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Défi n°130 "Évasion" proposé par Lénaïg pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

 

" Je voudrais qu'on s'évade, qu'on parte en escapade, je dis donc ÉVASION, on invente une histoire, on narre un souvenir, on s'exprime en prose ou en poésie." 

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Il est une fois un petit garçon de trois ans qui habite un vrai petit village rural (pléonasme totalement assumé !) 

Il a dans sa parentèle, un certain Gabriel, dit Gaby, colonel d'aviation de son état.

Gaby- Gabriel de temps à autre fait prendre l'air à son gros avion à réaction (certains se contenteraient d'un tour de vélo, Gaby lui, avionne !) 

La maison du mouflet se trouvant dans le couloir de ciculation du Gaby, celui-ci vient le saluer en rasant les toits dans un vacarme de tonnerre (il fait ce qu'il veut, c'est lui le colon, non mais !)

Tout le canton (ou presque !) sait que Gaby est en virée. Petit garçon en est très fier !

Il en trépigne de bonheur, vire girouette déboussolée dans le fracas du roulement grondeur qui s'éloigne. 

Il ripe de joie au milieu de la cour de la ferme où la poulaille caquette sa désapprobation. 

- Maman ! c'est Gaby ! Il est v'nu, moi l'a vu! Moi, moi... moi quand j' s'ra grand j' dira bonjour à toi avec mon groos navion !

Aussi, lorsque quelques jours plus tard Gaby- Gabriel arrive au volant de son Aronde dernier cri (aronde-hirondelle... il n'y a pas de hasard vous dis-je), petit garçon a bien du mal à s'y retrouver ... Où l'est ton navion, dis où l'est? et il se carre sur les genoux de son héros volant qui raconte, raconte... et le gaminou rêve d'éVasion. 

Cliche-2010-09-21-23-00-57.jpg

Ce rêve il le touche du doigt quand Gaby- Gabriel lui offre un cadeau fuselé, aux ailes encocardées de bleu de blanc de rouge.

Petit garçon arrondit bouche et mirettes, se fige un court instant empêtré d'émotion puis happe l'aéroplane en tôle et s'enfuit, encerclant de ses bras poupins le rouge cerise de son trésor. Il court l'asseoir au pied du grand tilleul.

À genoux devant son -navion- rien -qu'à -lui, petit garçon le contemple, sans oser y toucher puis s'enhardit vroum à faire tourner une puis deux hélices vroum vroum. 

Le carlingué flegmatique ne s'en émeut pas.

Clic, petit gars dégage le train d'atterrissage, clac le rengage, clic, clac, Gaby a raison, ça roule !

Le petit zinc est tout émoustillé par le truc herbu, censuré sur le tarmacadam, qui lui chatouille le ventre.

De petites mains agiles ploc, décapsulent le cockpit.

- Gaby a dit: avant le décollage, t'oublie pas, hein:  "chez clisse popoff hoquet ". (vouai vouai vouai ... et si on traduisait: "check list: pompe off, OK".)

Facile ! jubile le marmouset en asseyant son mètre zéro cinq sur le petit avion de quarante centimètres d'envergure.

- Paré?  Hoquet !  CHEZ CLISSE POPOFF HOQUET ! Et on s'envol' ...

...

Bernique !... Des clous !... Rien ne bronche...

Le marmot se bloque, sidéré... se reprend, re-récite la formule magique ... Macache...

Il houspille l'objet inanimé, Gaby a dit, chez clissse et tu voles !

Il enrage, Gaby a dit  Gaby a dit ...

Il suffoque de certitude Gaby a dit "tu voles" !

Il devient cramoisi, avance une lippe tremblotante qui fond bientôt en gros bouillons.

Et l'autre ! L'autre casseur de rêve, qui n'a même pas l'air capot, reste de marbre, vautré dans l'herbe qui l'a apprivoisé.

L'autre vilain vilain vilain qui s'en fiche de faire du chagrin...

L'autre qui se fait écrabouiller crac d'un grand coup de galoche bien fait bien fait, qui lui cambre les ailes en V.

Un V comme Victoire?

Un V comme éVasion? 

éVasion avortée pour cause de vent contraire: "Head wind". "OK".

OK ? tout simplement ... mais vous n'y pensez pas! Pour le bambin ce premier vent contraire ne se signe pas d'un "OK" de résignation... C'est un chaos qui le laisse KO. 

Par la suite on se blinde, mais pour  l'heure bon sang que c'est dur de renoncer à son rêve d'éVasion ...

Petit garçon en fait l'amère expérience. Il s'affale exténué, une menotte tombée sur le rouge de la tôle froissée et s'endort dans un gros OK hoquet de chagrin.

 

 

 

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Défi n° 129 " Voyage en nostalgie" proposé par Enriqueta pour Les Croqueurs de mots".

Publié le par François & Marie

"Voyage en nostalgie".

Choisissez dans vos photos anciennes une qui date de vingt ans ou plus, racontez-là.

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1960 - 2014 = 54

Gagné ! Ça colle à la consigne. 

Ces images ont ... quoi ? Déjà cinquante quatre années ! 

Années lycée.

Années pension.

Pensionnat de filles.

De filles venues de toute la France, pas la France des trente cinq heures, celle des quarante deux heures de cours par semaine.

Elles se les coltinent sans broncher. monique_0003flou.jpg

Toutes les deux semaines, le samedi à seize heures, elles s'envolent du pensionnat et s'y retrouvent le lundi à huit heures. En décomptant les trajets, ça leur fait, pffou... au moins trente énormes heures tous les quinze jours à passer en famille... Que demande le peuple !

Si une malencontreuse "colle" individuelle ou collective leur tombe sur le paletot, la sortie est reportée à la quinzaine suivante... La loi c'est la loi !

Ce lycée laïc applique des règles de vie quasi monastique. Plaf ! Le monde extérieur s'aplatit le nez contre l'immense portail que le concierge boucle à double tour crac-crac.

Interdits les journaux, les magazines et les nouvelles du monde proche ou lointain. 

Bannis les transistors méphistophéliques.

Tolérés les Kodak (Ouf ! Le défi d'Enriqueta va être possible !)  

Aucun événement externe ne doit venir perturber les études de quelques centaines d'agnelles bien à l'abri dans cette bergerie. 

Elles l'ont voulu, elles l'ont eu ! Après avoir concouru pour y être acceptées en quatrième, elles savent qu'elles n'en sortiront que huit années plus tard, bac, certification pédagogique et deux concours terminaux, en poche. Amen, la messe est dite !

Les brebis vont vivre sous la houlette d'une surveillante générale célibataire, pas grande, sans âge, austère, noiraude et Corse qu'elle nomme Ménazelles. Huit ans durant ses yeux pruneaux vont viser super bien  superviser toutes ces SES Mesnazelles.

Comme tout un chacun la Grande Manazelle a deux sourcils. Chez elle, curieusement l'un est très blanc, l'autre très noir.

Le haussement d'un seul, le blanc, marque la frontière entre une sévérité ordinaire et une foudre éminente. Mieux vaut ne pas provoquer l'élévation de l'albinos !

Toute Manazelle convoquée dans son bureau n'en mène pas large.

DEFI-copie-1.jpg

Chaque matin la Surgé - Grande- Manazelle inspecte SES troupes, emblousées semaines impaires de carreaux rouges qui virent aux carrelages roses les semaines paires. Malheur aux Mesnazelles en erreur de coloriage !

Chaque midi Grande-Manazelle et MADAME (la directrice) arpentent l'allée centrale du réfectoire. Les Manazelles disciplinées, par huit, debouts derrière leurs chaises attendent le signal du sit down - setzen sie sich, en lorgnant sur le saladier de végétaux qui complémente artistement le Formica rouge de la table. "Vous", là-haut Faites qu'il y ait un petit escargot dans la laitue, le partage m'en laissera davantage, merci "Vous".

Un signe discret de MADAME, décodé en "je vous en prie asseyez-vous donc à la place qui vous est impartie et prenez plaisir à déguster ce déjeuner inclus dans le prix de votre pension" (c'est fou ce que l'on peut traduire en une légère inclinaison de tête) et ça se met à brouhahater. La cheffe de table, qui change toutes les semaines, sert sans trop "paner" les unes et les autres. Tout ce petit monde se restaure de bon appétit. Hé! "Vous", où est l'escargot ?

monique_0007-flou-copie-1.jpgLe jeudi après-midi promenade obligatoire. Aération du bataillon et permission de contact visuel avec la civilisation.


Là aussi veille la Vigie.

Ses yeux vifs et implacables scrutent le démarrage du défilé de SES Mesnazelles.

Ses Mesnazelles gantées et chemisiées de blanc, en tailleur et béret bleu marine, chaussures impeccablement assorties.

Ses Mesnazelles par centaines qui vont traverser la ville en deux longs rangs d'oignons bien alignés, encadrées par quelques "grandes", niveau concours final, les pionnes.

Ses Ménazelles qui ne doivent se faire remarquer que par leur discrétion, Mesnazelles VOUS-REPRESENTEZ - LE - LYCEE, leur port de tête altier, leurs pas assurés une-deux-une -deux, ni fous rires, ni mollesses du genou, ni piaillements, ni blablatage. LE-LYCEE ! VOUS-ETES-LE-LYCEE, vous dis-je !

Prudence ! On chuchote qu'en ville la Grande Manazelle aurait SES espions... Les demoiselles ont intérêt à se tenir peinardes !

Il faut voir comme elles se dépeinardisent quand les rangs d'oignons déboulent enfin en vue des prés et des vignes, boum ! Explosion du cortège ! Quilles bousculées ! Feu d'artifice !

Libérées les donzelles ! Elles s'égaillent, se décontractent en épluchage de gants, valdingue des bérets, liquéfaction des tuteurs vertébraux, patati-patatage, rigolettes, shootages de cailloux, maraudes en tous genres (eh, gaffe à la pionne !), affalage dans l'herbe des talus, rhaaa... soupirs d'aise.

Rhaaa !  Deux heures durant les jouvencelles gobent l'air libre, aspirent le ciel ouvert. 

Deux heures si vite passées... Déjà on doit reconstituer le puzzle des Manazelles.

monique_0005-flou-copie-1.jpg

On réajuste le béret, 'tention ! pas de guingois "VOUS-ETES... "! Vite, on ratatine au fond des poches les violettes ou les trèfles à quatre feuilles cueillis dans un grand élan de fraîcheur à palper... et qui virent aux vieux poireaux que l'on ne cherche même pas à réanimer et que l'on écrabouille au retour, avec un zeste de mauvaise conscience entre les pages du gros dico. Cinquante ans après on les y retrouve raplaplats, anémiés, sécotement diaphanes au centre d'une auréole sépia ... on ose à peine les effleurer d'un bout de doigt... mollo-mollo on referme le gros dico... J'affirme pouvoir vous montrer sur quel talus sont restées leurs racines...

On ré-en-di-man-che len-te-ment les cinq doigts droits, identique punition pour les cinq gauches, so smart !

On se retuteure de la nuque aux talons.

On se remodèle pour la galerie un air de grandes filles modèles. 

On rectilignise les rangs d'oignons.

On rentre.

S'ensuit entre quelques inséparables, l'agréable moment du goûter. Aucune ne reste jamais au pain sec. Partager spontanément miels et confitures-maison avec celles qui ne rentrent pas souvent dans leur famille va de soi.

L'étude du soir, silencieuse, regroupe une quarantaine de Mesnazelles par salle.

monique_0010-flou.jpg

Interdiction de s'évader dans les pages d'un livre de bibliothèque ou bien d'habilement tresser des scoubidous, avant que les devoirs ne soient terminés; jolie surveillante surveille, l'esprit et le sourire ailleurs, elle tricote un pull torsadé pour son gentil fiancé qui ne rentrera pas de la guerre d'Algérie...

- Waouh ! Tu as "survécu" à tout ça, sans télévision, sans BD, sans téléphone, sans tablettes ? s'étonne la jeune génération.

- Il faut croire ! Tu peux ajouter sans chauffage dans les dortoirs, sans eau chaude aux robinets alignés sur un bac à toilette commun, sans maquillage, sans hystérie collective, sans piercing, sans cigarettes, sans french manucure, sans fringues de marques...

gouter.jpg- C'est toi qui refilais ta crème de marrons à ma mamine Thérèse ?

- Ouais ! en échange d'une demi-portion de "serpillière" !

- Quoi ? Pouâh !

- T'inquiète ! c'était le petit nom du hachis Parmentier, et il était bien bon!

- C'est vrai que ma mamie Christiane se faisait rapeller à l'ordre à cause du "pain du bourreau" ?

- Fallait pas rigoler avec ça ! Repas après repas, la cuisinière, dame âgée ( les plus de vingt cinq ans étaient des vieux à nos yeux d'ados) grande et sèche à l'impeccable chignon blanc, restait dignement assise à côté de la machine à couper le pain qui dzzzinguait, dzzzinguait, dzzzinguait les tranches de flûtes. Ta mamie désignée pour la semaine, réapprovisionneuse de la tablée, pressée de remplir la corbeille et de revenir à son assiette, harponne les tranches à la poignée et les jette plaf enchevêtrées en fatras dans la bannette. Petite, a prononcé calmement la vieille dame en retenant fermement le pan de la blouse de l'irrévérencieuse, le pain ça se respecte et celui-ci n'est pas le pain du bourreau (que l'on dépose à l'envers), tu le ranges ! Ta mamie a docilement aligné les morceaux et son pan de blouse a été libéré.

- Hihi ! Aujourd'hui encore elle est très pointilleuse et zieute souvent la corbeille à pain!

- Eh oui Mesnazeaux ! Les Nicole, les Monique, les Christiane, les Claire, les Thérèse, les Marie, les Simone des "années sans" ont été dispersées par la vie "avec" des responsabilités de profs, d'infirmières-chefs,  de conseillères, de kiné. Elles ont accumulé de beaux souvenirs, ont ravaudé tant bien que mal les balafres de leur âme et de leur cuir ... Une poignée d'entre elles ne s'est pas perdue de vue. Ahah, voyez, quand on parle du loup ! Voilà qu'arrivent les Ménazelles- "sans"! Zou-zou-zou ! disparaissez "jeunes z'avec" ! Faites place à celles qui ont cumulé pendant leurs "années sans" bien plus "d'avec" que vous l'imaginez et qui vont, illico, partager quelques bulles fines en hommage à plus de cinquante années d'amitié !

monique-champagne.jpg

 

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"les sentiments" suite ...

Publié le par François & Marie

bol-tupperware.jpg

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défi n°128 , proposé par M'amzelle Jeanne pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

"Les sentiments"

Par magie.. ou en réalité.. vous avez... connu..   aimé..
.Vous avez été le partenaire... le modèle..
Vécu dans l'univers d'un homme (ou d'une femme)  connu 

du siècle dernier.. ou de celui d'avant..

Il  ou elle était...
poète...philosophe.... écrivain..cinéaste.. acteur
.peintre..politicien..ou...

  Vous, vous étiez sa muse, sa femme, son ami, son médecin.. son mécène...
Nous serions  curieux de connaître

les sentiments

qui vous unissaient
Amitié.. amour.. jalousie.....
ou rancoeur ?

gloubgloub.jpg Gourmande recette, j'ai été

l'élue d'un bon gros, tout gros

 oeuf couleur jaune d'oeuf.

 Un dinosaure à gros pois

 bien placide, gaffeur et sympa.

 Inventorions ce qui, à jamais, nous lia:

  

 Besef bananes toutes bien-bien-bien écrasebouillées.

 Onze grammes vingt deux d'onctu-moelleux choc-chocolat usé? élimé? non! râpé.

 Un maousse-costaud pochon de fraises confites-confiturées.

 Largement, copieusement, incorporer de la moutarde ouch! très relevée, sans oublier la

 goulayante saucisse venue deToulouse, juste tièdie mais- mais- mais, toute crue turlututu.

 Ah bin, forcément! décorer de chantilly tireli aux anchois marinés et framboises-tagada en aïoli .

  

Ces années de compagnonnage m'ont vue passer d'états d'âme en état d'armes.

 Amusée de la frayeur des invités, euh présentement la Faculté me conseille d'éviter de grignoter ...

 Séduite quand Casimirius me malaxait de r'vin de r'va*, gloubi puis boulga!

 Irritée, effrayée... des commères lui avaient marmoté tourne la page, oublie-la pour un léger potage.

 Morte d'inquiétude quand on osait insinuer "régime".

 Ivre d'allégresse lorsqu'il proclamait tout fier, je vous présente MA recette, rien qu'à moi!

 Rassérénée quand il me fredonnait je t'aime ma gloubi, j'ai le béguin pour toi ma boulga!

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* De r'vin, de r'va: d'un côté puis d'un autre (patois d' chu mouais!)

affiche gloubi

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Robe de plage

Publié le par François & Marie

Marie se balade sur la plage et joue avec les coquillages ..

.robe-de-plage-.jpg

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Défi n°127 (bibliothèque) proposé par Enriqueta pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

Racontez une histoire (en prose de préférence) qui commence par " J'ai trouvé dans ma bibliothèque..." et qui se  termine par " Je ne suis pas bibliothécaire."

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- J'ai trouvé dans ma bibliothèque...

- Raconte! qu'as-tu trouvé? Un rat?... du genre  mus bibliothéca qui grignote chaque mot de chaque page, chaque page de chaque livre, qui mange et dort en lisant, qui marche en lisant, lesté d'un livre sous chaque bras.

- No rat!

- Des souris alors? des roses, des vertes, aux couleurs des bibliothèques.

- No mouse!

J'y ai trouvé une ruche, une fourmillière foisonnante. 

C'était par une nuit de brouillard*, le soir de la St Tome, non plutôt... St Portulan* ou alors St Elzévir*... va savoir...

Chez mes livres je suis doucement entrée, sans éclairer.

Leur cénacle hume le copeau de bois, l'herbe séchée ... et fugace... pfft... vite envolée, une petite note crème vanillée.

Alors qu'en journée ils font figure d'honnêtes ordonnancements, de silencieux alignements, lorsqu'ils supposent les Humains endormis ils s'agitent, jacassent, se dévergondent, bref, ils vivent!

books.jpg

Du côté des atlas, ça ronfle! Repus de voyages ils ont gardé leurs brodequins, se souciant fort peu d'en égratigner Dame Raquin que Zola nomme Thérèse, elle supporte...tout en potinant de Bécassine à Clocher Les Bécasses avec une Madame Bovary triste et dépressive. Françoise Dolto l'aide à ouvrir la vanne aux paroles en lui contant les polissonneries de la petite Loulotte et la déride en mimant les grands airs de la marquise... de Grand Air!

Le vertueux livret des régimes réclame "mumm... encore encore" au jovial livre des confitures. En complicité gourmande, l'un se bedonne de plaisir et se délecte des recettes voluptueusement illicites que l'autre galopin lui distille, en se régalant de le corrompre! 

Un parfum de cabale plane sur le Mystère des cathédrales. Une dédicace qui me fut adressée il y a dix ans prétend que "Seul le feu de l'Esprit révèle les clés que ces pages recélent". Puissant! n'est-il pas? Tu comprends que ce soir j'aie soufflé sur les braises et espéré en vain que cliquètent les clés...

Par ici, ouh là! on gronde. Le manuel des bonnes manières accuse les albums à colorier de gouacher leur vie et leur prédit avant peu une mine de papier mâché. Ça barde! le Maître es chichis reproche aux papiers kraft leur perpétuel craquillage de gaufrettes. Ça suffit! À vingt deux heures passées d'une seconde, un couvre-livre bien élevé se doit d'être aussi moelleux qu'un couvre-lit, sinon c'est la chienlit!

Par là, on capte des effluves bouillonnants et parfumés...Les verbeux romans fleuves auraient-ils une liaison secrète avec les fabulettes à l'eau de rose?...  

Plus loin, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais s'affaire. Il aimerait marier son Figaro du côté de chez Swann et commande à Marcel, Proust pour les intimes, une pièce montée de tendres madeleines moelleusement replètes.

Un froissement soyeux dénonce qu'une belle édition lustre avec constance son luxueux papier d'Arches et pomponne sa reliure marocain. Elle louche avec désapprobation sur une clique de missels malicieux. Les vilains gredins agitent en un petit bruit d'averse leurs minces pages follettes pour lui faire encroire qu'il pleut averse! 

Des clameurs guerrières agitent l'étagère supérieure. Des romans noirs, brandissant des ciseaux, menacent le fil des épées chez leurs turbulents homonymes encapés.

Imposants sans en imposer, épais sans être replets, amples sans ostentation, le bataillon des dicos a des allures de vieux Sages garants des vérités. Sûrs d'eux, tranquilles, ils peuvent être cloueurs de bec, veux-tu un exemple? "Nycthémère*"... héhé! ce n'est pas ce que tu crois!

À pas de loup je me suis éclipsée, laissant à leurs démêlés les papiers imprimés. Ces insolents marmots ont toujours le dernier mot!

- Le mot de la fin! Tu sembles véritablement les vénérer...

- Totalement! et seulement pour leurs beaux yeux, puisque je ne suis pas bibliothécaire.

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* Brouillard: main courante, registre de commerce sur lequel on inscrit les opérations au fur et à mesure qu'elles se font.

* Portulan: document mis au point par les navigateurs décrivant les ports de mer et les côtes.

* Elzévir: livre de petit format imprimé en Hollande par les Elzévier (XVI ème, XVIII ème)

* Nycthémère: dans le langage médical, espace de temps comprenant un jour et une nuit.

 

 

 

 

 

 

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Défi n° 126 proposé par Jeanne Fadosi "Les chaises d'Emile" (suite) pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

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Vous vous souvenez des chaises d'Emile (défi n°111). "C'est l'été, les oubliées sur la terrasse se retrouvent ici. Laissez-vous inspirer par cette image et personnalisez votre titre".

chaises---reduc1

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 Les chaises dans les prés, le début de l'été... (sur l'air de "colchiques dans les prés, c'est la fin de l'été").

- Fait chhaud...

- ...

- Ça piiique!

- ...

- On s'ennuiiie...

- Tu t'ennuies! Oui les chardons ça pique, oui le soleil sans l'ombre d'une ombre, ça cloque, oui les orties ça urtique, réplique excédée la vieille chaise en noyer boucanée.

chaise2.jpg

- ...

- Ainsi la jolie petite chaise Vermillonne s'ennuie. Mademoiselle craint les orties, les moustiques, les guêpes et les fourmis. Pourtant Vermillonne était bien partante pour s'exiler " le long des prés déserts où le sentier dévale.../" *

- J'étais lasse d'être comprimée par le quintal du gros Léo, voilà!

- Mademoiselle peut être tranquille, gros Léo a l'effroi du coryza! Il ne risque pas de venir nous retrouver en pleine cambrousse où "/... la pénétrante odeur des foins coupés s'exhale"*.

- Sauvée! 

Ces jours derniers, au café d'Emile l'ambiance était morose. 

Son chiffre d'affaire dégringolait, son moral et sa peau grisaillaient. Il menaçait sévère de virer atrabilaire.

Inquiets, ses clients-acolytes se creusèrent le ciboulot pour colmater le trou dans la comptabilité du limonadier.

Après cogitations, palabres, querelles, ils se rabibochèrent et lui soufflèrent l'idée d'expatrier une partie de son mobilier dans la prairie jouxtant la brasserie.

C'est bien connu dit l'un, dans les monts et les vaux le chaland de l'été qui crapahute sac au dos, a bien besoin de temps à autre d'abreuver le chameau!

Un autre argumenta, colles-y donc deux sièges et une table potable, tu vas voir, ce sera très rentable.

Emile immergé dans le pétrin, submergé par les conseils de ses copains, émergea enfin de son état chafouin. J'y pensais justement hier déclara-t-il de très mauvaise foi! J'ai sous la main une vieille chaise marronnasse qui roupille sous un ficus momifié, c'est elle que je vais expatrier. Cette vieillerie ne craint ni le soleil ni les intempéries, ça va la ventiler décida l'Emile soudain tout requinqué. 

- Tss, tss... Ton antiquaillerie , elle est costaude mais, entre nous, assez... moche et bien peu attrayante, remarquèrent ses compères, il en faudrait une seconde une coquette, une affriolante... 

chaise.jpg

 Te souviens-tu gaie luronne, c'est à ce moment là que tu t'es mise à rutiler de toute ta couleur vermillonne. Eh eh! aujourd'hui tu fais moins la fanfaronne. Tu trépignais, tu te trémoussais, tu voulais capter l'attention de l'Emile. Tu te pâmais, ââhh les filles, je vais être très tendance et très chic,  je vais recevoir l'Oscar "Mobilier Outdoor", pour moi ça vaut de l'or, c'est Hollywood! Et te voilà dehors, de ton voeu exaucée, pourtant au lieu de jubiler tu récrimines, fait chaud, ça pique, ça gratte!

- ... Mais ça libère du gros Léo! Dorénavant Miss Outdoor-Vermillon ne réceptionnera que des sportifs élancés, musclés, bronzés, légers! la classe!

- Bien sûr ma jolie! Et que feras-tu des porteurs de croquenots à crampons qui t'érafleront? Et des transpirants qui te ventouseront de leurs cuisses en sueur? Et des excursionnistes nordiques qui t'écorneront de leurs bâtons? Et des impatients qui ébrécheront de tes pattes le vermillon? Et des ...

- Arrête! tous ceux-là, vieille chipie, ils seront pour toi tralala!

- C'est bien toi qui disais "l'Outdoor n'a pas de prix"!  Quant à moi...tu verras, tout le monde me fuira tantchaise22.jpg les moineaux et les pies m'auront crépie, ne le dis pas, je viens de passer avec eux un contrat tralala !

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* "Soir sur la plaine" Albert Samain    

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Défi n° 125 proposé par Eglantine-Lilas pour les Croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

 

Vous visitez le Louvre, c'est la fin de la journée, fatiguée vous vous asseyez devant le tableau de La Joconde qui...vous interpelle.

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- Les Antiquités grecques... ça c'est fait, les étrusques, les égyptiennes, les romaines, c'est vu aussi, les peintures flamandes, allemandes, hollandaises, itou... les sculptures...

Comme d'autres cochent la liste des courses, poireaux, PQ, salsifis, ciboulette, Amélie- Bertille, elle, biffe les "départements" du Louvre qu'elle avale depuis ce matin.

Concentrée, la gloutonne flapie se répand sur un strapontin qui tombe à point. En opinant elle rature Rembrandt, Le Lorrain, Le Brun, Poussin...

- Louboutin?

-  POU-SSIN pas Loubout?...? Attention Amélie-Bertille, tu as encore abusé de fraises Tagada, tu entends des voix... Reprenons... Pierrot dit "Le Gilles"...

- Christian!

- Rhâ, non GI-LLES! pas Christian! Holà, qu'est- ce qui t'arrive A-B, tu dérailles ou bien?...

- Des Chrrist Loub! j'en rrêve...Joconde

Gloups... Bic en suspension, yeux en rondelles, lèvres cul de poule interloqué, Amélie-Bertille fixe la source d'où sourd le sourd roulis de "r".

En apnée elle réalise qu'elle est face à La Mona, La Lisa, La Joconde qui la fixe, l'interpelle. 

- Tes scarpetta... tes escarrpins, Mamma mia, qué fortouna! des Louboutin! Je les rrepèrre à cent pas. Le Léonardo m'avait avertie, on verrra que ton buste et ta testa, tou peux rester en pantofolas. Qué stoupidita! ouné dona en pantoufles, même si Le Léonardo il les peintoure pas, te donne un sourire de femme de ménage, no?

Amélie-Bertille déglutit, s'ébroue, cherche des lunettes à ajuster, se souvient que par coquetterie elle n'en chausse point encore, avance un museau précautionneux et dubitatif vers La Mona.

- Euh... MademoidameLicondeSajo, vous avez parlé?... à moi?...

- Oui, moi y'en avoir parlé à toi! Et pourquoi ne parlerais-je pas, hein? C'est lassant à la fin de devoir toujours se justifier.

- ... Mais...

- Oh! toi aussi tu as des à priori, tu te dis qu'un portrait ça ne doit pas parler, que ça doit rester coi et regarder sans ciller tous ceux qui  le zieutent en dégoisant des tonnes de balivernes... Tu me déçois, j'espérais qu'une nana aux vertigineux escarpins aurait l'esprit plus large...

Je vais te faire voir moi si j'ai l'esprit riquiqui, s'énerve en interne l'Amélie.

- Papotons ma Lison! réplique -t-elle piquée au vif. Ainsi, des charentaises frustrantes sont la cause de ta célèbre risette ma Lisette!

- C'est le Léonardo qui commande... Kif kif pour ma coiffure, tu l'as vue de près ma testa? Le Maestro Léo a décrété qu'oune Signora de qualité se doit d'être voilée. Résultat, mon brushing est tout raplaplat, qué miséria! Toi, tou as un si bello capello, splendido!

- Oh ma chère, ça n'est qu'un petit rien en satin de soie qui coûte un bras...

- Hihi, on a la preuve que la Vénus de Milo a la même modiste que toi!

- Et qu'elle a acheté deux chapeaux!

- Léo a aussi ordonné: tou poses bene saggio, a mani vuote... À mains nues! C'est bien une réaction masculine; moi j'aurais aimé des bagues, des bracelets, penses-tu! Sur mes mains nues il aurait pu au moins déposer un chaton, ça m'aurait tenu compagnie...Pfou, tu n'imagines pas combien je me fais suer depuis plus de cinq siècles.

- Cinq cents ans et tu n'as pas pris une ride! Vite, file-moi la marque de ta crème revitallo-repulpante!

- Moque-toi! Et toi, tou as un Léonardo à la casa qui peint tes yeux, tes joues, ta bouche?rouge-a-levres.jpg

- ... Et qui m'autorise des pantoufles puis me transforme en encadrée docile, condamnée à voir défiler des foules en bermudas? Tu rigoles Mona! Je me self-léonardise, ma boîte à couleurs tient en cette trousse vermillon!...Vais...oups, pardon, je baille de fatigue, vais...(baille- baille) faire une petite retouche (baille- baille- baille)...de (baille)...gloss...(baille-baille)...

Bye-bye! Arrivederci! Amélie-Bertille s'affale endormie aux pieds de Mona Lisa en buste.

...................................................................................

Un staff interloqué, suspicieux, voire soupçonneux, décontenancé, (dé)composé de six gendarmes ( parce que les six cognes sont de retour) en grand uniforme, de douze gardiens de musée en casquettes de gala (effectif doublé qui prouve aux militaires qu'ici c'est chez eux, non mais!), du Très Haut Directeur des Musées nationaux(qui pourtant n'est pas perché sur des escarpins Louboutin), de Mme la Ministre de la culture soi-même (qui se désole, fallait bien que ça tombe sur moi...), d'une centaine d'admirateurs de Léonardo Dicaprio (fourvoyés?), s'interroge: 

1- Pourquoi la très distinguée, chapeautée et louboutinée Amélie-Bertille a-t-elle infligé un maquillage gratis et approximatif à La Joconde?

2- Pourquoi la sus-dite Amélie-Bertille nie-t-elle l'évidence?

3- Pourquoi se permet-elle de tutoyer la célèbre Mona Lisa?

4- Pourquoi l'apostrophe-t-elle, la traitant d'ingrate, d'égoïsta muto, de traîtresse qui veut pas refiler à sa copine la marque de sa crème magique-rectifiance-intense...

5- Pourquoi lui assure-t-elle que les charentaises c'est bien fait pour ses pieds?

6- Pourquoi affirme-t-elle que si la Mona n'a pas de chat c'est bien fait pour sa pomme?

Mona Lisa

......................

Prévoir quelques sandwiches et un jerrican d'eau plate pour le staff qui risque bien de passer une nuit agitée au musée...

 

 

 

 

 

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Défi n° 124 par Dimdamdom59 pour les Croqueurs de mots-

Publié le par François & Marie

Pendaison de crémaillère 

Résumé 

La Zinzoline et le Déplumé se sont portés acquéreurs d'un bien romantique chargé d'Histoire et de mystère. Leur enthousiasme va t-il survivre à l'aménagement dans cette vénérable bâtisse ? 

Elle - Je ne sais pas ce qui t'a pris de t'emballer pour cette baraque, le ménage n'a pas été fait depuis l'invention de la lampe à pétrole, les murs sont tordus comme des ceps de vigne et les huisseries tombent en miettes ! 

Lui - Mais bibiche c'est toi qui ...

Elle - Aaaaah ne m'interromps pas, Innocenté, c'est une catastrophe ! Heureusement que je suis là pour sauver la situation. Je vais transformer cette ruine en palace qui aura l'heur de faire pâlir de jalousie toute la bonne société alentour ! Mais tout d'abord il est de notre devoir de célébrer l'acquisition de cette dévastation, de cette gentilhommière de caractère: nous allons promptement, une crémaillère pendre ! Ordonne La Zinzoline qui n'hésite pas à opérer des inversions grammaticales audacieuses. 

Lui - On va manger des gâteaux ? 

Elle - Ne m'énerve pas ! Nous allons surtout montrer que nous  avons acquis la perle rare, en organisant une réception à "casser la baraque " annonce  la Zinzoline pas peu fière de son bon mot ! 

.....

Le soir de la mondanité venu La Zinzoline et le Déplumé attendent les invités pour ce qui doit être l'événement social majeur du moment, or l'heure passe et personne ne vient frapper l'huis vénérable et vermoulu. 

Elle - Rassure moi Innocenté, tu as bien posté tous les cartons annonçant notre pendaison de crémaillère ? 

Lui - Bien entendu ...

Elle - Alors, j'ai beau compter et recompter, je ne vois que deux invités : toi et moi ! ce qui est assez peu pour une réception mondaine ! 

Lui - Je dois avouer que ... bretouille t-il mi-fugue mi-raison.

Elle - Mais je crois avoir entendu un bruit, enfin, s'exclame t-elle, nos invités honorent notre invitation !

La Zinzoline parade dans le hall d'entrée mais de convives : point ; se peut-il qu'elle se soit fourvoyée ? Innocenté, quant à lui, aimerait bien goûter un des petits fours qui décorent avec grâce une table dressée pour l'occasion, et tente un repli discret en direction des amuse-bouches. Après s'être fait sermonner, taper sur les doigts et traiter de goinfre,  Innocenté est chargé d'identifier les grincements et les couinements qui bruissent un peu partout.  

fantome

Peu rassuré, il saisit le bras de celle qui dans la tourmente, sait prendre les décisions.

- J'ai comme l'impression que cet endroit est hanté. 

- C'est fort possible, je n'ai jamais vu de torchons ni de linge de table flotter ainsi dans l'air du soir. 

- Devons-nous paniquer ? 

- Mais surtout pas, mon pauvre ami ! Les fantômes sont du dernier chic et donnent un cachet absolument authentique à notre maison ! Je t'interdis de paniquer ! Va plutôt leur proposer du guacamole et des chips et n'essaie surtout pas de faire le malin : les fantômes sont de fins esprits !

.......

Peu après...

Le même staff de blouses blanches dubitatif, (voir le défi n° 123), se concerte:  comment gérer un groupe de voisins terrorisés bégayant des propos incohérents où il est question de fantômes, de ripailles et de rires dans une maison hantée ?

IMG copie-polapolaroïd de la soirée.



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Défi n°123 proposé par Jill Bill pour les croqueurs de mots.

Publié le par François & Marie

"Dans la peau d'une agence immobilière,vendre à tout prix ce bien-ci ...!"

chateau en ruine

LUI: Guignard, agent immobilier.

EUX: un couple (Une + un) de chalands potentiels.

En italique: la conscience du susdit Guignard (Lulu pour les intimes). 

.....................................................................................................................................

Lui (affligé, en apparté) - Pffou! Ras le bol de m'user les cordes vocales pour des clous. Marre! de baratiner en encensant une ruine. Assez! de porter aux nues une épave. Las! de...

Eux (c'est à dire..."ELLE", en cheveux zinzolins") - Ouhouh! Le -Monsieur- de- l'Agence- QUIBAZ- HARD! On- est- lâââ! 

Lui -  Pffou! Manquait plus qu'eux... (heu, tu leur avais bien donné rencart à dix heures...) (Voui, mais il est moins deux, na!)

Lui (bien que l'on soit en mai se dope d'un Mars-et-ça-repart) inspire à fond, affiche un sourir de Tartufe et s'extasie, 

Lui -   Pauvres clampins-avec qui je vais perdre-mon-temps Gente Dame! Sieur! soyez les bienvenus! Félicitations, vous êtes exacts! (gloups, faux jeton!)  

Lui - J'ai l'insigne honneur de vous présenter "la" chartreuse-gentilhommière unique dans le secteur!

Eux - ("Crâne déplumé") ...???...???   

          (La Zinzoline) Bin...???...???

Lui - Demeurons à une distance respectable de cette vénérable demeure (stop! Arrière toute! vieux débris sinistre, dangereux). Ne troublons point sa quiétude (n'ébranlons pas ses moëllons caractériels). Observons de loin la majesté de cette bâtisse (Garons nos occiputs.) 

Eux - (mi-effrayés, mi-fascinés reculent en s'écrabouillant mutuellement les ripatons) - Glups, pardon Candide ...et ...Glups! Innocenté, gare à tes arpions!

Lui - (Sont tout pâles mes pigeons...vont quand même pas calancher...) Cette épave Cet honorable manoir a ppartenu à un baron anglais (oh Lulu! vil faussaire, cet Anglais était bas et rond mais n'a jamais été baron!). Il l'avait dénommé sur écu martelé so romantiquement " WOBBLY-TWISTED-KNOCK-KNEED-MANOR"! (In French, MANOIR BANCAL-TORDU-CAGNEUX) Poétique, n'est-il pas? (Oh yes, it's!) 

Eux (c'est à dire, ELLE, la Zinzoline) - ...Bin...pt'être... l'English c'est pas ma tasse de thé. En sixième, un demi-siècle en arrière, on a tenu à me faire ânonner en Deutch, alors, hormis "my tailor is rich"...

                                 

vendeur.jpg

Lui songeur - Pôv' tailleur... 

Eux - (Le déplumé, en tournis) Euh... si je puis me permettre, la rectilignité... 

         (La Zinzoline, énervée) Il veut dire: vot'truc, c'est la tour de Pise, ou bien?

Lui - Ah!... Je le savais! J'avais deviné en vous des êtres sensibles! Je subodorais que vous appréciriez la façon émouvante dont cette tourelle d'angle s'alanguit tout contre la façade.

Eux - (La Zinzoline) Il a une bizarre tronche le galurin du faîtage!

       - (Crâne déplumé, timidement bien qu'en son for intérieur) Pas plus bizarre que tes bibis du dimanche...

Lui - Quels fins observateurs! Vous avez remarqué, on dirait bien que ce coquin a dérobé le chapeau de l'Enchanteur Merlin. (c'est ardu mon Lulu, t'as raison d'invoquer la magie!)

Eux - (un instant en accord, pour cause de double torticolis) Les portes...les fenêtres... en biais...

Lui - Fi des porteries rectilignes dénonciatrices d'un esprit roide, revêche et agressif,  place à l'altruisme bienveillant des tournures inclinées...

Eux se bouchonnent les cervicales très roides. (Légère rectification: "le déplumé" vient d'être sommé de masser les vertèbres de sa zinzoline.)

Lui -  Une demeure de cette authenticité (séduisante tournure nébuleuse, bien vu mon Lulu!), de cette envergure (ouais, joli!), de cette trempe (stop, n'en rajoute pas!) mérite d'être reconnue par des personnes de cœur, des gens de vertu. Ce petit bijou, je "vous" le destinais personnellement! ( Hihi! depuis des mois tu essayes de le fourguer à des gogos! Souviens-toi, la fois où tu t'es fait traiter d'escroc aux pieds plats et où on t'a bombardé de tongs fluos et de glaces pistachées). Savez-vous que le château de Vincennes était à son origine un manoir! tout comme "votre" Woobly (on va se contenter de son prénom, hein!).

Eux - (Zinzoline flattée) Hannn! Vincennes! Tu te rends compte Innocenté?...

         "Crâne déplumé" - Heu...non...

                - Zinzoline - Il veut dire "oui"!

Lui - Imaginez! Vous voilà Maîtres de votre château et de son fief, un parc verdoyant enclos d'un palis immaculé léger comme dentelle mais robuste comme airain. Il saura tenir à distance les roturiers et leurs médiocres masures. (reprends ton souffle Lulu! Par chance je m'étais assoupie et n'ai pas suivi ton discours.)

Eux - (Zinzoline subjugée)...Ah! présider de sompteuses tablées apéros-barbecus parmi les fourmis roses anciennes ...

        - (Crâne déplumé, en soliloque) ... Là ou ailleurs...pourvu que j'aie mon sudoku... 

Lui -  Votre modestie s'oppose à ce que vous la mentionniez, mais je SAIS que vous avez reconnu la plante médicinale qui croît en reine dans ce jardin versaillais! (pardon Alain Baraton!) 

Eux - (Zinzoline) Bin...les plantes... vous savez... mis à part l'anis du Pastis et le houblon de la Kronenbourg moi j'y connaîs rien ... Mon prof de Sciences Nat, en quatrième, était nul, il m'a fait dessiner pendant un trimestre la germination du fayot sous prétexte que la couleur de mes crayonnages était une injure au sublime vert des cotylédons...

        - (Crâne déplumé, en monologue) Tiliaceae, mentha, valériana, ça calme... Doubler les doses parfois s'impose... 

Lui - La chance vous sourit! Vous allez être les heureux propriétaires d'un superbe cierge d'or (qui s'éteindra avant peu, raplaplaté par le plongeon du pignon ouest), plant rarissime (aussi rare que chiendent!) de molène- bouillon- blanc aux moults vertus guérisseuses. Il a choisi les bonnes ondes Feng Chui du flanc (du flan!) de votre Castel pour y croître en toute sécurité. Vous, en qui je devine l'esprit d'entreprise (vous, les rois des inconscients), pourrez mener à bien un juteux négoce tisanier de Verbascum thapsus.

Eux - (Zinzoline rêveuse) Verbascum...des tunes, on s'en fera un maximum! Thapsus... je muterai en boutiquière cossue!

        - (Crâne déplumé) Amen

Lui - La chance continue à vous faire risette! Il ne vous a pas échappé que dans "bouillon-blanc", il y a "Bouillon"! Qui nous contredira si on suppute que cette plante est apparue sur "vos" terres après le passage du célèbre Chevalier franc Godefroy de Bouillon ? (là, tu charries vraiment Lucien!). Comme disait ma grand'mère "Y'a pas de hasard"... Voyez d'ici la publicité sur vos étiquettes tisanières.

La Zinzoline - Rhôô la chance! On prend! on achète! on signe illico, on devient proprios! Oh ouiouioui, on est en plein rêve, sors ton chèquier mon Innocenté!

Crâne déplumé - Amen... 

Lui - (pour lui-même) C'est pas une farce? Ça y est! me voilà débarrassé de cette bicoque. Ah! je rêve! Moi aussi! enfin, je rêve... (Sois fort mon Lulu! je vais te pincer et tu vas te réveiller avant de boire le bouillon!)

.................................................................................................................................. 

Peu après...

Un staff de blouses blanches dubitatif, voire perplexe, se concerte:  comment gérer un type bizarre en cravate-costard, mèche gominée, déposé par les pompiers auxquels il ordonnait "Pincez-moi! Mais pincez donc"! et qui réclame à cor et à cri du bouillon (il en a déjà bu trois litres, en trinquant à un certain Godefroy)...

 

 

 

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