Défi n° 112 (Les dents des poules) proposé par Lénaïg pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

On choisira comme point de départ l'un ou l'autre des débuts de phrases suivants:

"Quand les poules avaient des dents" ou "Quand les poules auront des dents".

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- Quand les poules avaient des dents, elles croquaient du chocolat. Et savez-vous ce qu'elles pondaient?

- Ben ...des œufs, tiens!

- Oui! maismaismais...des oeufs-en-cho-co-lat!

- Miameû! 

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- Ce qui n'eut pas l'heur de plaire aux confiseurs... Ils allèrent conter leurs malheurs à celui qu'en chirurgie dentaire on nomme "the"docteur.

Ils blablatèrent, jargonèrent, palabrèrent et enfin marché conclu(è!)rent.

A la fin de l'entrevue, le clinicien tout bien content-content se frottait les mains et l'espoir renaissait chez les chocolatiers qui coururent chuchoter à l'oreille des gallinacés.

Ils parlèrent vite, en haché, en brouillamini, en galimatias, en fouillis, en fatras...

Les mots...dentiste... magique... fraise... chocolat... fusèrent, jaillirent, voltigèrent en ping-pong. 

La tête en spasmes gauche-droite, pif-pof en aller-retour, les pauvres poules attentives à capter le message en avaient le tournis.

Leurs yeux ronds s'écarquillaient plus rondement encore.

Entre elles elles caquetaient l'incroyable nouvelle, s'interrogeaient, gloussaient d'ahurissement, n'en croyaient pas leurs oreilles, souriaient de toutes leurs dents.

- Épatant...hasardaient les vieilles ouveuses*.

- Trop d'la balle! déliraient les pussines*  

Elles doutaient - C'est pas une menterie?

Elles exultaient - Super! on va être millionnaires!

Excitées comme des puces, elles s'enfiévraient, alertaient les autres gallus, couraient porter la bonne nouvelle ici, et puis là, et puis encore là bas...

La rumeur s'étala, se répandit, potina, patati-patata. 

Les poules moutonnières se bousculèrent, se ruèrent jusques à l'homme de l'art es-dents.

- S'il suffit qu'une fraise de dentiste nous polisse les quenottes pour être assurées de pondre à vie du chocolat fondant, parfumé à la fraise des bois, courons-y! Faites place! les nouvelles poules aux œufs d'or débarquent. 

A la queue leu-leu, toutes tâtèrent avec allégresse du fauteuil de torture inclinable et ascensionnel, en kevlar carbone garanti, du fraiseur de dentures.

Il fraisa, fraisa et fraisa de plus belle, usant à dessein et à leur insu, les dents de ces naïves qui se retrouvèrent... fans dents. Et fans dents, f'est pas fafile de boulotter du focolat, f'est la cata...

Les confiseurs roublards exultent, en grande fiesta! Ils entrainent leur complice, le menteur-arracheur de dents désormais riche comme nabab dans leur bamboula, et ça y va!

Fagrinées, fâfées, les exf- pondeufes de focolat, refaffent leur défepfion, l'oeil finifstre, la rate au court-bouillon (de poule). Elles font affommées, fe ronge les ongles   f'empiffrent d'afsticots élasftiques tout flafsques, s'arrafent les plumes, fouffrent de coryzfa, defiennent fi hideufes qu'elles inflifgent la fair de poule à leur maître et feigneur coquelet. Elles n'ont plus enfie de faire la jfavfa et se coufent imbêfilement auffi tôt que les poules...

Un matin, au chant du coq, une poulaille rebelle (comme qui dirait, un Zorro de basse-cour), d'un coup de pied* dans les tibias, fait débarouler maître chapon de son tas de fumier.  

Elle se visse à la place du déboulonné, se scotche les ailes sur les hanches. Rhan! Faut pas venir l'agacer.

L'oeil noir, le bec arrogant, elle toise avec mépris (la bouche en cul de poule) ses mollasses congénères et beugle (ce qui vexe fort le taureau),

- DEBOUT! Fa fuffit comme fa, bande de poules mal efforées! (mouillées, eut été plus simple à prononcer...)

La flaque des désemplumées avachies vibre en un mol soubresaut.

- On nous a grugfées, dindonnées, mais on ne va pas baiffer les bras, LEFEZ-FOUS!  

En ressorts désarticulés, des cous-nus frileux (aussi étonnés qu'une poule qui a trouvé un couteau) se tendent vers la révolutionnaire. 

Des yeux vitreux tentent des flashs qui foirent.

La Zorro continue sa harangue.

La foule volailleuse s'ébroue, oscille, flageole...

La galvaniseuse, survoltée, apostrophe.

- Holà! mes filles! Hardi! mes fsoeurs, approfez!

Soudain gazelles, les pondeuses frustrées grimpent la rejoindre sur son tas de fumier.

Maître coq humilié, caché dans un buisson se masse les tibias, ça l'occupe! Il ne l'a pas volé. En temps utile, cette poule mouillée n'a pas daigné lever le petit ergot pour défendre son harem.

A l'heure du thé de la pâtée, par un absolu, unanime et intégral ensemble, un plan de vengeance est arrêté et aussitôt proclamé. 

                      Vu le Code de notre Société poulaillère des édentées,

                      considérant que nous avons été ignominieusement trompées, 

                      arrête:

- Article 1 - que la "Confrérie des édentées" (soutenue moralement par coq trouillard clopinant, rallié de dernière seconde) veillera à bien tapisser journellement, diurnement ainsi que nuitamment, l'entrée du cabinet de leur voleur de dents (à l'encontre duquel elles ont à jamais une dent), d'une épaisse couche de fientes malodorantes et ce, trois cent soixante cinq jours (et nuits) par an.

- Article 2 - que les petites poulettes de la "Confrérie des édentées" participeront, aussi secrètement qu'activement, à l'apport de matière première pour le fourrage de ces délicieuses petites boulettes chocolatées, ingénument dénommées "crottes au chocolat", sensées faire la fortune des chocolatiers en cette fin d'année.

                      Qu'on se le dise!

Cocorico! (ah! toi, fffa vfa! ramène pas ta fffraisfe, hein!)

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* ne parle-t-on pas de "pied de poule" chez les marchands d'étoffes.

* ouveuse: pondeuse patoisée. 

* pussine: poulette en patois d'cheu nous! 

 

 

 

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J
<br /> Bonsoir à vous deux.... Joli duo comme d'habitude, ma poule péférée, celle qui pond ses oeufs en or, chuuuuut !!!  On peut s'acheter tous les chocolats, sourire.... Bien à vous, jill<br />
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<br /> <br /> ah c'est sûr qu'il ne faut pas la tuer celle là, surtout pour acheter des chauds cocos des chocolats . merci pour votre visite. <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> super  conte ! à raconter le soir aux enfants  à la veillée  bonne journée  et bravo !<br />
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<br /> <br /> à la veillée en tricotant un poule over.... amitié des Cabardouche. <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> je suis morte de rire ...ça fait du bien après les infos dela radio... moi qui suis comme une poule avec une brosse à dent devant l'écran !<br /> <br /> <br /> belle journée et merci pour ce délire<br />
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<br /> <br /> oui le rire est un excédent remède, c'est le docteur qui le dit tout en prenant le poule du patient. merci pour votre amicale visite. <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Moi j'y étais avé les gallines ! Magnifique histoire ! Bravo à vous le duo infernal ];-D<br />
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<br /> <br /> merci de venir picorer chez les Cabardouche !<br /> <br /> <br /> <br />
O
<br /> Quelle plume ! De la crête aux ergots en passant par le sot-l'y-laisse, tout est bon dans le chapon, chapeau maestro !<br /> <br /> <br /> Je me suis marré comme un bossu en lisant ce billet qui aura une belle place dans le recueil que VOUS ALLEZ BIEN SORTIR UN JOUR NOM DE NOM ! Une bonne adresse : Printbasprix.com, regardez bien<br /> les prix des brochures et celui des bouquins, c'est dérisoire et d'excellente qualité (pub gratuite).<br />
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<br /> <br /> nous y pensons, mais nous hésitons encore  entre pondre  un "poule hissier"  ou une "coq médie" en tout cas quelque chose de n'œuf. <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je les comprends les pauvres se faire ainsi sucrer les cloches de Pâques, c'est pas juste, heureusement qu'il leur reste les crottes <br />
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<br /> <br /> les "crottes crottes codec" ! même , merci pour votre amicale visite. <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Encore un défi superbement réusi tout comme le dessin !!! I y a bien les révoltes féminines pourquoi pas une révolte volaillère.... Comme je dois éviter chocolats et sucreries je ne crains rien<br /> !!!!   <br /> <br /> <br /> Bonne semaine à vous deux - amitié<br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Marie a effectivement une belle plume et sait donner des ailes aux mots .<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br />  je savais bien que les dentistes pourraient être dans le coup ! heureuse de vous savoir d'accord avec moi !!!!<br />
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<br /> <br /> ah ça ! comme disent les poulets,  il faut toujours chercher à qui profite le crime !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br />   Bonjour Marie et François. Je vois, je vois, je crois que je garderai la ligne lors des fêtes à venir, je me<br /> méfierai des chocolats ! Un grand bravo pour ces étonnantes révélations de derrière les fagots. Bien fait pour "the" docteur, super texte, super dessin, merci merci ! Bien amicalement.<br />
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<br /> <br /> Merci pour ce défi amusant qui a bien inspiré Marie et a fait rire toute la basse-cour ! amitié des Cabardouche. <br /> <br /> <br /> <br />