- C'est pour cela qu'il faut demander de l'aide au strobineller, il saura nous dire comment retrouver le Pillig Hud .
- Si il existe, Beuzega, si il existe ... car pour le moment c'est une belle brozenn, jamais personne n'a vu le Pillig ! Et ce n'est pas un sorcier qui va nous le ramener.
- Je sais que ce n'est pas une fable... ma mamm-gozh avait entendu sa mamm- gozh lui dire qu'elle avait vu le Pillig et que les krampouezh qu'on cuisait avec étaient fabuleuses.
- Ah ben si ta grand-mère l'a vu, c'est autre chose... Et le strobineller, à part lever les brûlures et faire des tisanes de salicorne, il s'y connaît en krampouezh ?
- Gwenc'hlan n'est pas très futé, c'est vrai, il ne fait pas la différence entre un mérou et un goéland, mais j'espère seulement qu'il sera capable de nous dire où pourrait se trouver le Pillig. J’en ai absolument besoin pour écraser la concurrence ! Tu ne te rends pas compte Azenor, la légende dit que la pâte ne colle jamais et que les krampouezh sont si fines qu'elles peuvent servir de dentelles à la Vierge Marie.
- C'est une brozenn je te dis ! Et pis la dantelez c'est pour nos koef, pas pour la mamm de Jezuz et elles ne sont pas filées à la farine de blé noir.
- T'sais Azenor, ce que j'aime dans notre pays austère de Pen-ar-bed, c'est le souffle épique des légendes qui se terrent derrière chaque caillou.
- Moui, Beuzega, en parlant de souffle, c'est plutôt c't'avel qui me secoue la coiffe... Tu peux me dire ce qu'on fait à c't'heure près de d'la mor au lieu de boire un bon Kafe avec des tartines ?
- Je ne suis pas tranquille Azenor, c'est bientôt le festival des krampouezh. Et, cette année, je n'ai pas l'intention de laisser ma place de Reine des Crêpes à une bande de gamines gavées à l'internet qui voudraient chambouler la tradition.
- Comment ça Beuzega ? tes krampouezh sont les meilleures de toute la Breizh et tu n'as rien à craindre des autres participants.
- Les meilleures crêpes de Bretagne… Peut-être, mais la concurrence est rude, les Chinois participent maintenant et ils impressionnent le jury… Pour être sûre de gagner le concours, il faut que je trouve la poêle magique : la fameuse "Pillig Hud".
- Mais Beuzega... c'est impossible, la Pillig Hud est une légende !
" Choisissez au moins deux, ou plus, contes connus (Andersen, Grimm, Perrault...) qui ont enchanté votre enfance et, avec leurs personnages principaux écrivez une fable qui devra comporter une morale finale. Vous pouvez rajouter d'autres personnages."
regina malorum
« Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume. Quelle est, de toutes, la plus belle ?
- Mais ma Reine, assurément, c'est vous, dont la beauté éclaire de ses feux le Monde connu ! »
La seconde épouse du Roi Loulou (de Poméranie) est heureuse, car elle sait que le miroir ne peut mentir.
Chaque jour, la marâtre consulte cet écran magique et attend la même réponse.
Or un jour, il advint que le miroir eut l'air d'en être moins sûr...
« Euh… ma Reine, vous êtes toujours d'une beauté admirable, mais une jeune influenceuse du nom de Blanche N. a l'air de faire plus de vues que vous... son nombre de followers double chaque jour, alors que vous n'avez reçu aucun pouce bleu depuis une semaine. »
Blanche N. ? Mais qui peut bien se cacher sous ce pseudo ridicule ? Après avoir consulté sa page Facebook, la marâtre réalise qu'il s'agit de sa belle fille, Kévina, alias Blanche N. car elle ne sort que rarement de sa chambre et l'absence de bon air lui donne un teint gothique, (c'est la mode chez les 15/18 ans.) Vexée, la Reine décide alors de changer radicalement sa page Instagram et de devenir pour le bien de la blogosphère : « Regina malorum ». Un blog de cuisine inspiré, tout entier consacré à la pomme.
Ses recettes de tartes, de tatins et de chaussons font merveille à tel point qu'elle devient extrêmement populaire sur les réseaux gourmands. Le succès culinaire de la Reine empoisonne l'existence de Kévina qui perd d'un coup tous ses followers (à part peut être une poignée de nains).
Moralité : Il vaut mieux faire des gâteaux avec sa maman plutôt que de perdre son temps sur internet.
--------------------------------------------
regina malorum : reine des pommes
Marie était très occupée cette semaine, c'est François qui s'est amusé à proposer ce miniconte.
............................................................................................................................... Ça la contrarie. Le temps file trop vite.
Des panneaux, des enseignes le dénoncent à chaque coin de rue. En fluorescent. C'en est presque malséant.
En hâte elle regagne sa maison. Dès l'entrée elle se libère prestement de sa détestable et pourtant nécessaire entrave : sa montre. Cette montre, qui peut jouer les espiègles lorsqu'elle indique la demie de onze heures et que toutes les boutiques sont devenues sombres et vides derrière leurs rideaux baissés. Quel événement gravissime est-il coupable de cette désertion ? Elle avait tout bonnement oublié le passage à l'heure d'été...
Elle se sent dépassée devant l'air étonné des habitués du numérique quand elle leur demande de tourner dans le sens des aiguilles d'une montre.
Paradoxal son rapport avec le temps qui passe : elle règle soigneusement tous les cadrans de son environnement... à la hausse.
D'une pichenette elle contraint la vieille horloge comtoise à prendre dix minutes d'avance. Cette centenaire en aura perdu cinq d'ici demain matin. Parfait.
Toutes ses pendules avancent de cinq minutes. Elle est satisfaite.
Le summum appartient à sa préférée juchée trop haut qui indique soixante dix minutes de bonus. L'heure d'hiver ne l'a pas encore atteinte ! Bien qu'elle voue aux chiffres une cabocharde antipathie elle les rend complices de sa manie d'être en avance sur le temps, d'être soulagée de ne pas être en retard, de vivre deux fois les mêmes cinq minutes grappillées sur le temps qui passe...
Qui a murmuré "névrose" ?
Faire parler un objet qui raconte sa propre histoire
pendant un moment déterminé ou bien son quotidien.
Sur la plus haute étagère de la buanderie il fait calme et tiède.
Dame araignée quitte le centre de sa toile. À demi ankylosée elle déploie ses longues pattes grêles et s'écroule sur l'un des points d'ancrage de son arantèle.
- Je suis fourbue ! Aucune proie malgré des heures d'immobilité. De nos jours le moucheron se fait rare et le moustique méfiant. Ah ma grosse, j'envie ton immobilité et ta façon de vivre de l'air du temps.
- Euh... “ma grosse” ne m'enthousiasme pas vraiment...
- Oh pardon ! Je ne te savais pas susceptible !
- Je m'y perds. Ma "guide,“ celle dont je suis le ”valet", m'accuse toujours de ne pas être assez grosse... Certes, aux yeux d'une frêle araigne de quelques grammes, je passe pour imposante. Soyons lucides, on ne peut comparer une petite bestiole et un bagage.
- Quoi ! Un bagage ? Tu n'es pas une valise ?
- Valise est mon prénom, bagage mon nom. Il y a trois mois, lorsque tu m'as demandé la permission d'arrimer ta toile à ma poignée, nous n'étions pas assez intimes pour que je te dévoile mon identité totale.
- Tu as craint que je t'appelle “vagage” ricane la “petite bestiole” (qui en a gros sur la patate).
- Ou “ balise” ! Est-ce que j'ai une tête de bouée ?
Tandis qu'ils se défient en mots-valises, une lumière les éblouis.
Un claquement d'escabeau déployé leur cloue le bec.
- Ouille, ma guide ! murmure valise, elle va m'enlever, arracher un lambeau de ta toile, vite, planque-toi ! Désolée ...
- Ehhh... La sauvage me fait basculer à coups de manche à balai . SOS je tommmbe ! Je gis. Je geins.
Sourde, la diablesse agrippe une de mes roulettes et une poignée blette – ouilleux – et m'offense, je suis une grosse lourde. La seconde suivante elle me prend dans ses bras, j'en frémis de reconnaissance, elle va me câliner, je vais lui pardonner. Le bonheur...
Soumise, je deviens dolente.
Un cri de rage me dégrise : trois kilos cinq cents ! (Je ne l'avais pas vue monter sur la balance.)
Dédaigneuse elle me largue sur le parquet. Sans ménagements, m'ouvre en deux.
Plantée entre le contenant et l'hypothétique contenu empilé sur le lit, elle jauge.
Son oeil froid estime les volumes.
Le temps passe.
Je m’assoupie.
Soudain, le choc.
Elle me gave. Me fait avaler frénétiquement sa précieuse sélection.
Elle espère que je vais tout gober.
Je ne bronche pas.
Je m’alourdis, me distends.
Elle comble tous mes recoins, tasse et entasse, avec espoir…
Elle se redresse, pousse un soupir de satisfaction ; me referme, feint d’ignorer que je sature, au bord de l’indigestion.
Désespérée, elle m’écrase de tout son poids.
Je résiste, régurgitant le trop plein.
Au bord des larmes, elle s’affale à mes côtés, la tête entre les mains.
Le temps s’étire, pas moi !
Soudain, telle une furie, elle expulse mes entrailles.
Rageuse, elle tombe à genoux pour un ultime tri cornélien.
Déchirée, pourtant satisfaite, elle peut enfin me fermer le clapet !
Réconciliées, nous allons partir en vacances !
Gourmande, ce qu'elle préfère c'est le gâteau sous la cerise ! Oeufs brouillés. En tentant de les réconcilier, il s'en est bâfré... Un repas est insipide s'il n'est accompagné d'un brin de folie tel que Rhubarbe en tarte aux rutabagas frits. C'est inédit. Manger pour vivre et non vivre pour manger, c'est ce qu'on lui a appris Alors il a interprété; pour vivre bien, il mange bon et bien, Non, pas des navets, réservés au jour où passe un nanard au cinéma. Dugléré `le Mozart de la cuisine` a dû conserver son nom peu invitant, Il se prénommait Adolphe... Saluons les Epicuriens, ne les condamnons pas aux enfers.
Créer un texte en 26 phrases : Chaque phrase devra utiliser un maximum de mots commençant par les lettres de l’alphabet de A à Z
Amora aboyait sur une abeille qui l'arnaquait. Beau bichon bouclé, il biglait celle qui boulottait sa becquetance. Comme ses clabaudages ne consternaient pas cette cabocharde, le cabot cessa son chahut. Déconcerté, décontenancé, à deux doigts devant son nez il découvrait cette dérobeuse de dîner. Elle était en particulier excitée par l'éclat d'un jaune d'oeuf. Frénétiquement elle le farfouillait de sa flèche. Gourmande elle se gobergeait en se goinfrant. Hallucinée elle harcelait ce jaune qui la hameçonnait, pourtant Il eut été impensable d'informer cet infatigable insecte qu'il inventait l'identité du jaune. Jeune bichon jeta l'éponge, Knock out ! Le laconique limier lorgnait sous ses paupières mi closes Madame l'abeille qui de jaune maculait ses pattes.
"Non non non non !" Osa l'otocyon (qui n'en était pas un !)
"Pense-tu précisément que c'est dans cette pagaille de jaune en panique Que tu quêteras du pollen ?"
"Rhôô oui ! J'en récolterai même en rab ! Ce Sénevé qui safrane ton souper est un signe que la crise de la moutarde a un sursaut positif."
"Tu te trompes ! Si tu avais un tant soit peu de tête, tu serais tombée d'accord avec moi : Un jaune d'oeuf n'est pas une fleur de moutarde, c'est ubuesque, digne d'un ufologue !"
"Vraiment ? C'est pas une vacherie ? C'est vaudevillesque cette confusion..."
"Warf, warf conclut Amora, ni mon nom ni l'illusion de la fleur de moutarde ne résoudront la crise."
"Xylocope (abeille charpentière), voilà ma seule reconversion possible après une telle bévue."
"Youpi, je vais pouvoir me régaler d'oeuf dur au yuzu sans que tu viennes y toucher !" Zinzin cette histoire ! Parviendra-t-elle à déverrouiller les zygomatiques ?
Durgalola nous demande d'écrire un texte à partir de quelques lignes tirées du livre de Marie Gillet "Aussitôt que la vie."
" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."
" Je suis partie de bon matin. J'ai pris ma décision après avoir ouvert les volets et regardé le ciel lisse vaquant simplement à son occupation de l'aube ; laisser la place au jour. L'air était pur et calme. Il allait faire très beau. Rien ne s'opposerait à la lumière."
Dans mon sac à dos j'ai glissé quelques noix, une poignée d'amandes, des raisins secs et une bonne réserve d'eau - importante l'eau.
Hélianthe à demi éveillé s'est un peu contracté en découvrant que des pans de nuit s'accrochaient encore au manteau de l'aube.
J'ai mis le cap sur la montagne Sainte Victoire. Je ne visais pas le sommet, il pouvait attendre.
J'ai traversé des étendues de coquelicots qui ont teinté mes joues du rose de l'aurore.
Les champs de lavande à perte de vue ont embaumé ma randonnée. Hélianthe baissait la tête. Sans doute pensait-il que toutes ces couleurs lui gâchaient le teint.
Nous avons partagé l'eau de ma gourde.
J'ai traversé des champs d'amandiers silencieux. Les cigales somnolaient encore.
De vieux oliviers m'ont jeté un vague regard indifférent. En revanche mon compagnon taciturne a semblé les décontenancer.
Par le Sentier des Vignerons nous avons longé des vignes à perte de vue. Elles nous ont ignorés, trop occupées à peaufiner les arômes de leurs futurs rosés.
J'ai entrepris la montée de Sainte Victoire avec mon acolyte.
J'étais contente de moi. J'avais bien calculé le temps prévu. Nous parviendrions au lac avant le début du chant des cigales.
La roche calcaire griffait mes Pataugas. Un bâton bienvenu permit d'avaler la pente assez rude plus vite que prévu ; et là ce fut un saisissement à chaque fois renouvelé.
Le lac !
Le lac était là.
Devant nous il étendait son immense nappe émeraude belle à en couper le souffle.
J'ai respiré profondément. Un long temps.
Nous nous sommes désaltérés.
Mon coeur qui avait retrouvé son rythme de croisière s'est à nouveau précipité.
Le soleil !
Le soleil objet de tous mes espoirs est apparu en majesté.
Il était au rendez-vous, astre éblouissant juste au dessus du Pic des Mouches, point culminant de Sainte Victoire.
Je savais que la lumière serait belle.
Pourtant j'ai éprouvé un instant de doute ; et si ça ne fonctionnait pas ?...
En automate j'ai ouvert ma besace ventrale.
Délicatement j'en ai extrait Hélianthe.
Je connaissais parfaitement le cérémonial à respecter.
Comme dans un rêve je l'ai placé au bord de l'abîme, dos tourné au soleil.
Hélianthe, face à moi ne bronchait pas. Avait-il peur ? Je l'ignorais.
J'ai douté; avais-je choisi la solution la plus sage ?
Les cigales se sont mises à jouer des cymbales ; preuve évidente que l'astre lumineux réchauffait enfin la terre.
C'était l'instant décisif.
J'avais le trac.
Les rayons du soleil atteignirent l'eau du lac dans un éblouissement doré.
Je ne pouvais plus revenir en arrière, c'était maintenant ou jamais.
Je fixai Hélianthe avec force.
L'intensité de mon regard le fit frémir, lui donna de l'audace ; lentement... oh tellement lentement... Hélianthe tourna la tête vers la lumière ! De joie mon cœur s'est emballé ! J'ai failli renverser le pot de terre cuite où croît Hélianthe, mon tournesol !
Lui qui n'avait jamais osé regarder le soleil en face venait enfin de guérir !
La pluie a transformé les nids de poules du chemin en mares boueuses. À petite vitesse la Dauphine bleu layette de Célestin-Victor les affronte et en évite une sur trois.- Aie Aie... Ach ! Les freins à disques vont encore me faire une bronchite... (le point faible de ces sortes de chars !)
Célestin-Victor maintient son attelage de main de violoniste au carpe virtuose.
Le nez collé au pare-brise il s'efforce de prédire l'aiguillage des prochaines flaques maléfiques. Surgiront-elles à droite ou bien vont-elles sourdre à gauche ?
Sa concentration, ses cogitations nébuleuses et les zigzags imposés lui donnent un air de faune hirsute aux yeux exorbités.
On eût pu le confondre aussi avec un loup cruel, en imaginant que la faune vernaculaire en comptât. - Nom d'un p'tit bonhomme en sucre... Ce sacré Darius a encore bâclé son travail maugrée-t-il mi-agacé mi-affectueux, cette route fait pourtant partie de son canton de cantonnier ; quel filou... S'est-il endormi dans sa brouette en faisant le lézard au soleil ou alors s'est-il adonné à sa passion : la greffe de végétaux improbables tels que cerisier sauvage et fraise des bois ! Ce Darius est poète sans le savoir. Ça va les enfants ?
- Euh... oui, oncle Célestin-Victor murmurent Joseph-Noël et Noël-Joseph ( jumeaux nés à Pâques il y a douze ans.)
- Euh... Ton "ciel de toit" est ... assommant... oncle Célestin-Victor...
- Euh oui... chaque secousse nous fait sauter au plafond et on a presque mal au coeur... oncle Céles...
Terminée la bronchite des quatre freins à disque !
C'est instantané. Dauphine pile au milieu d'une flaque. Son bleu naïf éclaboussé de marronnasse forme un incongru camaïeu avec l'eau croupie.
Célestin-Victor bouillonne...
- DEHORS les Noël ! INTERDICTION ABSOLUE de débagouler sur MON skaï tout neuf, nom de nom !
Le courroux lézarde sa voix.
Il lui faut se calmer. Être dauphin du président du tribunal et intervenir au greffe en son nom, exige une élocution et un ton de voix plus que parfaits.
Célestin-Victor, navré, examine à la loupe la carrosserie de son bijou automobile.
Il regrette de ne point avoir ses pinces à vélo, il est en train de gâter ses chaussettes blanches... Pourvu que ses bretelles ne lui fassent pas faux bond, sinon son pantalon golf sera ruiné lui aussi.
- Où êtes-vous passés les Joseph ? - Chutttt ! crient les Noël.
Célestin les trouve à plat ventre au bord de l'étang. Ils sont fascinés par les bouches béantes et roses de poissons à barbillons. Elles effleurent l'eau vaseuse en attente de pitance tombée du ciel.
Célestin-Victor les rejoint silencieusement.
Ensemble, sans bruit, ils se réjouissent des glop-glop de ces goulots avaleurs d'insectes.
Ils les épient avec intérêt et font des paris silencieux : lequel d'entre eux gobera le plus d'insectes.
La leçon de sciences au naturel se termine lorsque les poissons repus se laissent glisser dans la vase fraîche, où ils dormiront jusqu'à la prochaine fringale.
- Glop glop ! Le spectacle est terminé les garçons soupire Célestin-Victor.
De concert ils prolongent cet agréable moment, allongés sur le dos, au ras des joncs.
- D'après vous, qui sont ces poissons qui glopent ? questionne Célestin-Victor.
- Je crois qu'on sait, répondent les neveux, on a vu des carpes !
- Gagné ! approuve oncle Célestin, comment avez-vous deviné ?
Les jumeaux s'épanchent. - Hier on t'a dit que le prof de sport nous avait traités de haut.
- On pensait qu'il nous prenait pour des guignols...
- Il a dit : eh les jumeaux, réveillez-vous !
- Il râlait : le ballon est passé entre vos pieds ! - Il ronchonnait : vous l'avez laissé filer, c'est l'adversaire qui l'a récupéré...
- Il a terminé par : bougez-vous au lieu de bailler comme des carpes.
- On n'avait jamais vu de carpes...
- On ignorait que ces poissons inconnus baillassent.
- Eh eh... En te regardant de plus près No-Jo, tu as bien un profil de carpe.
- Je vais t'arracher les barbillons Jo-No !
Ils se torgniolent, se défoulent, se tirent les tifs, mettent de joyeuses bourrades à oncle Célestin-Victor, lui disent merci tonton Célestoche pour les glob-glob !