Conversion
Observez quelques échantillons humains face à un paysage.
D'aucuns le regarderont : ouais bon, mais visiter cette verdure ça va faire baisser ma moyenne... allez zou, en voiture!
Certains l'apprécieront : ah super ! tu vois ce que je vois, tiens prends les jumelles, loin, loin, au delà de la chlorophylle, d' un cher bureau de tabac la carotte se profile !
Quelques-uns le contempleront : pas mal ces prairies et puis tous ces points d'eau...en terrains constructibles, ça grimperait à combien, en euros ?
D'autres s'émerveilleront : Incroyâble Cher, on dirait une cârte postâle ! A relooker en noir et blanc, moins triviâl. Cher, n'est-il pas ?
N'avez-vous jamais eu l'idée, face à des étendues de prés et de champs, de les convertir en tissus :
-imaginer en velours côtelé un champ frais labouré,
-nommer bourrette de soie des semailles clairsemées,
-décréter veston à chevrons les belles rangées de vignes,
-retrouver le coutil des matelas dans les andains des foins,
-rebaptiser sergé, les jeunes pousses de maïs alignées ,
-rêver en étoles de soie ondulantes les moissons mûrissantes,
-sourire au pompon dodu d'un bouquet d'arbres en haut d'une colline,
-caresser du regard le velours ras de l'herbe à moutons au flanc de la montagne,
et, en ces jours où les foins se terminent :
- vous exclamer, l'été étouffe de chaleur ! Il a jeté son épaisse vareuse faisant exploser ses ronds boutons dorés dans tous les prés fanés.