Marie-Tout-Court chapitre III
- T'es nigaud... J'vas t'dire un secret: en automne, y'a un jour qu'j'aime pas, tsé...C'est l' jour d' l'édredon rouge...
- C'est pourtant gentil un édredon rouge...
- Voui...l'édredon ça va...c'qui va moins c'est l'jour du cochon-boudin...Tsé l'cochon ça voudrait pas d'venir boudin...alors, quand y voit l' couteau grannnd comme ça, y couiiine, y couiiine mon pôv, tu peux pas savoir...alors pour plus l'entendre couiner, j'me fais peloton sous mon édredon rouge, j'me bouche les oreilles et je chante "à la claire fontaine", plus fort que l'cochon et pis des fois j'm'endors...quand j'me réveille le cochon est boudiné!
- Eh bin un jour, j'te tiendrai la main sous l'édredon rouge et on chantera ensemble, tu veux bien?
- Voui et pis après on mangera du boudin aux pommes, mumm, c'est bon!
- Y' a pas de boudin aux pommes au Jardin des plantes...
- Qu'est -ce tu crois, y'a pas tout à Paris. Fais gaffe où tu mets les pieds, ici y 'a des crottings d'pioules!
- ...Ben dis donc, tes cygnes y sont bizarres...même pas blancs et tout p'tits-riquiquis, et pis ton lac...au Jardin des pl...
- Stooop, l'Parigot! te m'lasses d'aveu ton Cotchi dês piantes, ique an ê les pis din la vré de vré caim-pai-gne, direct! Mês cygnes y'ê dês câ-nâs, ape man lac y'è in gouillat pou s'gaugi. N'y v'là, y'ê à prendr' ou bin à laissi!
(Tu m'fatigues avec ton jardin des plantes, ici on est en direct les pieds dans la vraie de vraie campagne. Mon lac c'est une pôv'mare où on se mouille les pieds dans la boue et mes cygnes, des canards rustiques. Voilà, c'est à prendre ou à laisser!)
- ...J'voulais pas t' fâcher Marie-tout-court, mais t'sé, j'suis un peu déboussolé, j'te f'rai dire... Nanny m'avait dit que le Jardin des Plantes c'était comme à la campagne... et pis y'm'faut polyglotter, c'est pas facile... Nurse veut que j' jase qu'en Anglais, ta mémé cause très patois et toi tu baraguouines du franchou-patoillard...
- Bin, t'as qu'à choisir, mon p'tit vieux!
- Y'est fait! y'ê tê que j'chouaisis, dear Marie-tout-court!
- Allez vins, dgenti bétassot, on va dire bonje ê vêch's!
Ils se carapatent, main dans la main.
Jappements joyeux et langue en métronome mouillé, Moumousse les devance à la découverte de son troupeau.
- Oïlle oïlle oïlle, iolde Marie.
Les paisibles comtoises immobilisent un mufle interloqué, aux pendouilles d'herbe grasse.
- Marie déraille, on ne oïlle pas en rosée du matin! disent leurs regards incrédules, on oïlle lorsque les pis sont tout joufflus et que le tilleul devient plus petit que son ombre...
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A suivre...