimanches carillonnés, on peut heureusement compter sur un Fakir, un Bijou ou un Baron, placides chevaux comtois attelés au chariot de la ferme.
Pour l'heure, ce bruit de moteur inconnu, un lundi, en milieu de matinée, intrigue les habitants des parages.
" Vouais-te, prédit l'Abel à son Anaïs, j'crais bin qu'ille va veus l' quart dès bous...*
" Veus chu le R' né ?"
" Chu le R' né, t'âs râison... Qui c'qui s'rot don' ...?
" I s'rot -ti yeutés queusins d' l'Ain ?
" C' tès qu' fêbriquant dès pignes à pe dès boutons in bakélite ?
" À Yonnaix, don'..."
" Bin nom de nom ! Es ant don' èn' auto... ? I' est ti l' pactole c'ta bakélite ?...
 "Faut craire..."

Notre famille est seule à connaitre l'origine des coups d'avertisseur.
La semaine précédente, notre voisine, bonne fée de la cabine téléphonique publique, a couru jusqu'à la maison en criant haut et fort " Le R'né ! Les dames du téléphone vont t'passer ton queusin l' Jean d'Yonnaix, chais pas c'qui veut t' dire, i veut t' causer qu'il a dit !".
Le cousin Jean avait confirmé leur venue à la ferme en précisant "je f' rai du tintouin avec mon klaxon en passant devant chez l' Lulu, cette vieille carne qui m'a cassé mon harmonica il y a trente ans... cré bousin d' bousin... Ça me défoulera et, au bruit, tu sauras qu'on arrive !"
Mon frère et moi, trois et six ans, faisons le guet.
Dès que nous apercevons "l'Automobile" nous courons, tout fous-fous jusqu'à la maison, en claironnant " les v'là, les v'lààà !"
Le R'né, la Fernande et les grands parents sortent vivement de l'huteau * alors qu'une LA rutilante Renault Celtaquatre entre dans la cour de la ferme.
Cousins de la ville et cousins des champs se tricotent en joyeuses embrassades.
Les uns veulent tout savoir de la vie des autres, depuis un an ! Questions - réponses s'entrecroisent en méli - mélo enjoué !
C'est une tradition, le lundi de Pentecôte est réservé aux cousins de l'Ain, ils ferment leur usine de celluloïd et nos parents, ce jour là, bien que ce ne soit pas un dimanche, délaissent exceptionnellement les travaux des champs ! Ce matin ils ont pourtant assuré le soin aux animaux et la traite des vaches, ce soir ils recommenceront, c'est leur rôle trois cent soixante cinq jours par an.
Ce lundi particulier n'est qu'une petite récréation d'une demi-journée en l'honneur des cousins d'Oyonnax.
L'Jean, très fier, dévoile au R'né les entrailles sa Celta - sans doute pour vérifier qu'en deux heures de route il n'a pas égaré ses précieux quatre cylindres et ses huit soupapes latérales !
Le reste de la troupe caracole et s'extasie bruyamment des cochons aux poules, des poules aux lapins et des lapins aux vaches.
Aucune des bestioles ne semble impressionnée, ni par l'indéfrisable, les socquettes blanches et le collier de perles de la plus jeune des cousines, ni par le tailleur à pochette et la broche arc en ciel de l'aînée.
Seule Mirka, la petite chienne de la ferme, s'offusque lorsque l'une d'elles agite devant sa truffe un foulard de mousseline, elle le happe et le déchire à pleins crocs. La cousine, d'abord éberluée, part d'un grand éclat de rire. L'incident est clos dans la bonne humeur (qui met en valeur la bouche maquillée "Rouge baiser" de la jeune fille de la ville !)
Le Jean nous hèle.
On doit se regrouper autour du coffre de sa Renault qu'il ouvre lentement sur une multitude de cadeaux.
Il y en a pour toute la maisonnée : de poignées de boutons, des peignes estampillés au nom des cousins, un "baigneur" et une poupée en celluloïd... nous, les p'tits, on en reste babas !
Les cousines ont même pâtissé, de superbes choux à la crème. Au moment du dessert, l'un de ces délices, extraordinairement dodu, est proposé au R'né - sa réputation de gourmand a franchi les départements - un peu gêné d'être ainsi favorisé, il se fait légèrement prier pour finalement l'accepter. Très vite il s'aperçoit qu'il a été dupé: son chou moelleux n'est qu'une coquille vide, sans une once de crème ! Chacun s'en amuse, lui le premier !
Et puis ils ont chanté, c'est une façon agréable de clore les repas familiaux - notre père et les cousines, musiciens amateurs, ont de belles voix - tout le monde participe, sans jamais dégénérer en "faire du bruit" (ce terme actuel si détestable ), seulement pour être en harmonie.
Cet unisson fait chaud au cœur. À partir de petits plaisirs simples, il tisse de solides souvenirs encore vivaces septante années plus tard...
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* Qu'est ce qu'une auto peut bien faire là un lundi ?

* Vois-tu, je crois bien qu'elle va vers le quartier des bois.
   Vers chez l' René ?
   Chez l'René, tu as raison... Qui ce serait donc ?
   Est ce que ce serait leurs cousins de l'Ain ?
   Ceux qui fabriquent des peignes et des boutons en bakélite ?
   À Oyonnax, donc.
   Ben dis donc, ils ont une auto ? Est ce que ce serait le pactole cette bakélite ?
   Faut croire...

* Huteau : pièce principale, aussi bien cuisine, salle d'eau que lieu de vie.

 

Publié dans Défis

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Défi n° 248 proposé par Durgalola "Petites graines" pour les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

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Durgalola donne les consignes :

Chères  moussaillonnes et  chers moussaillons. Je vous souhaite bonne écriture.

extrait du journal IX  – GRATITUDE de Charles Juliet (2004/2008)

« On m’a demandé d’indiquer les dix mots que j’affectionne.

Les dix mots qui ont pour moi une signification particulière.

Quand j’ai voulu les rassembler, j’ai préféré ne pas trop réfléchir.

Il fallait qu’ils viennent spontanément.

Je les livre en désordre, car il ne peut y avoir entre eux de hiérarchie.

COMPASSION – MÈRE – TERRE – MUTATION – LUMIÈRE – CENTRE

SOURCE – VOIX – REGARD – ÉCOUTE

Vous écrirez un texte avec ces dix mots ou si vous le souhaitez, avec vos dix mots préférés.
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Ma mère partageait les difficultés du petit peuple de son jardin.
Elle éprouvait de la compassion envers le monde du tout petit-riquiqui.

Dès la fin de l'hiver - début de la grande mutation du vivant - chaque jour elle passait l'inspection.
Ce potager fleuri aux allées d'herbe à vaches était son centre d'intérêt.
Avant d'y pénétrer, le rituel variait peu. Par temps frileusement humide elle chaussait des bottes - des espadrilles par temps sec - emprisonnait sous un tablier de jardinier une veste qui avait perdu sa teinte mais  conservé les
côtes de son velours. Elle aplatissait son chignon sous un navrant capuchon de pluie en fin de carrière - un chapeau de paille effiloché le remplaçait les jours de belle lumière.
En toutes saisons, elle entassait dans la poche kangourou de son rustique tablier bleu un petit sécateur (utilisé essentiellement dans le but de rabattre le caquet d'une plante orgueilleuse tchac qui tenterait d'étouffer une de ses congénères plus timide), des ficelles de chanvre tuteur des faibles), un carnet rouge - sa bible du jardin - et un Bic quatre couleurs.
Très importantes les quatre couleurs. Vous l'allez constater.
Lorsque son front alignait deux plis soucieux, on pouvait parier que la couleur noire allait être dégainée :
"28 mars : trois turricules à l'est de la rhubarbe, versus sept le 15 mars."

Elle était sans doute la seule dans le village à comptabiliser les tortillons de "crottes" fertilisantes  abandonnées par les vers de terre ; si les lombrics avaient fait leur valise, c'était le signe d'un sol en souffrance : peu vivant et qui respirait de plus en plus mal. Elle allait redoubler de vigilance.
Au début d'un printemps particulièrement sec, la source au fond du jardin était quasi tarie, j'ai croisé ma mère qui trimballait un lourd arrosoir plein à ras bord.  Elle consentit à ce que je lui vienne en aide tout en m'expliquant qu'elle avait croisé une hirondelle dépitée ??? - incident à consigner en noir sur le carnet rouge... Elle déversa petit à petit l'eau sur le bord de la source et se mit à piétiner avec énergie, au risque de piquer un gadin dans la gadoue qu'elle provoquait.
Histoire, pour elle, de reprendre son souffle et, pour moi, de me remettre de cette danse de la glèbe, nous nous assîmes un peu en retrait. Presque aussitôt, à la grande satisfaction de ma mère et à mon grand étonnement, ce n'est pas une hirondelle qui piqua comme une flèche dans la boue, mais cinq, les unes après les autres qui vinrent, sans cesser leur vol, se servir en matériau de construction ; pour sûr, leurs nids seraient les plus costauds du secteur !
J'étais éblouie par cette communication muette, par cette écoute des besoins de plus petit que soi, j'en perdais la voix.
Tant que dura leur manège affairé, ma mère ne les quitta pas du regard. Tout comme elle avait déjà consigné peu de temps au paravent " Toiles d'araignées de la cabane à outils = fils d'assemblage des mousses et lichens pour mésanges longue queue. Interdiction de dépoussiérer", elle ajouta, en vert souligné de rouge " Boue pour arondes " .
Et la couleur bleue me direz-vous ? Elle la réservait aux croquis, celui d'une coccinelle tombée sur le dos qui pédalait désesp
érément dans le vide, qu'elle aida à se remettre sur pattes, ou celui d'un jeune lézard sauvé de la noyade par le petit fagot de branchages qu'elle avait placé dans le bassin.
Un jour lointain, quelqu'un n'aurait-il pas dit "Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens..."?

                                                                               ..................
Remarque : Ce texte léger est une manière de rendre hommage à l'humanité de Monsieur Charles Juliet, sans dévoyer la profondeur de son œuvre.

 

Publié dans Défis

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