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Défi n°56 "Roman policier" proposé par Fanfan pour la communauté "Les croqueurs de mots".

Publié le par François & Marie

                                      - Roman policier-

L'histoire commence ainsi:

"Un soir d'orage où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage, près de la maison de Dumè..."

A vous de continuer.

Voici les questions:

1- Pourquoi la porte du frigo est-elle ouverte?

2- Pourquoi y a-t-il une chaussure à l'intérieur?

3- Pourquoi le grand -père est-il couché dans l'entrée?

4- Que fait le parapluie dans le lit conjugal?

5- Où est passée la grand-mère?

6- Pourquoi la bouteille est-elle vide?

7- Où sont passées les casseroles?

8- Qui a dit que c'était impossible?

9- Pourquoi lundi?

10- Que fait le chat chez les voisins?

...................................................................................................................................

Un soir d'orage où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage, près de la maison de Dumè, il se mit à grêler dru.

Le commissaire Calistu-Calistu ("Très Beau-Très Beau", traduction métropolitaine gratuite) et son sous-fifre Lisandru ("Alexandre" pour nous autres continentaux), étaient chargés d'élucider une affaire de la plus haute importance. Ils s'étaient vu intimer l'ordre de mettre fin, dans les plus brefs délais, aux agissements du vaurien qui plastiquait, systématiquement les lundis de pleine lune, les vieux cageots et cagettes de Dumè, jetés à la diable dans le terrain vague près de sa maison.

La déflagration faiblarde retentit alors que les deux enquêteurs planquaient accroupis derrière leur Vespa 125 à side-car incorporé.

Vespa BDLe mas ancestral de grand-père Missia, grand-mère Mina et du matou "Chat-vieux" était dans leur collimateur.

Cette maison aux volets ouverts et aux fenêtres éclairées était suspecte. Traditionnellement dans ce village, on vit dans la pénombre des persiennes closes pour éviter mouches et moustiques et pour mieux épier les voisins. 

- Maintenant! intima Calistu -bis qui en avait ras le chapeau mou de se faire matraquer par les grêlons teigneux.

Lisandru bondit jusqu'à la bicoque. Se souvenant à temps qu'il n'était que stagiaire, il courut au ralenti-arrière et se mit sur pause devant les vieilles pierres ébréchées des escaliers.

Il convenait de laisser à son supérieur l'immense honneur de s'ecchymoser l'épaule droite en forçant la porte en bon bois d'arbre (dont la grosse clé pendait à la serrure).

- Police! clama le chef en braquant le faisceau de sa lampe-torche dans l'entrée (pourtant généreusement éclairée), personne ne bouge!

Personne ne bougea! D'ailleurs il n'y avait pas foule, seul grand-père Missia ronflait comme un sonneur au milieu du passage. Point de Chat-vieux ni de grand-mère Mina.

- Ah ça c'est du roupillon, siffla Très -Beau admiratif. Bizarre, il lui manque une godasse, remarqua-t-il fine-mouche, en éclairant une chaussette, tricotée-maison, en coton -pieds- sensibles -100 % fil d'Ecosse prune moucheté cerise burlat.

Réalisant que deux flaques d'eau les cernaient peu à peu, il ajouta pensif - Il est pas comme nous, il est bien sec le veinard, il pionçait déjà avant l'orage. " Icelui, fût-il orant avant que d'être gisant? "... poétisa-t-il dans un souffle.

Les sourcils du stagiaire s'arquèrent d'admiration. Une ride horizontalisa son front soudain soucieux: parviendrait-il un jour au niveau de culture de son chef ou était-il plus sage de démissionner illico?

Calistu ignorant dans quelle immense confusion d'esprit il venait de plonger son subalterne, mit le cap sur la cuisine qui jouxtait l'entrée. Il tomba en arrêt devant le Frigidaire ventru resté grand ouvert.

- Eh ben bravo l'économie d'énergie, bougonna ce sauveur de la planète. Quelle gabegie! Du cuir d'avant-guerre, s'indigna-t-il en découvrant la chaussure vagabonde de Missia qui squattait un reste de salade de pâtes au concombre et figatellu, sur la clayette 4° Celsius réservée aux plats préparés.

Accouru, Lisandru n'avait cure du cuir mais bavait d'envie devant ce plat succulent gâché par ce soulier incongru...Pour ne pas être tenté, il fureta dans le cellier tout proche. - Tiens, ça sent l'orange par ici, remarqua-t-il.

- Et ça continue! On range une bouteille vide dans le frigo! S'emporta le gradé, fervent défenseur du tri sélectif. Cette armoire réfrigérée est aussi mystérieuse que le placard de Barbe bleue, qu'en penses-tu fifrelin?

Lisandru révisa vite fait le vocabulaire-maison et s'exclama - Ben, c'est bien sûr chef, y'a du bizarre-bizarre dans cette cantine! Zieutez donc les ronds de traviole sur le mur.

- Traces de casseroles...Cinq. Diamètre douze à vingt. La batterie complète, évaporée...Récita le patron.

Lisandru admiratif, se sentit une fois de plus bien petit; seul un boss est capable, d'un seul coup d'oeil d'estimer un calibre de gamelles, par ailleurs... inexistantes. Le moral bas, il soupira.

- C'est le bouquet! Ricana le fin limier qui venait de pénétrer dans la chambre conjugale, v'là t'y pas qu'un parapluie noir sieste grand ouvert sur le lit, on aura tout vu!

 Yeux ronds et bouche bée, le subordonné s'appuya au chambranle, eut un reniflement interrogateur et constata tout haut - La aussi, ça sent l'orange!

Calistu-bis flaira l'air - Non gamin, ça sent la clémentine. Et pas n'importe laquelle, la clémentine CORSE.

- "Constitutiones clementinae", doit son nom à Frère Clément, longues feuilles effilées très parfumées, brillance, petit cul vert, chair sans pépins, juteuse et acidulée", récita rêveur Alexandre redevenu continental. Il connaît bien ces délicieux agrumes, sa maman en raffole. Pour elle, quand il était petit, il chapardait chez le primeur leurs belles feuilles vernissées et les lui offrait en odorant bouquet...

- Mazette, applaudit Calistu-bis éberlué, une vraie encyclopédie, bravo le mouflet!

Mouflet rougit et se sentit presque sous- chef ! Son moral remonta.

- Oui et alors! Chat-vieux et moi on mangerait des clémentines sur la tête d'un pouilleux, c'est-y un crime? grinça la voix fluette de la grand-mère Mina, sorte de petite fourmi noire les bras empêtrés de casseroles, qui venait d'entrer sans bruit par la porte du cellier. 

- Qui vous êtes, vous? Qu'est ce que vous fichez chez moi? D'où qu'vous v'nez? Vous voulez quoi? furibarda-t-elle en questions -rafales tout en plaquant ses marmites dans les bras du chef. Icelui se retrouva en situation hiérarchiquement embarrassante.

- Police! Eh! Les questions c'est moi qui les pose, se cabra l'agent en transmettant avec brusquerie son fardeau bassement ménager à un Lisandru... qui, hiérarchiquement, s'y attendait.

- Police, disais-je! Enquêtons sur plastiquage cagettes z'et cageots. Investiguons, rapido:

   très beau1- Casseroles disparues, motif ?

Grand-mère Mina: - Orage, voisins fuites plafond, téléphone SOS                     récipients...Illicite? 

   2- Porte frigo ouverte, motif ? 

   3- Bouteille vide frigo, motif ?

Chat-vieux: - Famine! Santa Mina m'offrir clémentine...Extase...Mais famine encore! Youpi fond bouteille lait, frigo. Adorémus-Mina, dans écuelle lait verser. Drrring- téléphone. Bella-Mina lâcher- réflexe  bouteille vide frigo. Madonna-Mina laisser "General Motors" porte ouverte. Mina-beatum bondir "ALLO"! ...Illicite?

   4- Parapluie dans lit, motif ?

Grand-mère Mina: - Dare-dare!  Parapluie à la volée. Si douairière corse sort sans châle noir= deshonneur. Presto!  chercher fichu armoire chambre = oublié parapluie sur lit...Illicite?

   5- Chaussure dans frigo, motif ?

Grand-père Missia:  - Chat très braillard. Mina pas là. Ôter soulier. Viser chat. Raté! = Aterrissage croquenot dans frigo... Illicite ?

   6- Grand-père roupille entrée, motif ?

Grand-père Missia: - Bel après-midi "Café des Amis" + petit muscat corse mummm...velours! + belote + re-velours + re-re-velours =  besoin dodo... = chambre. Ouh là ! Stooop! Lit + parapluie = diablerie... Donc, roupiller entrée...Illicite ?

   7-8-  Mina pas là et chat chez voisins, motif ?

Grand-mère Mina: - Faudrait suivre, hein! Mina + casseroles chez voisins. Chatière porte cellier, matou sortir, retrouver Mina = Mina + chat chez voisins...Illicite ?

   9-Plastiquage lundi, motif ?

 Mina, Missia, Chat-vieux:  - ...???

   10- Qui a dit  "impossible", motif ?

Mina, Missia, Chat-vieux:  - ...???

Le trio semblait avoir de solides alibis.

Calistu-Calistu en syndrome avancé de rhume de poitrine et en état d'hypoglycémie ramollissante, décida que vue l'heure tardive il était grand temps de rentrer prélasser ses pieds en charentaises- Jéva.

Lisandru ne se fit pas prier pour lever le camp. Il serait à l'heure chez Gaumont-Pathé où se donnait un super western noir et blanc, muet (quel régal d'arranger soi-même les dialogues!).

Agrippé au siège du side-car que son chef malmenait, l'apprenti-policier, pour oublier qu'il était mort de trouille, cogitait.

Il eut été chef, il eut pu se questionner:  d'où Chat-vieux tenait-il le fil bleu (fleurant la clémentine) avec lequel il jouait sous la table, durant la séance d'interrogation? Il lui semblait avoir entr'aperçu ce genre de câble azur dans les débris de cagettes explosées. Mais quand on n'est qu'apprenti, on n'est  pas chef! Et quand on n'est pas chef, on évite de se poser des questions.

 Il eut été chef, il eut pu se remémorer un brumeux épisode, rapporté par le neveu du cousin de la belle-soeur du frère d'un de ses amis, qui insinuait que Mina aurait transformé en coq au vin le gallinacé de Dumè, qui lui déterrait ses radis. En représailles Dumè lui aurait raflé, un lundi de pleine lune, toutes les feuilles de son clémentinier. La cuisinière de fricot frauduleux s'était retrouvée ainsi dans l'impossibilité de vendre sa récolte sous l'appellation " Clémentines corses AVEC FEUILLES ". Ses feues feuilles étaient pour elle un important manque à gagner.

 Mais Lisandru n'était pas chef...Et quand on n'est pas chef, on n'est pas habilité à soupçonner de plastiquage les lundis de pleine lune, qui que ce soit, pas même une petite fourmi en châle noir...

  Si l'on n'est pas chef, on ne peut subodorer que cette même petite fourmi, en parfumant la chatière à la clémentine, inciterait son vieux matou à la franchir, déclenchant ainsi la bombinette. Impossible de subodorer, vous dis-je, quand on n'est pas chef...









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Tout pour ma cherry

Publié le par François & Marie

Noeud papillon  
Coeurs de pigeons
Protestation!

CerisesJPEG.jpg

(Cliché: Marie) 

Publié dans choses vues

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Abader lè vèch's

Publié le par François & Marie

(Texte patoisé de l'article en français Mistice ) 
Que dit Pèques dit pèqu'rettes aveu... d' la ball' harbe au-te!
V'là v'ni l'temps d'abadi lè vèch's au pâquis.
Y'ètot tou in systèm'.
Et d'un, fèyot lè sotchi de yeut'ètâle. Ill ètint ébarlutées pou l' soulé, ill r'chignint à n' èvanci...
toutou2Et de deux, y faillôt n'enmouner l'troupiau veu la chintre, in travèchant la reute. Bin heureux, y'avôt èn' auto de ci de là, yètôt point qu'm'en aujd'heu;
Faillôt s'pianter d'aveu in bâton veu lè barches pou qu'ill allint drêt.
Ill savint pi-e guèr' merchi, lè gravillons y'e talint lè pi. Y' s'dandinôt, y b'sillôt, y' chôgnot, y viôt se r'viri, y' cônot, y'ètôt in cômmèrce impossi-by-e!
Ben heureux, y'avot l'chin d'bargi que fiot bin c'qu'el avot n'à fér!
Laut'je j'avos öyi dè vèch's que breuillint, ill z'ètint dan èn' bétaillèr' condute pou in tagazou. Trouais pou trouais, ill sant baguenaudées veu l' pâquis. Ill m'fi-int songi à c'tè qu'en enmounot veu l'gibet...
Y'è p'tét'bin pouèsqu'y è pi-e dè vèches pou l'laicé, y'è dè bétes pou l'bistec! Y'è p'tèt'bin pou çan qu'y a pi-e d' chin, pi-e d'bargi...P'tèt'bin pou çan qu'ill z'ant pi-e d'nions, qu'an y'e z'y cause pi-e ape qui frondale. Va-t-en don sâvouèr'...

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Défi n°55- "Panne d'électricité"- proposé par Capitaine Tricôtine-

Publié le par François & Marie

Panne d'électricité-

 

Madame Pômée Sanzélektricité, issue de la génération presse-boutons,dort sur une montagne de picaillons.

Elle a eu le nez fin en ouvrant boutique de bougies, allumettes et lampes de poche à remontoir zinzinant, dès le début de la grande panne de courant. Depuis peu, on trouve sur ses  rayonnages un guide de " Nouvelles pratiques de déambulations dans le noir sans écorner la commode de tata Lucienne." Elle propose également un assortiment d'onguents-guérisseurs -d'ecchymoses pour les sots-radins qui s'obstineraient à snober son manuel GPS.

Nuit2

 Le fils de madame Sanzélek, un distrait de première, n'a plus à paraître navré d' exhiber une socquette bleue à dextre et une jaune à  sénestre, cette pénombre, quelle liberté! Personne pour lui reprocher son pull à l'envers porté ni ses joues mal rasées!

Monsieur Sanzélek jubile. Depuis que s'est installée cette nuit qui annule la notion de temps, il n'est plus tenu de payer ses dettes " avant l'août foi d'animal". Il en est fort aise!

Dans les ténèbres Madame Pômée qui n'a pas tout compris, s'extasie - Quelle belle capacité ce nouveau réfrigérateur!  et vide dans l'ascenseur ses radis, poireaux, yaourts et panais.

Puis elle s'impatiente, plantée devant une porte d'où sort du froid et qui fleure le Munster, elle attend depuis une heure qu'il bouge ce maudit ascenseur...

Dans le noir, elle affirme d'un ton sans appel - Madame, j'étais là avant vous! au ficus du salon; elle s'assied sur le chien, constate - Le dentiste a bien fait de changer les sièges de sa salle d'attente, un peu bas peut-être mais bien douillets ma foi!

Dans sa cuisine sombre, elle se régale de crème pâtissière bêtement étiquetée "mayonnaise de Dijon"...

Elle n'y voit goutte, pourtant elle âdooore les chocolats de son anniversaire garantis "cueillis main" dans une oliveraie provençale.

Dans sa salle de bains, elle trouve bien moelleuse la brosse à cheveux-balayette trouvée à tâtons. Puis s'étonne de la saveur du dentifrice qui s'honore d'être "anti-frizz, cheveux secs".

Allongée dans l'herbe, madame Pômée oublie le mutisme des radios et télés. Elle se délecte du chant des grenouilles et des grillons. Elle détecte Cassiopée, puis l'étoile du Nord (pour éviter peut-être de le perdre complètement...). Quelle quiétude! 

...Elle ne sait pas encore qu'elle est assise sur une fourmilière, laissons-la rêver...

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Mistice-

Publié le par François & Marie



- Allez l'chin, tope-là, an r'met çan pou èn'angnan! (Allez le chien, on recommence pour une année!)
Par tacite reconduction (et par une énorme tranche de saucisse), le Léon vient de renouveler le bail rural du Mistice, son chien de troupeau.
Il y a cinq ans, le onze novembre, il l'a trouvé endormi dans le foin de sa grange, l'a adopté, l'a dénommé en raccourci d'Armistice* et lui a donné sa grange en échange de ses talents de berger.

Toutou.jpg
Depuis, chaque matin aux aurores, Mistice guette les claquements de sabots du Léon qui ouvre la porte de sa niche- fenil; en lui gratouillant le crâne il questionne rituellement - Va t'y l'chin? 
Le Mistice lui rend la politesse en quelques coups de museau affectueux dans les mollets.
Leur entente est mutuelle. Pourtant un été, le Mistice a bien été tenté de quitter son statut de canidé-rustique pour une jolie caniche ...parisienne. Un jour de pluie, ses yeux se sont déssilés. Il a brutalement réalisé que les us et coutumes de la capitale lui étaient obscurs. Il est resté pantois en découvrant sa dulcinée accoutrée de quatre bottines rouges et d'un manteau à capuchon. L'idée d'être un jour lui aussi déguisé en toile cirée l'a dégrisé tout net!
Il a laissé repartir sa conquête vers la grand'ville. Elle s'y pavanera toilettée en coquet petit lion...

Il est resté à la ferme et y a pris ses habitudes. 
Son protocole matinal débute par une recherche de traces d'errances nocturnes. Allez donc savoir si des congénères insomniaques n'auraient pas eu des velléités d'appropriation de territoire. On n'est jamais trop prudent. Une délimitation du secteur misticien s'impose: à l'est c'est le pot de géranium où on camoufle la clé de la maison qui écope, au sud le pied de glycine, à l'ouest l'auge des vaches et au nord le stère de bois placidement empilé, dont la base fatalement, n'arrive pas à sécher...
 S'ensuit un zigzagage au milieu des poules qui caquètent de tout et de rien. Il s'octroie un rafraîchissement illicite en lapant l'eau de leur gamelle ( juste pour le plaisir de voir se courroucer l'oeil de coq-le-vaniteux et de se régaler du frémissement indigné des barbillons de ce Gallus-gallus!) 
Il trottine jusqu'au pré où quelques moutons et Coquette la jument s'empiffrent voluptueusement. La blonde comtoise lève les naseaux (en prenant bien garde de ne pas bousculer son soupirant le matou Jeaunot qui ondule dans ses sabots), pour lui éternuer un salut et se remet au festin. Les ovins snobent cet intrus qui ose envahir leur territoire herbu. Quant à Jeaunot, il n'a d'yeux que pour "sa" Coquette et dédaigne ce turbulent chien à vaches... 
Il ne s'attarde guère devant les clapiers. Mistice juge déplaisant le réflexe de ces niaiseux lapins qui le prennent pour une vulgaire belette et "tapent de la patte" à son approche.
 Il accélère le mouvement vers l'étable pour vérifier que l'Ernestine a bien rempli son écuelle du bon lait dont il est friand. 
- Y'è t'y bon l'chin? demande-t-elle continuant à traire, assise bas sur le bois de sa "salle"à trois pattes.                                                                                                      Frétillant du panache, i
l lui confirme qu'il se régale!

Revigoré, il décide de faire un petit somme sur la pierre chaude du seuil.
Alors qu'il se p
erd à peine dans d'agréables rêves canins, il ressent comme  une insolite vibration de l'air, un remue-ménage inhabituel.

Il ouvre un oeil, puis l'autre. Intrigué.
Le Léon d'un naturel placide a viré chef de troupe très affairé. D'une voix affirmée, il distribue des ordres à un petit bataillon qui tient des bâtons.

Bâtons? Mistice se redresse d'un bond! Bâtons signifie "vaches", et les vaches...c'est LUI. Et on ne lui a rien dit!

Et le Léon d'en rajouter:

- Toi, le Glaude tu ne les laisses pas entrer dans le champ des Chanois, on s'rait dans la panade si elles piétinaient la luzerne du Milou, c'est pas un commode... 

Eh, le Zèph, tu gardes bien le bas de la cour des Suisses, ce serait pas le moment qu'elles aillent piétiner leurs parterres, c'est tout nickel chez ces gens là.

Approchez les deux grands, v'là vos fanions rouges. Vous les lèverez bien haut pour avertir les torpédos, le Gugu devant, la Yaudine fermera la marche.

Vous inquiètez pas, l'Mistice saura bin mieux que vous comment tout bien faire. L'Mistice!...Hé l'Mistice? Eh ben, l'Mistice l'avou qu' t'è don?... 

- Ah, tout de même!... On pense ENFIN à moi! ronchonne le Mistice vexé. On s'imagine qu' une première mise au pré peut se faire sans moi...On ne sait pas que, sans moi, l'opération virerait à l'anarchie.

- Vins vit' mon chin, t'vas y-e z'y fèr vouèr c'que t'sais fèr! l'amadoue le Léon.

- Ah! On reconnaît enfin mon utilité! Que dis-je, mes utilités, jugez plutôt:

toutou2.jpgD'après vous, qui va aboyer des encouragements pour faire sortir de l'étable mes ruminants? Qui va guider mes Montbéliardes pataudes à demi aveuglées par la lumière du jour après des mois passés dans la pénombre? L'Mistice!
Qui va calmer les ardeurs des génisses fofolles qui se mettent à "bziller", queue en l'air en boxant le vide de leurs pattes arrière? L'Mistice!
Qui va slalomer entre les entrées de cours et celles des champs pour que le troupeau ne dévie pas de sa trajectoire? L'Mistice encore!
Qui va donner de la voix pour empêcher les bagarres à coups de cornes? L'Mistice toujours!
Qui va remettre dans le sens de la marche celle qui subitement s'entêterait à vouloir  faire demi-tour? L'Mistice, vous dis-je!
Qui va les compter pour savoir si aucune ne s'est égarée? Ah non, raté, pas l'Mistice! L'Mistice laisse ces calculs très très compliqués pour le Léon!
Qui va être pour le reste de la journée Grand Maître du pré et du troupeau en liberté surveillée? Le talentueux Mistice!
Qui va s'allonger à l'ombre des noisetiers, tout en gardant un oeil sur "ses" ruminants? Mistice le chanceux!
Qui va avoir droit à des compliments et à une bonne soupe ce soir? L'Mistice soi-même!
Qui a dit - Quel cabotin ce clebs!

Heu...un vilain jaloux sans doute! Nan, nan! Je n'ai nommé personne, pas même le Gallus-gallus...

 

* Fort heureusement, Pétronille n'avait pas les honneurs du calendrier ce jour là, sinon il se fût appelé Pétrin!

Publié dans Souvenirs

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Vêtements dans le vent

Publié le par François & Marie

Défi n° 54 proposé par Jeanne FA DO SI pour la Communauté "Les croqueurs de mots. 
                              
                  " Vêtements dans le vent".
Utiliser au moins une fois "vent, temps (météo), temps (durée), vêtements.
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Linge.jpg

Vêtements dans le vent-

Baromètre fige son aiguille sur "beau temps".
Aubaine! Lavandière va laver ses vêtements.
Sur un fil dans le pré, les pince solidement.
Chemises et jupettes s'égouttent indolents.
Alizé est en sieste, paresseusement.
Un fâcheux cauchemar le commue harmattan.
Textiles alignés enflent en un rien de temps,
Ballonnés sosies d'horizontaux Botero,
Ondulés par le vent en courbette allegro.

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Médés

Publié le par François & Marie

 

Défi n° 53 proposé par M'Annette pour la communauté " Les croqueurs de mots."
-Voici une minuscule collection de dés rangés, tout petits et discrets sur le bord de mon vaisselier.
Après les fêtes, ménage, et là, plus de dés.
Grand mystère à Montussan! L'enquête est ouverte.


Mééédéééé...

Un cri, un seul. 
Une exclamation d'incompréhension, de stupéfaction, de colère chagrine...
Dans le salon, tout se fige.
Bleu de peur, le canapé se ratatine derrière ses coussins qui rougissent de le voir si pleutre.
poticheLes fleurs du vase se dressent au garde- à -vous, ce qui est incongru pour des grappes de glycine habituellement mollement cascadantes.
Le lampadaire stupéfait essaie de clignoter, mais comme il n'est pas allumé, c'est raté!
Les pieds du fauteuil Louis XVI apeurés, se tordent en Louis XV. (Bonne idée pour changer illico votre style de déco.)
- Mes dés ont disparu...balbutie M'Annette, statufiée, incrédule, fascinée par le vide laissé sur l'étagère.
Les éléments environnants comprennent enfin de quoi il s'agit et se détendent peu à peu (hormis Louis XV, coincé à jamais.) tout en mesurant l'ampleur du sinistre.
- Elle était si fière de son grade de digitabuphile-débutante soupire le porte-revues.
- Elle en avait neuf, quelle perte! Se risquent à murmurer les coussins.
- Elle avait aligné ses dés à coudre sur mon bois massif, grince l'étagère en chêne. Elle ne voyait plus qu'eux, les chouchoutait, leur roucoulait des mamours, les trouvait mignons, précieux. Jamais elle n'aurait eu l'idée de me faire ce genre de compliments alors que j'avais l'immense responsabilité de leur équilibre. Quelle ingratitude.
- Elle venait les visiter chaque jour, explique le vase aux glycines qui retiennent leur parfum. Elle les comptait, de gauche à droite puis de droite à gauche, rien que pour le plaisir. Fallait-il qu'elle les aime...
- Moi, leur voisin du dessus, bougonne le dodu pichet fleuri, je suis devenu transparent dès qu'elle les a alignés à mes pieds. Quand elle "faisait la poussière" je n'avais droit qu'à un distrait coup de plumeau, sans un vrai regard, tandis qu'elle prenait un à un les verres liliputiens, les essuyait dans du métis, les mirait, les admirait. Pfff... M'Annette préférait ces miniatures à mes formes rebondies...
- Ah mes gredins! Nous y voilà ! gronde le compotier vert olive du deuxième étage, par jalousie, vous avez fait disparaître les petites céramiques digitales, me trompe-je? Mummm?
L'étagère et son complice pot à eau n'en mènent pas large, les voilà découverts! Et si le compotier en colère allait les dénoncer à M'Annette, ils finiraient en décharge publique, quelle honte pour eux!
- Je perds patience, tonne le plat vert-courroux, avouez!
- Ben, c'est à dire que...articule péniblement la potiche replète, chaque soir M'Annette les saluait gentiment - Bonne nuit mes dés! ( seuls les médés étaient salués, jamais un - Bonsoir joli pichet! ...Jamais!). Puis dans le noir les médés chuchotaient, j'écoutais leurs papotages. Ils se plaignaient de leur alignement imposé qui ne correspondait pas à leurs affinités. Ainsi, médé-Paris regrettait d'être éloigné de médé Arc-de Triomphe, les deux médés-fleuris auraient aimé générer un joli bouquet. Le médé-berger reluquait le médé-edelweiss, tandis que médé-caille envisageait une liaison culinaire bénie par médé-plat-offert. Un jour, j'ai vendu la mèche de ces espoirs de concubinages à ma voisine la tablette de chêne.
- J'avoue opine planchette d'étagère. A partir de là, nous avons envisagé un stratagème pour réunir les médés et pour faire une farce à notre M'Annette qui...à notre goût, nous négligeait un peu. Ce que vous ignorez, c'est que j'ai été vingt ans planche- trampoline à la piscine municipale, puis on m'a admise à la retraite. D'aucuns me proposaient une reconversion en barreaux de chaises, j'ai opté pour une vie tranquille, en climat tempéré: étagère de salon chez M'Annette, et je ne le regrette pas! Il m'arrive de me donner un peu d'exercice pour ne pas m'empâter. Il m'a donc été facile, d'un simple hoquet, de faire sauter les petits dés dans le ventre de gros pichet, où ils sont heureux comme larrons en foire!
- Tu vas hoqueter dans le sens-retour, gloussa le conciliateur. Demain M'Annette retrouvera avec soulagement ses médés alignés...à leur convenance!
                             Aussitôt dit, aussitôt fait!

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Défi n° 52 "Terres de légendes et de mystères" proposé par Hauteclair pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

DEFI n° 52-  TERRES DE LEGENDES ET DE MYSTERES-

 

Proposé par Hauteclair, pour la Communauté "Les Croqueurs de mots".

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                    LA LEGENDE DE L'ALPHABET.

 

Depuis la nuit des temps, en Terre de Graphie, les lettres de l'alphabet cohabitaient alignées, avec sérénité.

                   a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

Pourtant, un matin d'orage, le "a" s'éveilla agacé, il avait fait un mauvais rêve où la ponctuation se rebellait. Or "a" l'ordre aimait.

 lettresbisDe plus, le  "c", bec béant avait ronflé toute la nuit comme un sonneur, le "f" allergique, avait éternué, le "m" marmonné et le "z" zézayé de l'incompréhensible. 

Etre tête de colonne devenait pesant à "a". Qui est le premier exposé aux courants d'air? Qui est sans cesse, et  inutilement, sollicité, donc usé ? Le "a"! En doutez-vous? Prêtez l'oreille. Un quidam est en interrogation encyclopédique. Il  recherche, au hasard... "recherche". Croyez-vous qu'il écourterait en  - mnopqr? Que nenni, il y va de: abcdefghijklmnopqr...alors que stuvwxyz continuent leur sieste, les veinards. 

"a"décida de vivre solo, se couronna Roi de l'Abécédaire et entreprit aussitôt de mettre de l'ordre dans le Royaume de Graphie.

- Toutes ces lettres si dissemblables à la queue leu-leu, c'est l'anarchie!  Voyez donc, deux rebondies, une ouverte, une dodue, une bossue, c'est la cohue! Régentons! Regroupons les bedons rebondis "dbqpog", puis les effilés "fjitl", ensuite les tourmentés "kywvrxz", chaperonnés par les ponteux "hmnu". Attachons-leur ces faux-jumeaux fâchés qui se tournent le dos "ec". Quant au "s" serpentin, laissons-lui la liberté, il sera mon espion. Récapitulons : dbqpogfjitlkywvrxzhmnuec's, voilà qui est plus seyant!

Content, il s'endormit enfin seul, dans sa suite royale, mains sur bedon et en paix ronfla. 

Au matin, "d" réalisant qu'il était en tête se déclara roi à son tour, "f", "k", "h" et "e", en chefs de groupes en firent autant... 

"s" y perdait son Latin et ne savait plus auprès de qui cafter, il déprima. 

Ce fût une confusion chaotique, un pugilat bagarreur! C'est dire!

Une petite cédille, venue en tressautant de sa campagne (les cédilles tressautantes, les bleues, ne sortent qu'aux nuits claires de printemps. Comme les grenouilles, qui elles sont vertes) inquiète de ne pas avoir de nouvelles, ni par sms, ni par signaux de fumée de son ami "c", découvrit l'ampleur du désordre.

Elle s'affola d'abord (normal, on a beau être cédille, on en est pas moins fille), se calma ensuite et très vite, réagit (normal, voir plus haut). Elle rameuta ses amis les accents, les aigus, les graves, les circonflexes et aussi les trémas, les points et les guillemets et même les apostrophes. Elle les savait riches en réserves anesthésiantes piochées dans moult écrits soporifiques. Ils attaquèrent, encerclèrent et enroupillèrent les mutins entre deux rigides parenthèses.

Les syllabaires s'éveillèrent un peu ahuris d'avoir aussi bien dormi, surpris de côtoyer à nouveau leurs voisins phonèmes-familiers.

La petite cédille, devenue Majesté de Graphie, cérémonieusement leur ôta les parenthèses et les sermonna (normal, c'était un dimanche.)

Elle leur fit promettre de savoir se tenir en Encyclopédie, mais leur permit une récréation, ils pourraient  s'égayer sur les claviers en azertyuiopqsdfghjklmwxcvbn (tiens, cette ligne est toute facile à pianoter!).

Elle leur prouva qu'ils pouvaient cohabiter, tous, en un pangramme (qu'elle venait de recopier) "Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume".

 C'est ainsi que Terre de Graphie devint Terre de Légende, et fit sienne cette devise "Cédille abolit la bisbille"! (Les formules "Marie-rose la mort parfumée des poux" et "Omo lave plus blanc que blanc" étant déjà utilisées, il m'a bien fallu en trouver une autre.)

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L'rèsèg du René

Publié le par François & Marie


                       Pogonotomie- (patoisée)

L' René aimô bin s'rèsi tous lè je, l'diminch' el ètôt encô pi-e r'gaidjant!
Su l'évie d'la cus'ne, è mèttôt tou c'qui li fayôt. Y'avôt l' coup'chou ape san queu à ragueusi, l'sèvon à bârb'que sentôt bon, la queuvette aveu l'aigue du pouits, l'linge à s'es'suer, l' blèreau ape la glâce accreuchie à in qui-ou.
E subiot an s' rèquian la couenne! El ètôt prou adret, mâ dè coups, è s' fiôt èn' ptchêt'taiyasse, ouh ! El ètôt vexaie! E se r'mandôt d'aveu ènan feû-ille d' pèpier JOB, an èrôt cru qui li poussôt dè pieumes su lè juâs!
Sè ptchignôts arrivint en corrant quan è djot què beillôt l'ètrenaie d'sa bârb'! Y'èto doux, y sintôt bon. E y-e z'y beillôt un p'tiot cou d' blèreau pi-in d' moussu su l'nez, è rigolint bin tô lè trouais, y'ètôt l'bon timps...

rasage-copie-1.jpg

Publié dans Histoire en Patois

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Défi n° "Passer de père en fils" proposé par Tricotine pour Les croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

Exercice de transmutation: passer de père à fils en ne changeant qu'une seule lettre à la fois

Proposé par Tricôtine pour la Communauté "Les Croqueurs de mots." 

 

Bai -ambre-champagne était mon PERE.
Il m'a transmis ses beaux yeux PERS.
Aussi je rue des quatre FERS,
Quand on me prétend - Alezan mon cher!
Alors que Zain je suis,
Couleur pruneaux des FARS bien cuits.
Voyez l'entichement de mes FANS,
Lorsqu'ils admirent mes jarrets FINS.
A mes FILS je les léguerai. On dira d'eux - Jolis poulains!

Grosdada

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