LA VOUAILLA.
I'é ène vouailla d'hivâ pou chu nôs, veu lès an-nians cinquinte (épré l'JC !)

Voir la traduction
Histoires réjouissantes contées par Marie et illustrées par François.
"D'Janvi à Dècembe de c'ta nouvalle an-nian, qu'votè Inges Gèrdiens vo proutègiant".
"De Janvier à Décembre de cette nouvelle année, que vos Anges Gardiens vous protègent."
La neige crisse sous les galoches.
Inutile la lampe de poche suspendue à la pèlerine du père de famille qui ouvre la marche, la lune suffit.
Le reste de la maisonnée suit avec entrain ; il y a des mitaines et des bonnets tricotés-maison que l'on étrenne et des écharpes qui givrent devant la bouche.
Bientôt minuit, les cloches sonnent, l'église a allumé toutes ses ampoules et ses cierges, ça sent l'encens. Les sabots font chanter les grandes dalles de pierre. On tousse, on frotte ses doigts gourds, on demande à voix basse,pressante,une place sur les bancs de bois, on met un peu de temps à s'installer, on est pataud, engoncés dans des vêtements superposés (souvenez vous : moins quatre !)
La messe est en Latin, chantée. Les feuilles des missels font un bruit de soie froissée. Un doux engourdissement dû à la chaleur du coude à coude s'installe. Soudain, d'une voix puissante, Justin clôt l'office en entonnant le traditionnel Minuit Chrétien. On le reçoit, en apnée, parcourus de frissons de plaisir et de respect.
PREMIERE VERIFICATION : Il est né. Il est là dans la grande crèche devant l'autel. L'Enfant Jésus. On L'admire en silence, dressés sur la pointe des galoches. On est impressionné, content. Avant de partir, on glisse une petite pièce dans l'urne tenue par un grand ange souriant qui remercie en hochant la tête. (Cet ange me fascinait, j'aurais vidé ma tirelire pour ses angéliques acquiescements !)
Dehors, il fait moins froid, le vent du nord fait voleter des frimas que l'on vole du bout de la langue !
DEUXIEME VERIFICATION dès le seuil de la maison franchi : elles sont là les belles braises rouges, elles réchauffent le nez lorsqu'on les regarde au travers des grilles de la grande cuisinière Gaudin. Ce sont celles de la grosse bûche de chêne qui s'est consumée pendant la messe de minuit. Demain, leurs cendres seront recueillies et conservées, elles protégeront la maison jusqu'au prochain NOËL.
Du miel dans un verre de lait si chaud qu'il brûle les doigts et le palais, les petits sabots bien en vue devant le feu et au lit ! (on est déjà demain !)
TROISIEME VERIFICATION au réveil : Il n'a pas oublié, Il est venu ! Le Petit Jésus a déposé dans mes sabots un lit de poupée bleu ciel et l'armoire assortie et dans ceux de mon frère une belle charette rouge et son cheval de bois. (Un papa ça sait tout faire,même s'il doit prolonger tard sa journée de travail dans la "chambre à four "penché sur son établi.)
QUATRIEME VERIFICATION(c'est la dernière) à midi, au moment du dessert : elle est là, la belle bûche au chocolat, striée à l'aide d'une fourchette, décorée de houx en pâte d'amandes, de feuilles de laurier et des quatre bougies de l'Avent. (Une maman sait, elle aussi, créer la surprise.)
Plus de doute, toutes vérifications faites c'est bien un NOËL...il y a plus de soixante ans.
L' haras des villes et l' haras des champs.
L'aut ' je, su èn' ptchiète route, j' proumonos mès cin' ch'vaux fiscaux ! J' a crouèsé in châ' ! Dins lès r'dalles, in brave ch'vau comtouais preumonot douais vioux gins. J'en crayos point mè uyes! Y est point sovint qui s' vouait in 2009.
Pieus louin, su la grand' reute, y' avot in gros treubeu qu'avo ène inscrition "Attention transport de chevaux". Y èto, bin sûr, dès ch'vaux qu' corrant pou fére gaigni dès sous...
Diès-me vouair, lequé qu'est l' mi-e : l' brave comtouais qu' premoune ses gins(qu' l'aimant bin), l'ch'vau d'course què rgaidjé qu'si è gaigne, ou bin mè cin' ch'vaux fiscaux qu'me serviant bin mais qu'empois' nant l' monde ?
J'crais bin qu' faut s'arringi d'ave lès trouais...
Au volant de mes cinq chevaux fiscaux sur une route de campagne, je vois venir à ma rencontre un char agricole, paisiblement conduit par un robuste cheval comtois étrillé de frais.
Assis à l'avant, un couple "d'octentagénaires" devise tranquillement. L'homme, casquetté de laine à carreaux et emmitouflé dans une canadienne, tient les rênes. Il désigne à sa voisine, les champs, au loin; tricot et foulard fuchsia, elle approuve mollement du chef.
Je les ai croisés en roulant au pas, histoire de savourer ce spectacle - devenu rare à notre époque - et sans risquer d'effaroucher le bel animal.
Peu importe où ils vont, ils savent qu'à un moment ou un autre, ils y arriveront.
Leurs bavardages tranquilles dessinent des volutes éphémères dans le petit froid du matin. Une forte et saine odeur chevaline persiste un moment dans le sillage des paisibles clop-clop- clop- clop, qui semblent rythmer un autre temps...
Comment ne pas éprouver un peu de nostalgie en voyant l'équipage rétrécir dans mon rétroviseur ...
Curieux hasard, à quelques kilomètres de là, j'ai croisé un grand van qui annonçait sur son fronton "Attention, transport de chevaux". Chevaux de course racés, sans aucun doute.
De toutes les conquêtes de l’Homme, laquelle est la plus noble : le cheval de trait qui promène un couple serein ou celui qui voyage sécurisé dans son luxueux habitacle capitonné ?
L’humble ou le glorieux ?
L’un reçoit l’attention simple et rustique de ses maîtres, l’autre ne sera peut-être pris en véritable considération que s'il satisfait aux critères de gloire de son propriétaire.
A méditer…
Lè GAUDES
A pouène ill avo étédu cocoricoter l'poulot du Justin,q' l'Ugénie avo chè du chlof . Yal'sai , q'm'en disin lè vious, y avo dè signous q't'rompin point « nuaiges poum'lés, fone fardée san d' cotche deré !» La pieuge alo binsto v'ni.
L'Ugénie vouillo grouler sè cassots d'vant la batrasse ape y'éto l'moument, quétiose s'tembre "Veu Saint Crouaix, te dè queudre tè poumes ape grouler tès cassots".
Ill avo atou l'queusan d'sa marande, ill mé queure sè gaudes su la piatine ape va qu'ri ène palinche, so san charti, pou grouler l'cassotier .
Qu'm'en ill est point ène bon laisi, ène hèur' apré, ill a du prougeot: ène grand 'pénére de cassots !
L'Ugénie en avo l'leudiot"...,ill èto égarottée." ! Ill avo ben gaigni d's'aster su l'ban ,à l' assote so san Noa ,pré du p'tchio ch'min. Y'est pou ique qu'ill vouai corre, qu 'm'en in faraga, la vouaive Fouinotte, qu'li cheupe :
- L'Ugénie, l'Ugénie,vo vouète pas la feumia qu'so d'vot'potche,votè gaudes frillant !
L'Ugénie, pout'chan essodialée -pèr c'ta qu'fore sin né pouètchou, qu ill vio fére cougi - a pas bougi in atiot, in s't'niant ben drète, ill sa r'varpée :
- La Fouinotte, y est qu'm'en çan qu'j' lè éme !
Cliquez ici pour aller voir la traduction.
Avant de raconter des histoires on doit rechercher des personnages et deviner leur caractère. Certains ont l'air gentil et d'autres roublard, Marie connaît leur nom et se fait un plaisir de nous les présenter: nous avons donc à gauche "La Placide" en conversation avec le "Père Plexe" et à droite " la Rogue en compagnie du Capon"…
Soyez les bienvenus au Meix des Hourdis Pendant que Marie tricote des histoires avec les fils des ses souvenirs et de son imagination, François gribouille des personnages pour colorer les jolis expressions de Marie. Elle lui apprend les mots du passé et il l'amuse avec ses crayons de couleur.
François a ben dégèné c'tè qu'vindrint p'tétre un je fére un teu dans l'patois de Marie; vo allez ben lè r'couniètre d'aveu yeutè sobriquets : Le Rosso, L'U, Le Roublère, L'arbière, Le Niaulu, Le Luso, La Coteriére, Le Goitroux.
( Cliquez pour lire la traduction )