Le pot au feu
- Brrrou, quel froid, l'eau bénite a gelé cette nuit !
Le vieux curé vient réchauffer ses mains au-dessus de la grosse cuisinière à bois où officie sa servante Fonsine.
- Qu'estcequ'ycroit, onestfingromblablanovembre, gromblablagelerblabla...
- Vous grommelez Fonsine ? Et... vous pleurez...
- NAN, j'pleure pas, m'sieur l'curé, j'épluche un oignon pour le pot au feu. Iladitj'aimeraisbienunpotaufeu, alorslabonne,ellepotaufeuse, gromblabla...
- Ouh, mais je vous sens morose, Fonsine. Le Seigneur vous a donné un don, vous êtes bonne cuisinière...
- Mouais, m'leditpasbinsouvent, gromblabla, etpil'Seigneurgromblabla, pasluiqu'épluche...
-Mum ! Votre pot au feu enchante les narines, il va être sublime. Pardon Seigneur! Ce n'est pas un péché de gourmandise, c'est de la bonne sustentation hivernale.
-Grom-mouais, dans sustentation, y'a tentation, vade retro...
-Je dirais plutôt, bénissez ce repas et ceux qui l'on préparé...
-Grom...CEUX, cest Fonsine...SEULEgrom.
Curé-gourmand aimait le gras dans le bouillon. Fonsine en était trop chiche. Curé- futé ajouta,
-Vous méritez une récompense pour vos bons petits plats, je vais vous donner...
-Gromblabla, lesboutonsdeculottedelaquête, gromrapia...
- Disons...un sou pour chaque oeil de la soupe ! A tout à l'heure ma bonne Fonsine.
- ............. Encroispasmesz'oreilles ! Faisons du bien gras, trois os à moëlle, un soupçon d'huile de noix maison, ploc, ploc, un petit reste d'huile d'olives de son confrère de Cucugnan, glop, glop,...glop? oui, glop ! Va y en avoir des yeux dans la soupe !
Voilà Fonsine toute ragaillardie, à l'idée des jolis sous qui vont pleuvoir dans son escarcelle. Ce n'est pas si souvent que son curé lui donne des étrennes.
L'Angélus de midi sonné, le Benedicité expédié, monsieur le curé déploie sa serviette avec un soupir d'aise et de gourmandise. Fonsine, rouge d'un triomphe contenu, apporte la soupière brûlante,. Elle en soulève cérémonieusement le couvercle, comme on lève le rideau au théâtre. Elle est sûre de son effet.
...Déception... elle a voulu son bouillon si gras qu'un seul gros oeil s'étale sur la soupe. Elle en reste bouche bée souffle coupé et louche levée...
-Eh bien Fonsine, vous le servez ce pot au feu à un sou, s'impatiente le curé avec un sourire jubilatoire !
L'bouli
Un bon bouli r'lusôt au ventr' d' in brave curaï d'par chu nôs. Sa volote, la Fonsine, le fiot jèmais prou grâs, ill rèparmôt.
Qu'm'en el ètot bin roublard, è li promis autint d'sous qu'y èrot d'uïlles su l' bouillon.
La Fonsine qu'ètôt pré d'sè sous, s'a mise à encuchaler l'gras, ape que ch't'y va, ape que ch't'y va.
Ill en avôt bin trop mis, y'a avu ren qu'in gros uïlle su l'bouli ! C'qui fè qu'ill a eu...ren qu' in ptiot sou !
T' vouais, dè coups, faut point étr' trop gormand, t'sé...