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Défi n°55- "Panne d'électricité"- proposé par Capitaine Tricôtine-

Publié le par François & Marie

Panne d'électricité-

 

Madame Pômée Sanzélektricité, issue de la génération presse-boutons,dort sur une montagne de picaillons.

Elle a eu le nez fin en ouvrant boutique de bougies, allumettes et lampes de poche à remontoir zinzinant, dès le début de la grande panne de courant. Depuis peu, on trouve sur ses  rayonnages un guide de " Nouvelles pratiques de déambulations dans le noir sans écorner la commode de tata Lucienne." Elle propose également un assortiment d'onguents-guérisseurs -d'ecchymoses pour les sots-radins qui s'obstineraient à snober son manuel GPS.

Nuit2

 Le fils de madame Sanzélek, un distrait de première, n'a plus à paraître navré d' exhiber une socquette bleue à dextre et une jaune à  sénestre, cette pénombre, quelle liberté! Personne pour lui reprocher son pull à l'envers porté ni ses joues mal rasées!

Monsieur Sanzélek jubile. Depuis que s'est installée cette nuit qui annule la notion de temps, il n'est plus tenu de payer ses dettes " avant l'août foi d'animal". Il en est fort aise!

Dans les ténèbres Madame Pômée qui n'a pas tout compris, s'extasie - Quelle belle capacité ce nouveau réfrigérateur!  et vide dans l'ascenseur ses radis, poireaux, yaourts et panais.

Puis elle s'impatiente, plantée devant une porte d'où sort du froid et qui fleure le Munster, elle attend depuis une heure qu'il bouge ce maudit ascenseur...

Dans le noir, elle affirme d'un ton sans appel - Madame, j'étais là avant vous! au ficus du salon; elle s'assied sur le chien, constate - Le dentiste a bien fait de changer les sièges de sa salle d'attente, un peu bas peut-être mais bien douillets ma foi!

Dans sa cuisine sombre, elle se régale de crème pâtissière bêtement étiquetée "mayonnaise de Dijon"...

Elle n'y voit goutte, pourtant elle âdooore les chocolats de son anniversaire garantis "cueillis main" dans une oliveraie provençale.

Dans sa salle de bains, elle trouve bien moelleuse la brosse à cheveux-balayette trouvée à tâtons. Puis s'étonne de la saveur du dentifrice qui s'honore d'être "anti-frizz, cheveux secs".

Allongée dans l'herbe, madame Pômée oublie le mutisme des radios et télés. Elle se délecte du chant des grenouilles et des grillons. Elle détecte Cassiopée, puis l'étoile du Nord (pour éviter peut-être de le perdre complètement...). Quelle quiétude! 

...Elle ne sait pas encore qu'elle est assise sur une fourmilière, laissons-la rêver...

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Mistice-

Publié le par François & Marie



- Allez l'chin, tope-là, an r'met çan pou èn'angnan! (Allez le chien, on recommence pour une année!)
Par tacite reconduction (et par une énorme tranche de saucisse), le Léon vient de renouveler le bail rural du Mistice, son chien de troupeau.
Il y a cinq ans, le onze novembre, il l'a trouvé endormi dans le foin de sa grange, l'a adopté, l'a dénommé en raccourci d'Armistice* et lui a donné sa grange en échange de ses talents de berger.

Toutou.jpg
Depuis, chaque matin aux aurores, Mistice guette les claquements de sabots du Léon qui ouvre la porte de sa niche- fenil; en lui gratouillant le crâne il questionne rituellement - Va t'y l'chin? 
Le Mistice lui rend la politesse en quelques coups de museau affectueux dans les mollets.
Leur entente est mutuelle. Pourtant un été, le Mistice a bien été tenté de quitter son statut de canidé-rustique pour une jolie caniche ...parisienne. Un jour de pluie, ses yeux se sont déssilés. Il a brutalement réalisé que les us et coutumes de la capitale lui étaient obscurs. Il est resté pantois en découvrant sa dulcinée accoutrée de quatre bottines rouges et d'un manteau à capuchon. L'idée d'être un jour lui aussi déguisé en toile cirée l'a dégrisé tout net!
Il a laissé repartir sa conquête vers la grand'ville. Elle s'y pavanera toilettée en coquet petit lion...

Il est resté à la ferme et y a pris ses habitudes. 
Son protocole matinal débute par une recherche de traces d'errances nocturnes. Allez donc savoir si des congénères insomniaques n'auraient pas eu des velléités d'appropriation de territoire. On n'est jamais trop prudent. Une délimitation du secteur misticien s'impose: à l'est c'est le pot de géranium où on camoufle la clé de la maison qui écope, au sud le pied de glycine, à l'ouest l'auge des vaches et au nord le stère de bois placidement empilé, dont la base fatalement, n'arrive pas à sécher...
 S'ensuit un zigzagage au milieu des poules qui caquètent de tout et de rien. Il s'octroie un rafraîchissement illicite en lapant l'eau de leur gamelle ( juste pour le plaisir de voir se courroucer l'oeil de coq-le-vaniteux et de se régaler du frémissement indigné des barbillons de ce Gallus-gallus!) 
Il trottine jusqu'au pré où quelques moutons et Coquette la jument s'empiffrent voluptueusement. La blonde comtoise lève les naseaux (en prenant bien garde de ne pas bousculer son soupirant le matou Jeaunot qui ondule dans ses sabots), pour lui éternuer un salut et se remet au festin. Les ovins snobent cet intrus qui ose envahir leur territoire herbu. Quant à Jeaunot, il n'a d'yeux que pour "sa" Coquette et dédaigne ce turbulent chien à vaches... 
Il ne s'attarde guère devant les clapiers. Mistice juge déplaisant le réflexe de ces niaiseux lapins qui le prennent pour une vulgaire belette et "tapent de la patte" à son approche.
 Il accélère le mouvement vers l'étable pour vérifier que l'Ernestine a bien rempli son écuelle du bon lait dont il est friand. 
- Y'è t'y bon l'chin? demande-t-elle continuant à traire, assise bas sur le bois de sa "salle"à trois pattes.                                                                                                      Frétillant du panache, i
l lui confirme qu'il se régale!

Revigoré, il décide de faire un petit somme sur la pierre chaude du seuil.
Alors qu'il se p
erd à peine dans d'agréables rêves canins, il ressent comme  une insolite vibration de l'air, un remue-ménage inhabituel.

Il ouvre un oeil, puis l'autre. Intrigué.
Le Léon d'un naturel placide a viré chef de troupe très affairé. D'une voix affirmée, il distribue des ordres à un petit bataillon qui tient des bâtons.

Bâtons? Mistice se redresse d'un bond! Bâtons signifie "vaches", et les vaches...c'est LUI. Et on ne lui a rien dit!

Et le Léon d'en rajouter:

- Toi, le Glaude tu ne les laisses pas entrer dans le champ des Chanois, on s'rait dans la panade si elles piétinaient la luzerne du Milou, c'est pas un commode... 

Eh, le Zèph, tu gardes bien le bas de la cour des Suisses, ce serait pas le moment qu'elles aillent piétiner leurs parterres, c'est tout nickel chez ces gens là.

Approchez les deux grands, v'là vos fanions rouges. Vous les lèverez bien haut pour avertir les torpédos, le Gugu devant, la Yaudine fermera la marche.

Vous inquiètez pas, l'Mistice saura bin mieux que vous comment tout bien faire. L'Mistice!...Hé l'Mistice? Eh ben, l'Mistice l'avou qu' t'è don?... 

- Ah, tout de même!... On pense ENFIN à moi! ronchonne le Mistice vexé. On s'imagine qu' une première mise au pré peut se faire sans moi...On ne sait pas que, sans moi, l'opération virerait à l'anarchie.

- Vins vit' mon chin, t'vas y-e z'y fèr vouèr c'que t'sais fèr! l'amadoue le Léon.

- Ah! On reconnaît enfin mon utilité! Que dis-je, mes utilités, jugez plutôt:

toutou2.jpgD'après vous, qui va aboyer des encouragements pour faire sortir de l'étable mes ruminants? Qui va guider mes Montbéliardes pataudes à demi aveuglées par la lumière du jour après des mois passés dans la pénombre? L'Mistice!
Qui va calmer les ardeurs des génisses fofolles qui se mettent à "bziller", queue en l'air en boxant le vide de leurs pattes arrière? L'Mistice!
Qui va slalomer entre les entrées de cours et celles des champs pour que le troupeau ne dévie pas de sa trajectoire? L'Mistice encore!
Qui va donner de la voix pour empêcher les bagarres à coups de cornes? L'Mistice toujours!
Qui va remettre dans le sens de la marche celle qui subitement s'entêterait à vouloir  faire demi-tour? L'Mistice, vous dis-je!
Qui va les compter pour savoir si aucune ne s'est égarée? Ah non, raté, pas l'Mistice! L'Mistice laisse ces calculs très très compliqués pour le Léon!
Qui va être pour le reste de la journée Grand Maître du pré et du troupeau en liberté surveillée? Le talentueux Mistice!
Qui va s'allonger à l'ombre des noisetiers, tout en gardant un oeil sur "ses" ruminants? Mistice le chanceux!
Qui va avoir droit à des compliments et à une bonne soupe ce soir? L'Mistice soi-même!
Qui a dit - Quel cabotin ce clebs!

Heu...un vilain jaloux sans doute! Nan, nan! Je n'ai nommé personne, pas même le Gallus-gallus...

 

* Fort heureusement, Pétronille n'avait pas les honneurs du calendrier ce jour là, sinon il se fût appelé Pétrin!

Publié dans Souvenirs

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Vêtements dans le vent

Publié le par François & Marie

Défi n° 54 proposé par Jeanne FA DO SI pour la Communauté "Les croqueurs de mots. 
                              
                  " Vêtements dans le vent".
Utiliser au moins une fois "vent, temps (météo), temps (durée), vêtements.
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Linge.jpg

Vêtements dans le vent-

Baromètre fige son aiguille sur "beau temps".
Aubaine! Lavandière va laver ses vêtements.
Sur un fil dans le pré, les pince solidement.
Chemises et jupettes s'égouttent indolents.
Alizé est en sieste, paresseusement.
Un fâcheux cauchemar le commue harmattan.
Textiles alignés enflent en un rien de temps,
Ballonnés sosies d'horizontaux Botero,
Ondulés par le vent en courbette allegro.

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Médés

Publié le par François & Marie

 

Défi n° 53 proposé par M'Annette pour la communauté " Les croqueurs de mots."
-Voici une minuscule collection de dés rangés, tout petits et discrets sur le bord de mon vaisselier.
Après les fêtes, ménage, et là, plus de dés.
Grand mystère à Montussan! L'enquête est ouverte.


Mééédéééé...

Un cri, un seul. 
Une exclamation d'incompréhension, de stupéfaction, de colère chagrine...
Dans le salon, tout se fige.
Bleu de peur, le canapé se ratatine derrière ses coussins qui rougissent de le voir si pleutre.
poticheLes fleurs du vase se dressent au garde- à -vous, ce qui est incongru pour des grappes de glycine habituellement mollement cascadantes.
Le lampadaire stupéfait essaie de clignoter, mais comme il n'est pas allumé, c'est raté!
Les pieds du fauteuil Louis XVI apeurés, se tordent en Louis XV. (Bonne idée pour changer illico votre style de déco.)
- Mes dés ont disparu...balbutie M'Annette, statufiée, incrédule, fascinée par le vide laissé sur l'étagère.
Les éléments environnants comprennent enfin de quoi il s'agit et se détendent peu à peu (hormis Louis XV, coincé à jamais.) tout en mesurant l'ampleur du sinistre.
- Elle était si fière de son grade de digitabuphile-débutante soupire le porte-revues.
- Elle en avait neuf, quelle perte! Se risquent à murmurer les coussins.
- Elle avait aligné ses dés à coudre sur mon bois massif, grince l'étagère en chêne. Elle ne voyait plus qu'eux, les chouchoutait, leur roucoulait des mamours, les trouvait mignons, précieux. Jamais elle n'aurait eu l'idée de me faire ce genre de compliments alors que j'avais l'immense responsabilité de leur équilibre. Quelle ingratitude.
- Elle venait les visiter chaque jour, explique le vase aux glycines qui retiennent leur parfum. Elle les comptait, de gauche à droite puis de droite à gauche, rien que pour le plaisir. Fallait-il qu'elle les aime...
- Moi, leur voisin du dessus, bougonne le dodu pichet fleuri, je suis devenu transparent dès qu'elle les a alignés à mes pieds. Quand elle "faisait la poussière" je n'avais droit qu'à un distrait coup de plumeau, sans un vrai regard, tandis qu'elle prenait un à un les verres liliputiens, les essuyait dans du métis, les mirait, les admirait. Pfff... M'Annette préférait ces miniatures à mes formes rebondies...
- Ah mes gredins! Nous y voilà ! gronde le compotier vert olive du deuxième étage, par jalousie, vous avez fait disparaître les petites céramiques digitales, me trompe-je? Mummm?
L'étagère et son complice pot à eau n'en mènent pas large, les voilà découverts! Et si le compotier en colère allait les dénoncer à M'Annette, ils finiraient en décharge publique, quelle honte pour eux!
- Je perds patience, tonne le plat vert-courroux, avouez!
- Ben, c'est à dire que...articule péniblement la potiche replète, chaque soir M'Annette les saluait gentiment - Bonne nuit mes dés! ( seuls les médés étaient salués, jamais un - Bonsoir joli pichet! ...Jamais!). Puis dans le noir les médés chuchotaient, j'écoutais leurs papotages. Ils se plaignaient de leur alignement imposé qui ne correspondait pas à leurs affinités. Ainsi, médé-Paris regrettait d'être éloigné de médé Arc-de Triomphe, les deux médés-fleuris auraient aimé générer un joli bouquet. Le médé-berger reluquait le médé-edelweiss, tandis que médé-caille envisageait une liaison culinaire bénie par médé-plat-offert. Un jour, j'ai vendu la mèche de ces espoirs de concubinages à ma voisine la tablette de chêne.
- J'avoue opine planchette d'étagère. A partir de là, nous avons envisagé un stratagème pour réunir les médés et pour faire une farce à notre M'Annette qui...à notre goût, nous négligeait un peu. Ce que vous ignorez, c'est que j'ai été vingt ans planche- trampoline à la piscine municipale, puis on m'a admise à la retraite. D'aucuns me proposaient une reconversion en barreaux de chaises, j'ai opté pour une vie tranquille, en climat tempéré: étagère de salon chez M'Annette, et je ne le regrette pas! Il m'arrive de me donner un peu d'exercice pour ne pas m'empâter. Il m'a donc été facile, d'un simple hoquet, de faire sauter les petits dés dans le ventre de gros pichet, où ils sont heureux comme larrons en foire!
- Tu vas hoqueter dans le sens-retour, gloussa le conciliateur. Demain M'Annette retrouvera avec soulagement ses médés alignés...à leur convenance!
                             Aussitôt dit, aussitôt fait!

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Défi n° 52 "Terres de légendes et de mystères" proposé par Hauteclair pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

DEFI n° 52-  TERRES DE LEGENDES ET DE MYSTERES-

 

Proposé par Hauteclair, pour la Communauté "Les Croqueurs de mots".

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                    LA LEGENDE DE L'ALPHABET.

 

Depuis la nuit des temps, en Terre de Graphie, les lettres de l'alphabet cohabitaient alignées, avec sérénité.

                   a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

Pourtant, un matin d'orage, le "a" s'éveilla agacé, il avait fait un mauvais rêve où la ponctuation se rebellait. Or "a" l'ordre aimait.

 lettresbisDe plus, le  "c", bec béant avait ronflé toute la nuit comme un sonneur, le "f" allergique, avait éternué, le "m" marmonné et le "z" zézayé de l'incompréhensible. 

Etre tête de colonne devenait pesant à "a". Qui est le premier exposé aux courants d'air? Qui est sans cesse, et  inutilement, sollicité, donc usé ? Le "a"! En doutez-vous? Prêtez l'oreille. Un quidam est en interrogation encyclopédique. Il  recherche, au hasard... "recherche". Croyez-vous qu'il écourterait en  - mnopqr? Que nenni, il y va de: abcdefghijklmnopqr...alors que stuvwxyz continuent leur sieste, les veinards. 

"a"décida de vivre solo, se couronna Roi de l'Abécédaire et entreprit aussitôt de mettre de l'ordre dans le Royaume de Graphie.

- Toutes ces lettres si dissemblables à la queue leu-leu, c'est l'anarchie!  Voyez donc, deux rebondies, une ouverte, une dodue, une bossue, c'est la cohue! Régentons! Regroupons les bedons rebondis "dbqpog", puis les effilés "fjitl", ensuite les tourmentés "kywvrxz", chaperonnés par les ponteux "hmnu". Attachons-leur ces faux-jumeaux fâchés qui se tournent le dos "ec". Quant au "s" serpentin, laissons-lui la liberté, il sera mon espion. Récapitulons : dbqpogfjitlkywvrxzhmnuec's, voilà qui est plus seyant!

Content, il s'endormit enfin seul, dans sa suite royale, mains sur bedon et en paix ronfla. 

Au matin, "d" réalisant qu'il était en tête se déclara roi à son tour, "f", "k", "h" et "e", en chefs de groupes en firent autant... 

"s" y perdait son Latin et ne savait plus auprès de qui cafter, il déprima. 

Ce fût une confusion chaotique, un pugilat bagarreur! C'est dire!

Une petite cédille, venue en tressautant de sa campagne (les cédilles tressautantes, les bleues, ne sortent qu'aux nuits claires de printemps. Comme les grenouilles, qui elles sont vertes) inquiète de ne pas avoir de nouvelles, ni par sms, ni par signaux de fumée de son ami "c", découvrit l'ampleur du désordre.

Elle s'affola d'abord (normal, on a beau être cédille, on en est pas moins fille), se calma ensuite et très vite, réagit (normal, voir plus haut). Elle rameuta ses amis les accents, les aigus, les graves, les circonflexes et aussi les trémas, les points et les guillemets et même les apostrophes. Elle les savait riches en réserves anesthésiantes piochées dans moult écrits soporifiques. Ils attaquèrent, encerclèrent et enroupillèrent les mutins entre deux rigides parenthèses.

Les syllabaires s'éveillèrent un peu ahuris d'avoir aussi bien dormi, surpris de côtoyer à nouveau leurs voisins phonèmes-familiers.

La petite cédille, devenue Majesté de Graphie, cérémonieusement leur ôta les parenthèses et les sermonna (normal, c'était un dimanche.)

Elle leur fit promettre de savoir se tenir en Encyclopédie, mais leur permit une récréation, ils pourraient  s'égayer sur les claviers en azertyuiopqsdfghjklmwxcvbn (tiens, cette ligne est toute facile à pianoter!).

Elle leur prouva qu'ils pouvaient cohabiter, tous, en un pangramme (qu'elle venait de recopier) "Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume".

 C'est ainsi que Terre de Graphie devint Terre de Légende, et fit sienne cette devise "Cédille abolit la bisbille"! (Les formules "Marie-rose la mort parfumée des poux" et "Omo lave plus blanc que blanc" étant déjà utilisées, il m'a bien fallu en trouver une autre.)

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L'rèsèg du René

Publié le par François & Marie


                       Pogonotomie- (patoisée)

L' René aimô bin s'rèsi tous lè je, l'diminch' el ètôt encô pi-e r'gaidjant!
Su l'évie d'la cus'ne, è mèttôt tou c'qui li fayôt. Y'avôt l' coup'chou ape san queu à ragueusi, l'sèvon à bârb'que sentôt bon, la queuvette aveu l'aigue du pouits, l'linge à s'es'suer, l' blèreau ape la glâce accreuchie à in qui-ou.
E subiot an s' rèquian la couenne! El ètôt prou adret, mâ dè coups, è s' fiôt èn' ptchêt'taiyasse, ouh ! El ètôt vexaie! E se r'mandôt d'aveu ènan feû-ille d' pèpier JOB, an èrôt cru qui li poussôt dè pieumes su lè juâs!
Sè ptchignôts arrivint en corrant quan è djot què beillôt l'ètrenaie d'sa bârb'! Y'èto doux, y sintôt bon. E y-e z'y beillôt un p'tiot cou d' blèreau pi-in d' moussu su l'nez, è rigolint bin tô lè trouais, y'ètôt l'bon timps...

rasage-copie-1.jpg

Publié dans Histoire en Patois

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Défi n° "Passer de père en fils" proposé par Tricotine pour Les croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

Exercice de transmutation: passer de père à fils en ne changeant qu'une seule lettre à la fois

Proposé par Tricôtine pour la Communauté "Les Croqueurs de mots." 

 

Bai -ambre-champagne était mon PERE.
Il m'a transmis ses beaux yeux PERS.
Aussi je rue des quatre FERS,
Quand on me prétend - Alezan mon cher!
Alors que Zain je suis,
Couleur pruneaux des FARS bien cuits.
Voyez l'entichement de mes FANS,
Lorsqu'ils admirent mes jarrets FINS.
A mes FILS je les léguerai. On dira d'eux - Jolis poulains!

Grosdada

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Pogonotomie (*1)

Publié le par François & Marie



              PIECE MUSICALO-SIFFLOTEE- 

EN UN ACTE - UNE SCENE - UN PERSONNAGE-

Mise en scène-
    Le René, trentenaire jovial en gilet de corps et pantalon de velours, s'affaire au protocole du rituel hebdomadaire de pogonotomie. (la scène se passe en mille neuf cent cinquante, un dimanche matin, dans la cuisine-pièce à vivre- à manger- à toiletter, d'une ferme.)
rasage.jpg
Action-
    - Shhlliiiiichhh, shhlliicchh, shlich, schlich sonne le rasoir qui glisse vif, léger sur le cuir à affûter. (on peut varier le nombre de "schlich" et leur amplitude en fonction de l'état d'esprit matinal de la "planchette à repasser" qui, en général, adore les gouzis-gratouillis.)*2
    Le René (barytonnant "Perrr un barbièrrre di qualità- di qualità! Figarrro-Figarrro-Figarrro- Figarrro- Figarrro!") affile le tranchant de son coupe-chou. Il le dépose en sécurité (comme un adjudant-chef le lui apprendra trente ans plus tard en cours de secourisme pour pompiers volontaires.)*2 sur la faïence de l'évier (récuré au Nab.)*2, aux côtés de la bassine émaillée bleue (qui sera remplacée, cinq ans plus tard, sans scrupules par une rouge vaniteusement inaltérable, en matière plastique d'Oyonnax.)*2. (Dans cette bassine se prélasse l'eau du puits, ravie d'avoir été extirpée de la froidure des ténèbres.)*2
    Le René (roucoulant "la valseuu bruneuu") fait tourbillonner en cercles bulleux son blaireau (qui s'empiffre goulûment)*2 dans le bol de savon à raser.
    Le René raccourcit, en la tournicotant d'un tour, la chaînette du petit miroir piqueté qui pendouille à une espagnolette. (comme il roucoule toujours "...des cheuuvaliers de la luneuu...", il n'ouit pas la contestation furibarde de la chaîne à qui il vient de tordre les lombes, qui proteste que si on la voulait plus courte, il fallait le dire au monsieur en blouse grise de la quincaillerie qui l'avait vendue 1franc 50, justement parce qu'elle était longue, non mais!)*2
    Le René (se mirant au miroir) méticuleusement se badigeonne visage et cou de mousse neigeuse. (il est préférable qu'il ne siffle ni ne chante, afin de ne pas provoquer de bulles intempestives.)*2
    Le René extermine dextrement de son sabre sonnant, endroit-envers, pilosité et écume mousseuse. (ni fredon, ni sifflon. Extrême concentration.)
    Le René réveille en sursaut l'eau de la bassine. Elle est toute chamboulée par le barbotage du rinçage du visage glabre du René. (qui ne chante ni ne sifflote sous peine de boire la tasse.)
    Le René se farte à la pierre d'alun, pompière de feu de rasoir. (adaptable, le René fredonne,bouche close "Au feu les pompiers".)  

Le René tamponne ses joues (lisses) dans une serviette nids d'abeilles à franges, chiffrée au point de croix (coton perlé DMC n°8, rouge-griotte.)*2. ( le René, opportuniste, sifflote "Le temps des cerises".)
    Le René glougloute la lame de son "A.Vedel Médaille d'Or étoilé" (dans l'eau de la bassine qui avait retrouvé, non sans peine, sa sérénité), l'essuie précautionneusement à la serviette monogrammée, puis l'escamote dans sa châsse.(non monogrammée, elle. Ah la lutte des classes...)*2
    Le René se lorgne à la psyché de poche aluminiomée, présentant au public la fossette de son profil gauche avantageux. (il fredonne l'air de la Castafiore "Ah, je ris de meuu voir "si bel" en çeuu miroireuu..."). (Soudain, la voix s'étrangle, vire au tragique) Le René vient de détecter sur la proéminence condyleuse de sa virile mâchoire, une estafilade légère. (il "couac" et hausse un sourcil, vexé.)
    Le René véloce, jugule la grave hémorragie digne de celle d'un moucheron, d'un confetto de papier "JOB", l'honneur est sauf!
    Le René guilleret, annonce  la cantonnade - Je donne l'étrenne de ma barbe! Qui vient la cueillir? 
    ( Le René se réjouit de la joyeuse cavalcade et des acclamations d'approbation qui filtrent des coulisses.)
    Le René (s'incline vers le public) reçoit un gros baiser à droite, un gros bisou à gauche et entend qu'on lui signale au milieu des rires et de la bousculade - La messe sonne, dépêche, papa! On va être en retard ! 
    Ses deux loupiots endimanchés font redescendre sur terre le René!  Il réalise en souriant que ces deux baisers valent bien d'une foule anonyme, tous les applaudissements...

*1- Pogonotomie : art de se raser soi-même, sans l'aide d'un barbier. (en s'estafilant tous les centimètres, ce qui fait prospérer l'industrie des petits carnets de papier à cigarettes-pansements compressifs de premier choix !)

*2- Didascalies délivrées par l'auteur(e) un peu désoeuvré(e) qui se mêle parfois d'étudier les états d'âme des objets inanimés. Le metteur en scène peut ne pas les prendre en compte (le gredin), arguant que le public, par définition, n'est pas sur scène et ne perçoit pas de près les objets (ça existe les jumelles de théâtre, figurez-vous...). Une telle désinvolture risque fort de froisser la susceptibilité de l'auteur(e) qui ira proposer ses textes à la concurrence qui, elle, sera ravie de les accepter,vues leurs qualités et la modestie de leur auteur(e). Qu'on se le dise!

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Défi n° 51 "Amour inter-cosmique" proposé par Catiechris pour Les croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

Défi n° 51-  "Amour inter-cosmique." d'après une idée de John Gray.
                    Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus.
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Vous écrirez une lettre d'amour inter -cosmique.
Vous axerez votre texte en cinq étapes - mots de la colère.
                                                          - mots de la tristesse ou de la peine.
                                                          - mots d'inquiétude ou d'angoisse.
                                                          - mots du regret.
                                                          - mots d'amour.

 Proposé par CATIECHRIS pour la communauté "Les croqueurs de mots."
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Bipbipbip.jpg

Mon Martiussou,
      Foudre de Vulcain, feu de Zeus! Prends garde aux éclairs rouges de mon  fulgurôpoing. Que mon courroux t'atomise! Fuis l'ire qui en moi se déchaîne! Une fois de trop, tu as lâchement abandonné la tubette de récure-quenottes, béante et spirulée et omis d'enclore le monocle à popot.
      Des torrents de gouttes salées, 311g Nacl/ litre, noient mon rimmel waterproof (tiens, il l'est vraiment! Pour une fois, cette pimbêche Séphorique ne m'a pas escroquée...). Je me peau- de- chagrine. Je vais planter des cyprès de cimetière dans les géraniums de mon balcon. Mon nerf facial VII est tétanisé. Mon teint étiolé est celui d'une endive en tunnel. Je suis tristounette de t'avoir chiffonné en ébréchant ton laser bionique sur l'os de la souris du dimanche. Vulcain n'a pas respecté les 15mn/livre réglementaires, résultat: trop cuit le gigot. Et ça n'est pas la faute du boucher... 
    J'amoncelle des cumulus depuis que tu as spiralé en trombe vers le cosmos bleu. Je suis dans les affres. La petite virée dans ton spationef rotoïde à lithium 500 pourrait virer au rouge. Je dois t'avouer une crapulerie. 
    Des remords me tourmentent. Je bats ma coulpe si impétueusement que j'ai légèrement (rassure-toi), écaillé le vernis de mon majeur droit à la fibule de ma ceinture, cadeau de Jupiter. Au fait, il m'a grugée, elle n'est pas en or massif à poinçon tête d'aigle, mais porte l'estampille tête de piaf, vexant!
    Me voilà contrite, repentante et marrie. Bref, je me sens scélérate. Ton véhicule cosmico-stellaire au lithium 500 rotoïde, n'a plus de pneumatique d'aplanètissage. Je l'ai subtilisé. Il m'en manquait juste un pour achever le somptueux faux puits en pneus de mon jardin zen.
    Avec ou sans pneumatique, tu restes mon bien-aimé.  
                          
Ton affectionnée Vénustianoune.              

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Du metton ? Admettons !

Publié le par François & Marie

Cancoillotte.jpgAu fond de la resserre dans une jatte en terre,
Oubliez, trois jours durant, du bon lait de vache bien blanc.
Le jour premier, vous pourrez le visiter,
Sa belle et bonne crème épaisse allez récupérer.
Le jour trois, il aura grumelé, le voilà donc caillé!
Cette caillebotte piègerez dans un torchon métis aux quatre coins noués.
A l'espagnolette vous le suspendrez, là, juste au-dessus du vieil évier.
A présent patientez et laissez égoutter.
D'ici trois jours du metton blanc vous aurez.
Du metton, admettons! Mais qu'est-ce donc?
Rien que du lait caillé grumeleux, de son babeurre libéré!
Dans la grande jatte en terre, vous allez l'émietter.
D'un torchon bien épais et d'un molleton laineux, allez l'emmitoufler.
Pour trois jours, sous l'édredon le metton enfouirez.
De l'oublier point vous ne risquez!
Les exhalaisons de sa fermentation dénonceront sa maturation! 
Ces moëlleux grumeaux de metton mature, jaune-doré, 
Vous allez les diluer, dans une eau au vin jaune et à l'ail arômatisée.
En chauffant, touillant, touillant et retouillant, vous allez être récompensés,  
D'une crème (sans crème!) lisse, onctueuse et parfumée...hummm,vous sentez!...
Sous votre spatule est née la CANCOILLOTTE des vallées de Franche-Comté.
Articulez bien can-coi-llotte, comme le font les gens du cru, 
Ne passez pas pour indoctes en prononçant par mégarde can-co-yote! Vous voilà prévenus!
Si un jour il vous venait des envies de "ramener votre latin", 
A la cantine quémandez une cuillerée de ce "concoctum lactem" à votre voisin.
S'il bée, faite celle qui n'a pas remarqué que c'est lui qui en perd son latin!
S'il a le dos tourné, chipez-lui donc son pain,
S'il est grillé (le pain!), c'est encore mieux,
Pour y couler cette créme dorée que vous dégusterez,
En croquant tartine et poire Louise-Bonne en simultané...
S'il revient (le commensal voisin) avec un joli verre de Macvin,
Chapardez-lui aussi! Essayez, ces accords sont divins!

L'maitton-majon.  
                            (Du metton? Admettons! Patoisé.)

  • La Bilette ape la Beuznot' ant fèt l'viau de par in mém' timps.

  • C'qui fè qu' l'Ugén' peut point n'empotcher yeutè lé à la futrie, l'frutier en veut point entendr' causer, y f'rôt viri san comté...

  • La Zélie qu'ém' ran pèdre, va in fér' du maitton pou la quincouèllotte. L'Ugén', el ém' bin çan, daveu des poumètars ape d'la balle Morteau. Y te r'quinque s'n'houmme!

  • La Zélie a vit'ment fè, ill t'èttrape èn' gran trape, y vèch' le laissé bin crémmou qu'ill va ubier trouais je, din la souillarde. 

  • Y va fér' dè catons. La Zélie lè f'ra épeurer din in teurchon qu'va pengo-yie deux je au tiquio su l'èvie.

  • Pou èprés, ill va mignoter l'maitton sous l'pieumont! L'Ugén' ape li, vant l'n'avouèr' su lè pis trouais je, sin bouji l'pieumon, pou qu'el è pont frè!

  • Quin y qu'mence à pure bin bon, l'maitton è fin prêt! Y'a pi-e qu'à fér' fondre lè catons bin jaunôts, su l'fû, dans d'l'aigue, d'aveu d'l'au ape in bon vin d'ique...Ill è prou adrèt' la Zélie, ill te fè èn' quincouèllotte que t'm'en dirâs dè nouvalles!


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