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Défi n°295 piloté par la capitaine Domi.

Publié le par François & Marie

" J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle... "

Pour corser la chose, vous introduirez dans votre texte les mots suivants ...

Manivelle, ablation, poivre, anniversaire, boutons, vert, avion, flacon, explosion, mariage

La manivelle

 

- Bien le bonjour, voisine ! Alors ? L'automne est là , ça nous donne bien de l'ouvrage …

- Moui … enfin, surtout pour celles qui savent tenir un balai, je te ferai dire.

- Ah Capucine, toujours le mot pour rire.

 

Marie-Ange et Capucine sont voisines, elle ne manquent jamais une occasion pour papoter ou cancaner sur les derniers potins du bourg.

 

- Et à part me déranger, qu'est ce que tu racontes ?

- Eh bien figure toi que j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle...

- Ah ah … Vas-y voir pour la mauvaise nouvelle ?

- Ben tu sais l'Henri, le cousin du Manu, qu'est marié avec c'te vourie de Jeanne.

- La belle-sœur de Toine ?

- Voui, celui qui sait pas tenir une place à cause de la bouteille. Et ben l'Henri, y s'est pris un coup de manivelle dans les particules et il paraîtrait qu'il risquerait une ablation .

- Ah ben dis donc, c'est de famille, parce que le Claude Niflet, son grand-père du côté de sa mère...

- Les Niflet du Val-Dessous ? Qu'avaient fêté leur anniversaire de mariage chez l'Jeannot, même qu'il avait dû fermer quinze jours pour tout nettoyer ?

- Oui, et ben le Claude avait perdu l'usage de ses tubercules après une violente explosion à l'usine . On avait dû l'ablater sur place et sans anesthésie hein, encore heureux que le père Grondin avait toujours son flacon de gnôle au poivre sur lui.

- Le père Grondin du Val Dessus ?

- Celui qui peignait des petits avions verts sur le mur de la mairie, oui, la gnôle devait pas mal l'inspirer faut dire. Eh ben avec sa liqueur à 72 °, le Claude n'a pas senti grand chose, c'est a peine s'il se souvenait de l'explosion. Mais tu disais que l'Henri ... ?

- Un bon coup de manivelle, il essayait de démarrer l'auto et paf !

- Ah ben ça... il faudrait bien qu'un jour on n'ait plus qu'à appuyer sur des boutons pour mettre en route ces fichus engins...Et alors, la bonne nouvelle ?

- Ben, maintenant il a attrapé une voix tout aiguë et ça tombe bien parce qu'on manquait de monde à la chorale du dimanche.

Publié dans Défis

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Défi n° 294 proposé par Jeanne Fadosi pour les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

"Illustrer à votre manière un monde où le temps serait aboli".

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C'est le début de l'éternité.
Le Maître du Monde propose un casting; il lui faut deux candidats pour  deux CDI éternels : "Maître du temps qu'il fait" et
"Maître du temps qui passe".
Des milliards de postulants se bousculent au portillon; quoi de plus alléchant que ce genre de sélection ?
Renversant ! En quelques secondes le choix est fait... N'oublions pas que le Maître du Monde est aux manettes.
Il demande aux heureux élus de se présenter brièvement. Le temps presse.
- Je suis Mais-Théo. Depuis tout petit, j'aspire à faire la pluie et le beau temps. Autour de moi on s'est toujours moqué : mais Théo, tu n'as pas les pieds sur terre... Mais -Théo, c'est impossible ! Mais -Théo tu as attrapé la grosse tête... Tous ces incrédules et leurs "mais -Théo" ont conforté ma certitude, je serai Maître de la météo !

- Moi, c'est Tic Tac. J'ai toujours été hypnotisé par le rythme régulier des horloges. Le temps qui passe me fascine.
Il n'en fallait pas plus pour que le Maître du Monde les adoube l'un l'autre et rejette aux oubliettes les  milliards d'individus non élus.
Depuis, sans répit, inlassablement,
ces deux là sont aux manettes de l'univers pour l'éternité.
Rien ni personne n'a jamais réussi à les désamorcer. Ils n'ont ni le temps de se parler, ni de se regarder.
Ils sont assis sur des liasses de billets qu'ils n'ont nullement le loisir de dépenser, alors que les candidats malchanceux,  plus pauvres qu'eux, savent ce que signifie cueillir le vent dans les chênes et écouter pousser les champignons (ils ont même le loisir d'inverser les actions !)
Pourtant, un jour pas comme les autres Tic Tac pousse un long soupir.
Aussitôt le temps hoquète. Une maille du tricot éternel vient de se perdre; impossible de la rattraper.
Mais -Théo s'inquiète.
- Oh l
à Tic Tac ! Tu es aussi pâle qu'un cadran d'horloge comtoise, aurais-tu un souci ? 
- J'asphyxie... Je suffoque... J'en ai plein les rouages de mon commerce du temps à perpétuité. J'arrête tout. J'envoie balader la chronologie du matin, midi et soir, je me moque de chambouler les rythmes circadiens de nos horloges biologiques. Je ne vérifie plus du tout que les heures ont toujours soixante minutes; désolé pour notre Simone SNCF qui va en être traumatisée, elle qui se coltine déjà les multiples erreurs de quais. Dorénavant, je ne vérifierai plus jamais que les anniversaires des messieurs défilent régulièrement et qu'en revanche, par galanterie, l'âge des dames rétrécisse de quatre ans tous les ans  (ce qui m'obligeait à de diaboliques calculs). Vive la liberté du temps perdu !
- Formidable idée, s'écrie Mais-Théo, tout comme toi je vais me simplifier la vie : au lieu de saupoudrer par ci par là un peu de soleil, de pluie, de gel et de vent, je vais tout unifier par ordre chronologique. Lundi, gel sur toute la planète; le mardi neige pour tout le monde, le mercredi pluie sur tous les continents. Le jeudi, soleil partout. Des vents froids ou tièdes ou brûlants le vendredi. Nuageux avec des précipitations de grêle glacée les samedis et dimanches (histoire d'enquiquiner les nantis, organisateurs de raouts sur leurs yachts ou de garden party dans leurs garden aux pâquerettes alignées au cordeau). Ces mêmes jours, soleil et belles éclaircies sur les non-nantis qui pourront piqueniquer dans les fourmis avant d'aller à la kermesse pêcher des poissons rouges déteints et s'empoisser de barbe à papa.
Pendant que les deux esclaves désentravés vivent leur liberté retrouvée, le Maître du Monde s'arrache les cheveux. Les grenouilles coassent de rage, les limaces muettes d'indignation allongent leurs cornes et frôlent l'exorbitation. Les marchands de bottes, de tongs, de fourrures synthétiques, de cagoules, de voitures décapotables agitent des calicots vengeurs sur toute la planète, accusant ceux qui les gouvernent d'être responsables de cette chienlit. Seuls les moustiques restent imperturbables et piquent à tout va, maudites bestioles.

Le Maître du Monde désormais chauve, se jure bien de ne plus jamais mettre deux oeufs dans le même panier.

- Heu... Théo ça va durer longtemps ce temps ? j'ai une course à faire moi  !

- Laisse le temps au temps Tic Tac, tu seras forcément dans les temps .

 

Publié dans Défis

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Les muses à musées

Publié le par François & Marie

Défi n°293

proposé par Jill Bill pour les Croqueurs de Mots.

Inspiration d'après tableau détourné

«Jeune fille à la perle version 2024 »

 

 

Dans le quartier de Montparnasse, il n'est pas rare de croiser des artistes qui rêvent de célébrité, des galeristes de fortunes, des mécènes défraîchis et des amateurs d'art qui n'y connaissent que couic. On y croise également de jeunes modèles qui louent leur plastique à d'honorables peintres ou de besogneux sculpteurs.

Ingrid et Mona sont de celles-ci et aiment papoter à la Closerie des Lilas, une pause entre deux poses. (à noter qu'elles fréquentent plutôt le kebab local, chez Ozgür,  quand la Closerie est close. Précision importante, une assiette de kefta tomate-salade-oignon est bien moins dispendieuse qu'une tasse de Darjeeling à la Closerie) . C'est dans ce cadre que nous rencontrons nos deux muses à musées.

 

- Alors Mona, tu travailles toujours avec ton Léonardo ? Il devrait avoir fini depuis le temps .

- Ah la la, ne m'en parle pas, il coince sur mon sourire, qu'il dit … pas assez énigmatique, trop pincé à ce qu'il paraît,et nanani et nanana... moi je crois qu'il ne sait pas tenir un pinceau et pis c'est tout !

- Moi je crois surtout qu'il en pince pour toi et que c'est un prétexte pour te faire poser tous les jours. Il paye bien au moins ?

- Moui, il n'y a rien à dire, trois florins la séance, mais ça fait deux ans que ça dure quand même, c'est beaucoup pour un sourire. Et toi Ingrid ? Toujours avec Johannes ?

- Janosh ? Oui... Oh, celui là c'est un peu pareil, ça fait trois mois qu'il coince sur ma boucle d'oreille, il n'aime pas celle que j'ai en ce moment, trop classique.

- La perle là ? Elle est sympa pourtant.

- Monsieur voudrait autre chose , genre ananas en vermeille, ou plumes de pingouin. Déjà que je dois porter ce torchon sur la tête, parce que ça fait « femme du peuple », mais il n'en est pas question c'est la perle de ma mémé, et j'y tiens beaucoup.

- Tu lui as dit ?

- Tu parles, bien sûr, mais monsieur Johannes est un artiste ! Il en fait toute une élégie, pour se morfondre et me prier de céder à ses caprices .

- Une complainte élégiaque... comme c'est romantique, et tu n'as pas cédé ?

- Non, ce sera la perle ou rien ! Bon, cela dit il me paye aussi trois florins, c'est toujours ça de pris.

- Tu devrais lui faire ce regard implorant de chatte énamourée, ça les fait toujours craquer .

- Pas bête ça.. et toi Mona tu devrais lui tirer la langue à ton Léonardo, ça pourrait lui donner des idées.

- Pourquoi pas... d'autant plus qu'il cherche un logo pour un nouveau groupe de rock.

- Trop cool... On prend un selfie ?

-Allez !

 

 

Publié dans Défis

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La carbure à Jojo

Publié le par François & Marie

Défi n°292 proposé par la capitaine Domi pour les Croqueurs de Mots.

" Créer un texte en utilisant des mots d'argot."

Jojo le Merlu n'avait pas la conscience tranquille.

Lui d'ordinaire si serein face à certaines déconvenues, souffrait ce matin des affres de la perplexité.

Sans doute avait-il connu la veille, quelque déboires avec ses acolytes dans une sempiternelle mésaventure. Ses affidés lui cherchaient-ils querelles ? Avait-il un poids sur le cœur à soulager ?
Afin d'apaiser celui-ci, et parce que ses origines siciliennes lointaines le lui commandaient, il décida d'aller à confesse dans le premier lieu de culte venu. La modeste église de Sainte Kevina l'Illuminée était sise à quelques pas de là.

 

- Soyez le bienvenu dans la maison du Seigneur, mon fils, comment puis-je vous aider sur le chemin de la foi ?

- Ben, l'abbé, j'voudrais me... me récurer, me déboutonner, vider mon sac quoi !

- Ah, si je comprends bien, vous souhaitez vous confesser...

- Oui, c'est ça, me bonir au ratichon !

- Je vois, suivez moi, nous allons ensemble prier pour le salut de votre âme.

- Oui enfin j'ai pas trop envie de faire le grand plongeon, juste me laver un coup quoi.

- Je comprends, répétez après moi : «  pardonnez moi mon père car j'ai péché »

- Oui , heu , faites excuse, daron, si vous pouviez écraser le coup, car j'ai un peu merdé .

- Hum... bien... heu, je vous écoute.

- Bon voilà, Le boudin à Fernand la Pince m'a joué un sale tour.

- Le boudin ?

- Ben oui, sa guenuche, sa carabosse, sa régulière quoi !

- Son épouse donc.

- Moui, sa momie, eh ben cette guenon s'est barrée avec toute mon artiche, ma fraîche, que j'avais honnêtement gagné aux brèmes.

- Aux … ?

- Au poker. On jouait tranquillement, y'avait que du beau linge : Fernand La Pince, Aziz le Tatoué, Gros Nin nin, et la danseuse du Fernand donc.
À un moment, j'avais une sacrée portée, des figures commac , avec un brelan pareil je pouvais pas passer au travers, Et croyez moi ou pas ! La danseuse du Fernand m'a monté dessus ! Avec un carré de religieuses qu'elle sortait de je sais pas d'où, la maquilleuse, la biseauteuse : j'étais complètement décavé. Alors j'ai demandé à Fernand de me refaire, qu'il me file un peu de caillasse que je lui rendrais au prochain coup, voyez ?

-  …

- Eh ben ce faisandier n'a rien voulu savoir, trop content que son boudin ait palpé toute ma carbure. Alors c'est là que j'ai commencé à en faire une terrine: j'ai sorti mon soufflant, un brûle parfums de 8 mm que j'ai dégoté aux puces de St Ouen et j'ai dézingué tout le monde, je leur ai fait passer le goût du pain ! Et croyez moi , y'avait des miettes partout.

- Tout le monde ?

- Ben non, justement ! Pas la morue à Fernand, qui s'est carapatée avec mon oseille ! Elle a profité de la panade générale, pour s'esbigner, se faire la malle, se tirer des flûtes quoi !

- Mais mon fils, c'est très grave ce que vous nous dites ...

-Ah bah grave oui, je veux mon neveu : d'autant plus que cette oseille vous était destinée pour la quête de dimanche, rapport au toit qu'est pas en état. .

- DE QUOI ? Elle est partie où cette morue ? Passez devant, je vous suis, une obole est une obole , et on ne va pas laisser une pécheresse s'enfuir avec !

- Bien dit, cureton, je prends mon brûle parfums au cas où.

Texte et dessin de François ! Signé Marie de Cabardouche.

Publié dans Défis

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Défi n°282 "Joli mois de mai" proposé par Rose pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

"Votre enfance au mois de mai, ou pas."
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En 1950, j'ai six ans, mon frère trois.
Le jour de sa naissance je lui ai mandé "Regarde ta grandeu soeur".
Il n'a pas daigné ouvrir l'oeil, ça m'a un peu vexée.
Nous grandissons dans un petit village franc -comtois du bas jura -  246 mètres d'altitude - pas de quoi avoir le mal des montagnes.
Notre horizon ? De la chlorophylle, des animaux, des oiseaux, des prés, des bois, des champs labourés, des futaies trouées d'une dizaine d'étangs où les moustiques batifolent au ras du bâillement des carpes et carpillons; nos plages sont d'herbes folles et de roseaux où s'égarent les couleuvres d'eau.
En été les mares sont partagées entre canes et canetons et les pêcheurs en herbe qui accrochent une ficelle à un bâton, un bout de chiffon rouge est censé attirer les grenouilles.
En hiver sur la glace épaisse on patine en sabots, les joues sont aussi rouges que les genoux qui brûlent de froid, on rit, on se poursuit, on se rebelle, on se rabiboche. Quels chouettes souvenirs !
Quelques trois cents habitants. Hormis un artisan sabotier patenté, un couple d'instituteurs et un curé, les villageois sont des cultivateurs. Ils se coltinent avec la terre qui les casse en deux, attellent un boeuf ou un cheval (pour les plus rupins) et labourent, hersent, fauchent le foin, le blé, l'orge, l'avoine et le maïs et les engrangent.
Dans chaque famille les enfants, dès dix douze ans aident aux travaux des champs ou de la ferme pendant les congés scolaires. Ça n'est pas le bagne et nous sommes tous logés à la même enseigne !
Au moment de la fenaison, tous les bras sont les bienvenus. On nous met un râteau dans les mains. Ces petits engins inoffensifs vous échauffent les paumes et les couvrent d'ampoules qui brûlent. C'est, paraît-il, le métier qui rentre !
On échappe au désherbage autour de chaque pied de pomme-de-terre, de chaque plant de maïs et de chaque cep de vignes, on craint que nos coups de pioche inexpérimentés zigouillent les tendres végétaux. On remercie saint maladroit et on file jouer aux billes dans un coin sableux du verger.
Les enfants ont leur rôle à jouer auprès des animaux. Ils donnent le trèfle aux lapins, ont en charge la pâtée des volailles et le ramassage des oeufs. Ils apprennent à éviter les coups de becs sournois et savent endormir les poules en les berçant doucement. Ils comprennent qu'ils ne doivent pas mettre la main dans les nids douillets des lapereaux, la mère lapine les renierait et ne les nourrirait plus...
Garder les vaches dans les prés bordés de bois et de ruisseaux à écrevisses est une récréation qui draine les meilleurs copains; les dociles montbéliardes broutent paisiblement et ne cherchent guère à vadrouiller dans le champ de blé d'à côté. Grand bien leur fasse, leurs gardiens les oublient carrément; construire des cabanes en branches, fumer de la barbe de maïs et grignoter les tartines du goûter les occupent à temps plein !
Sans contrainte on nous initie à la traite des vaches montbéliardes, on boit des bols de lait mousseux, on partage avec la petite famille hérisson qui s'en régale.
La vente de lait (à comté) livré matin et soir est le seul revenu fixe pour les trois générations qui vivent sous le même toit.
C'est pourquoi les parents nous ont "chanté Manon" un certain soir.
Quel plaisir lorsqu'ils nous confient la responsabilité de transporter le produit de la traite sur une petite charrette en bois jusqu'à la fromagerie.
La courte promenade au travers du village sans voitures est un jeu agréable, juste une légère montée à affronter. Chacun tient un côté de la poignée du petit carrosse.
Un soir, au moment de l'Angélus, le diable que les cloches n'effraient pas,
a soufflé à mon oreille et à celle de mon frère que son aidant respectif est un peu cossard et ne tire que très très mollement sur la poignée.
En douce chacun vérifie si ce diable de diable dit vrai et lâche la poignée histoire de vérifier; ce soir là sans le savoir nous avons lâché la poignée en même temps... Résultat, une cinquantaine de litres de bon lait tiède et crémeux est venue nourrir la route empierrée... Le retour fut penaud , sans félicitations du jury...
Les abeilles nous sont familières, on nous apprend à respecter les ruchers, on nous explique la vie de ces travailleuses qui fabriquent inlassablement ce bon miel qui nous régale en tartines !
Les soirées d'hiver on fait des veillées entre nous. On colore des albums , les hommes de la maison tressent des paniers, les mamans tricotent, le chat sur les genoux, en écoutant une pièce de théâtre sur la TSF ! Certains soirs papa joue de l'harmonica, on l'accompagne en chantant.
On "veille " souvent entre voisins, on joue aux cartes ou on dépouille joyeusement le maïs ensemble, des collations gourmandes prolongent agréablement les soirées.
Le premier mai, chacun prend son vélo et file vers le bois voisin à la recherche d'un bouquet de fraîcheur et de clochettes, le fameux muguet (je continue à en trouver au même endroit qu'autrefois.)
Auparavant on est allé récupérer sur la place de la mairie divers objets et outils que des jeunes gens sont  venus subrepticement enlever dans chaque maison pendant la nuit.
On leur pardonne volontiers ces rapts traditionnels puisqu'en même temps ils déposent "les mais" -  grandes branches de charmille pour charmantes filles - devant la porte des filles à marier.
Leur bric à brac est parfaitement aligné, comme à la parade ! Il débute par des pots de géraniums, des brouettes, des arrosoirs, des échelles, en passant par la niche du bon gros chien de berger, jusqu'à "la cabane d'aisance du fond du jardin " (une année le propriétaire s'était endormi dans la sienne il a été enlevé avec son bien. Les jeunes en ont fait une jaunisse quand il les a interpelés dans le silence de la nuit !)
C'était une enfance de plein air, d'entr'aide, de grillons de sauterelles, d'ampoules aux mains, de rires, de genoux égratignés, de moments préoccupants, de jours gais, de cerises maraudées; pas de vacances lointaines, la TSF et les livres étaient nos moments d'évasion.
Allez raconter cette enfance aux nouvelles générations, elles ne vous croiront qu'à moitié ou vous plaindront pour cette existence de malheureux dinosaures ! Laissons-les dire.

 

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Défi n° 279 proposé par Zaza Rambette pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Je vous demande de faire un texte rigolo en utilisant des liaisons « mal ta propos » du genre : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira-t-à toi. »
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- Eh Asdecuir ! Quel plaisir de te revoir !
- Pataquès ! Tu es là sain z'et sauf ! J'étais bien z'anxieux quand tu t'es n'enfui... J'ai été étonné que ça n'aie pas fait z'un bruit dans la presse.
- J'avais t'acheté les journalistes - certains n'étaient pas blanc bleu, alors un peu plus un peu moins de taches ça n'est pas grave - Discrètement je suis donc z'allé z'à Pétaouchnock.
- ... Tu es vraiment z'impayable ! La preuve c'est toi qui paies les journaleux ! Combien ? Cent z'euro ? Mille z'euro ?
- Je leur aurais donné jusqu'à mon dernier reuro pour qu'ils m'oublient...
- Pourquoi Pétaouchnock ?
- Pour me retrouver dans un z'havre de paix au pays des arcs k'en ciel z'et du silence, puis en revenir en z'héros.
- Euh... Quel genre de z'héroïsme visais-tu ?
- Genre apprendre aux porcs k'épic à devenir chiens de garde.
- En parlant de chien, qu'est devenu le dalmatien tacheté que tu avais fort cher t'acheté ?
- Je l'avais détaché, il a couru sous la pluie qui l'a détacheté ; je l'ai détaché auprès d'un tatoueur qui l'a (à demi seulement), retacheté. Ils se sont attachés l'un z'à l'autre. Je n'ai pas t'osé les désattacher et je suis parti sans mon dalmatien z'acheté tacheté qui s'est détacheté puis s'est attaché à son retacheteur...
- Quelle aventure ! Combien le tatoueur te l'a -t-il payé ?
- Zéro z'euro. Il m'a émotionné quand il m'a regardé nez t'à nez entre quat'z'yeux en me narrant son histoire qui n'a rien de marrant. Il avait été invité au bal des quat'z'arts. Il se tâtait, j'y vas t'y ? J'y vas t'y pas ? Il y t'alla. Dans le patafouillis ambiant, d'un coup de compas un architecte lui perça l'oeil gauche ( j'ai enfin compris pourquoi les taches dalmatiennes n'étaient qu'à demi-retachetées), alors qu'un bloc de bronze s'échappait des mains d'un sculpteur et lui broyait z' un pied. Après ces légers désagréments, il a pensé : à l'avenir je saurai que je n'aurais pas dû venir, j'y ai z'été, à présent allons-nous h'en. Depuis il est z'estropié. Il louche de la jambe, boite de l'oeil, marche de guingois à la 7 et 3 font tonze et bigle en biais les t'oiseuses t'additions.
- Et z'ensuite ?
- Je ne voulais pas qu'il se sente bon z'à rien à cause de son z'handicap. Nous avons fait plus h'ample connaissance et de fil en h'aiguille il se cousit h'à mes sept z'amis. Ensemble nous rêvons d'installer trente z'yourtes sur une des plages sauvages de Pétaouchnock, de nager t'avec les dauphins en leur z'apprenant à fredonner le Boléro de Ravel.
- Ça va t'être long...
- Là-bas le temps n'est pas t'argent. Mes cent t'amis et moi, sans tamis, ferons t'amis-t'amis, avec un immense banc de barracudas tourbillonnant z'en saccades au rythme tambouriné des tortues géantes... Nous nous mêlerons t'aux dauphins, dressés sur l'onde et dans t'un ballet z'inouï z'à /trois/temps  sac/ca/dés, nous aurons du bol, nous bolé/re/rons   bolé/re/rons    bolé/re/rons...
- J'ai /l'tour/nis   je/ne/sais/   plus   qui/ je/suis   mon Pa/ta/quès    je/te/suis.

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Cuir et Pataquès n'ont pas t'été choisis au z'hasard. Pourquoi donc ?

Eh, les z'amis !
Les visios sont mieux t'encore plein z'écran (petit carré en bas t'à droite.)
Ah, tu crois qu'ils t'étaient déjà z'au courant ?  Qui c'est ti qui leur z'a dit ?

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Défi n°278 proposé par Jazzy pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Jazzy nous demande
"D’inventer une histoire à partir de ce tableau "
"Fuyant la critique" de Pere Borrell del Caso.

 

- Le jeune garçon du tableau, c'est moi, Pablo.
D'aussi longtemps qu'il m'en souvienne je suis suspendu dans ce musée.
J'en ai vu défiler de l'Humain... Des gens de toutes natures, de tous styles.
Je les connais bien. Je devine leurs réactions, je subis leurs remarques; parfois même je les entends penser !
Ceux que j'appréhende ce sont les groupes de pré-ados.
Je les repère aux couinements de leurs Naïkkes sur le parquet et à leur bruissement d'insectes aoûtiens.
Le gardien les voit venir de loin. Il visse sa casquette au ras des sourcils, prend l'allure importante du maître des lieux et leur jette des regards sombres et suspicieux.
Leur professeur d'Histoire de l'Art fait de son mieux pour les canaliser.
Certains pouffent derrière leur main et me susurrent l'oeil mauvais, des remarques éculées.

- Saute, bouffon ! T'es cap' ou t'es pas cap' ?
- Eh mec, t'as la frousse ?
- Zieute ça Kévin, il a avalé les boutons d' sa ch'mise.
- T'as vu ses quinquets... Il a croisé un ovni ou bien ?
D'autres raillent ma coupe de cheveux ou tentent de me chatouiller les orteils.
J'apprécie la solidarité des dames âgées aux frisettes bleutées (qui planquent leur mini chihuahua dans leur sac à main).

- Il est si seul le pauvre petit... Comment l'aider ? On pourrait l'adopter ? N'est ce pas Batman ? Qu'en penses-tu ?
Le Batman endormi ou à demi asphyxié ne répond jamais.
Un jour une jeune étudiante en psycho multiréférentielle et intégrative est restée plantée plus d'une heure
à analyser mon cas. Son diagnostic "sujet en total transfert émotionnel envers le monstre noir tapi dans sa sombritude intérieure."
Me voilà prévenu.
Je suis parfois témoin de quelques bribes de vie intime.
- Mère, pourquoi ce jeune homme n'a-t-il pas chaussé ses bottillons ?
- Sans doute les a-t-il troqués contre un morceau de pain, Marie- Églantine.
- Oh Mère ! Serait-ce un nécessiteux ?
- Sans doute Marie- Églantine. Ne reste pas plantée là, béate, nous allons être en retard au goûter que donne Madame la Duchesse.
- Mais, Mère... C'est la première fois que je découvre un pauvre presque aussi beau que nous, c'est si étrange...
- Marie-Églantine, le thé va refroidir, tu sais pourtant combien j'abhorre le thé tiède. De plus il n'est point de bon ton de faire languir une Duchesse qui a un fils à marier.
- Xavier-Émile est laid.
- Certes. Mais il est Duc.
- Oui Mère.
À reculons, le regard aimanté à celui de Pablo, Marie-Églantine lanterne.
À regret, elle traîne ses froufrous, rubans et ombrelle jusqu'aux minauderies d'un univers ducal.


Pablo qui semblait si résolu à sortir du tableau, hésite.
Lui qui souhaite "fuir la critique" en rejoignant le monde des Humains s'interroge, parmi eux, sera -t-il protégé des remarques ? Laissera-t-on ses doigts de pieds en paix ? Il doute...
Il m'a confié le secret de son retour dans le tableau. Je vous le livre.
Pablo a eu vent qu'un peintre prénommé lui aussi Pablo était exposé à son étage. Une nuit, furtivement il est allé visiter l'oeuvre  du Grand Maître Pablo Picasso. D'avance il se régalait. Fébrile il cherchait un magnifique grand tableau.
Il s'est immobilisé, interloqué face au "Visage Solaire".*

 Déçu, il a finalement décidé de réintégrer le tableau de Pere Borrell del Casso et d'y rester sans regret !

* Céramique de Pablo Picasso.

 

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Défi n° 277 proposé par Laura Vanel- Coytte pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

Laura nous donne comme consigne :
"Après le décor d'une ville de Carnaval, décrivez un personnage masqué, déguisé ou simplement habillé différemment de d'habitude."

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Cornil, carnavaleux dunkerquois, invite "à s' baraque" une poignée de touristes qu'ont l'air bin parigots.
Va y avoir du boulot pour les initier aux subtilités du carnaval.

- Le carnaval de Dunkerque ? Une tradition, une fête, une ambiance, un langage, depuis le XVII siècle !
Cornil s'enflamme !
- À cette époque Dunkerque était un port de pêche à la morue, en Islande. L'expédition de six mois était longue et risquée pour les marins dunkerquois. Certains n'en revenaient jamais.
- Ch'est l'russ (la misère) dans les familles...
-  Les armateurs, conscients du danger, payaient aux marins une partie de leur solde avant leur départ et leur offraient trois jours de fête, "les trois joyeuses".
- Ouh là, c'était risqué... S'ils faisaient trop la fiesta, leur solde se perdait dans la bière...
- Exact, plus exactement dans "la chuche" (boisson). Ça arrivait à des esseulés ou à de gros égoïstes pourtant chargés de famille. Si on leur faisait une réflexion, ils rétorquaient fiers comme des coqs "Mi, j'fais à m'mote" (moi, j'fais à mon idée).
- Des vrais babaches ! Ça d'vait "braire" (pleurer) dans les chaumières...
- Ça arrive encore de nos jours, tous milieux confondus.
La poignée parigote opine.
- Les marins s'f'saient du mouron : pendant ces trois jours "de qué loques s'acoufter" ? Leur paquetage (l' frusquin) se trouvait déjà sur les bateaux ...
-  "Tous péteux sins casaques" berdouille  èn' vaganciére" aveuc des gros hublots grogelle (aux lunettes groseille) qui trouvait "pénipe" de déchiffrer "Le causer en Chti pour les nulos" sans ses vraies "leunettes ".
- Les marins futés empruntaient les vêtements de leur femme !
- "V'là des cocos pas babaches et pas "tatasses" (tatillons) !
- Ch'est Tradi'chion ! "In a du pain d'sus", les apôtes ! (on a du pain sur la planche).
J' m'en vas enfiler l' "cle'tche" (déguisement).
Faut qu'tu soyïes déguisé pour être accepté par les "masques"(carnavaleux déguisés... sans masque !)

Suire-mi. T' vas admirer eul'spe'tacle !
J' va n'enfiler des bas résille. Noirs. Ch'est Tradi'chion. Eul' plus mieux bin du chic: s'coller des faux mollets bin pouèlus, "cha ch'est qu'écose "!
Eh ! Quoque ch'est qu'te berdoules, files- me don' la mini cottron fluo jon' ! (jupe jaune). Et pis eul caraco marin à zébrures bleuss, blanq, ruge.
Ch'u ti pas biau ?

- Belotte -belotte - bellote ! applaudissent les parigots qui se chtimisent rapido !
 - Merkiiii ! "Ach'teur" (maintenant) eul'peinturlure : faut qu'j'soyes méconable : tu m'traces quatre triangues bin drêts , t'lès remplis de bleuss, pis du blanqu', touj' bin bin drêts., hein ! Si dans eul' défilé in t' fait "un'n baiss à bouquette "(baiser sur la bouche), li colle pas èn barnife (gifle) malheureux ! Ch'est rien qu'à respecter tin maquillach' ! Ch'est Tradi'chion !
D'ssus lès caveux, perruque oranch'.

Des mitaines bieusses et pis un paletot (manteau) en fourrure panthère - chicoss - ça caille dins eul ch'nord ! 
Des souïers, bouts costauds, in s'écrase les panards à c'te carnaval !
- J' chte ker ! (j't'aime) explose la parigote grogelle qu' berloque !
- Merkiiii ! Bin, me v'là "masque "! Chus tout bin bénache" (heureux) ! M'en va r'trouver la bande et "faire chapelle". À partir de maint'nint, in s'dit plus "bonjour pertous", in dit "qu'est c'ça dit, matante ?" Ch'est Tradi'chion !
Et pis j'm'en va choper un de ch'tes harengs, lancés par not' maire et sin conseil m'nicipal du balcon d' not' mairie, ça va être in d' ces charivari ! Ch'est Tradi'chion !

V'là eul' l' temps d'émo'chion dins ch'te Carnaval... Quind t'as des mille carnavaleux que quintent la Cantate à not' Jean Bart... Tous serrés en rond aux pieds de sa statue que nous zieut' de haut, in s'met g'nou à terre, in s'tint par la main et in dôte sin chapeau. Ch'est beau ! Ch'est Tradi'chion ! Cha t'met les "pouails" des bras au garde à vous !
V'là ! Ch'est la fin (officielle) d'la journée, on s'défoule au "chahut du rigodon final." Ch'est Tradi'chion !
Faut voir et entendre comment not' vénéré tambour major, en t'nue de grognard napoléonien, s' démène pour que ça soyït un bouquet final bin plus biau qu' vot' Tour Eiffel  !
Et pis on "arkéminche"... pendant trois mois !
In t'attend !

 

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Défi n°268 mené par Jill Bill pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Gourmande, ce qu'elle préfère c'est le gâteau sous la cerise !
Oeufs brouillés. En tentant de les réconcilier, il s'en est bâfré...

Un repas est insipide s'il n'est accompagné d'un brin de folie tel que
Rhubarbe en tarte aux rutabagas frits. C'est inédit.
Manger pour vivre et non vivre pour manger, c'est ce qu'on lui a appris
Alors il a interprété;  pour vivre bien, il mange bon et bien,
Non, pas des navets, réservés au jour où passe un nanard au cinéma.
Dugléré `le Mozart de la cuisine` a dû conserver son nom peu invitant,
Il se prénommait Adolphe...
Saluons les
Epicuriens, ne les condamnons pas aux enfers.

 

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Défi n°266 proposé par Durgalola pour Les Croqueurs de Mots

Publié le par François & Marie

Durgalola nous demande d'écrire un texte à partir de quelques lignes tirées du livre de Marie Gillet "Aussitôt que la vie."

" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."

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" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."
Dans mon sac à dos j'ai glissé quelques noix, une poignée d'amandes, des raisins secs et
une bonne réserve d'eau - importante l'eau.
Hélianthe à demi éveillé s'est un peu contracté en découvrant que des pans de nuit s'accrochaient encore au manteau de l'aube.
J'ai mis le cap sur la montagne Sainte Victoire. Je ne visais pas le sommet, il pouvait attendre.
J'ai traversé des étendues de coquelicots qui ont teinté mes joues du rose de l'aurore.
Les champs de lavande à perte de vue ont embaumé ma randonnée. Hélianthe baissait la tête. Sans doute pensait-il que toutes ces couleurs lui gâchaient le teint.
Nous avons partagé l'eau de ma gourde.
J'ai traversé des champs d'amandiers silencieux. Les cigales somnolaient encore.
De vieux oliviers m'ont jeté un vague regard indifférent. En revanche mon compagnon taciturne a semblé les décontenancer.
Par le Sentier des Vignerons nous avons longé des vignes à perte de vue. Elles nous ont ignorés, trop occupées à peaufiner les arômes de leurs futurs rosés.
J'ai entrepris la montée de Sainte Victoire avec mon acolyte.
J'étais contente de moi. J'avais bien calculé le temps prévu. Nous parviendrions au lac avant le début du chant des cigales.
La roche calcaire griffait mes Pataugas. Un bâton bienvenu permit d'avaler la pente assez rude plus vite que prévu ; et là ce fut un saisissement à chaque fois renouvelé.
Le lac !
Le lac était là.
Devant nous il étendait son immense nappe émeraude belle à en couper le souffle.
J'ai respiré profondément. Un long temps.
Nous nous sommes désaltérés.
Mon coeur qui avait retrouvé son rythme de croisière s'est à nouveau précipité.
Le soleil !
Le soleil objet de tous mes espoirs est apparu en majesté.
Il était au rendez-vous, astre éblouissant juste au dessus du Pic des Mouches, point culminant de Sainte Victoire.
Je savais que la lumière serait belle.
Pourtant j'ai éprouvé un instant de doute ; et si ça ne fonctionnait pas ?...
En automate j'ai ouvert ma besace ventrale.
Délicatement j'en ai extrait Hélianthe.
Je connaissais parfaitement le cérémonial à respecter.
Comme dans un rêve je l'ai placé au bord de l'abîme, dos tourné au soleil.
Hélianthe, face à moi ne bronchait pas. Avait-il peur ? Je l'ignorais.
J'ai douté; avais-je choisi la solution la plus sage ?
Les cigales se sont mises à jouer des cymbales ; preuve évidente que l'astre lumineux réchauffait enfin la terre.
C'était l'instant décisif.
J'avais le trac.
Les rayons du soleil atteignirent l'eau du lac dans un éblouissement doré.
Je ne pouvais plus revenir en arrière, c'était maintenant ou jamais.
Je fixai Hélianthe avec force.
L'intensité de mon regard le fit frémir, lui donna de l'audace ; lentement... oh tellement lentement... Hélianthe tourna la tête vers la lumière !

De joie mon cœur s'est emballé ! J'ai failli renverser le pot de terre cuite où croît Hélianthe, mon tournesol !
Lui qui n'avait jamais osé regarder le soleil en face venait enfin de guérir !


 

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