Du metton ? Admettons !
Au fond de la resserre dans une jatte en terre,
Oubliez, trois jours durant, du bon lait de vache bien blanc.
Le jour premier, vous pourrez le visiter,
Sa belle et bonne crème épaisse allez récupérer.
Le jour trois, il aura grumelé, le voilà donc caillé!
Cette caillebotte piègerez dans un torchon métis aux quatre coins noués.
A l'espagnolette vous le suspendrez, là, juste au-dessus du vieil évier.
A présent patientez et laissez égoutter.
D'ici trois jours du metton blanc vous aurez.
Du metton, admettons! Mais qu'est-ce donc?
Rien que du lait caillé grumeleux, de son babeurre libéré!
Dans la grande jatte en terre, vous allez l'émietter.
D'un torchon bien épais et d'un molleton laineux, allez l'emmitoufler.
Pour trois jours, sous l'édredon le metton enfouirez.
De l'oublier point vous ne risquez!
Les exhalaisons de sa fermentation dénonceront sa maturation!
Ces moëlleux grumeaux de metton mature, jaune-doré,
Vous allez les diluer, dans une eau au vin jaune et à l'ail arômatisée.
En chauffant, touillant, touillant et retouillant, vous allez être récompensés,
D'une crème (sans crème!) lisse, onctueuse et parfumée...hummm,vous sentez!...
Sous votre spatule est née la CANCOILLOTTE des vallées de Franche-Comté.
Articulez bien can-coi-llotte, comme le font les gens du cru,
Ne passez pas pour indoctes en prononçant par mégarde can-co-yote! Vous voilà prévenus!
Si un jour il vous venait des envies de "ramener votre latin",
A la cantine quémandez une cuillerée de ce "concoctum lactem" à votre voisin.
S'il bée, faite celle qui n'a pas remarqué que c'est lui qui en perd son latin!
S'il a le dos tourné, chipez-lui donc son pain,
S'il est grillé (le pain!), c'est encore mieux,
Pour y couler cette créme dorée que vous dégusterez,
En croquant tartine et poire Louise-Bonne en simultané...
S'il revient (le commensal voisin) avec un joli verre de Macvin,
Chapardez-lui aussi! Essayez, ces accords sont divins!
L'maitton-majon.
(Du metton? Admettons! Patoisé.)
- La Bilette ape la Beuznot' ant fèt l'viau de par in mém' timps.
- C'qui fè qu' l'Ugén' peut point n'empotcher yeutè lé à la futrie, l'frutier en veut point entendr' causer, y f'rôt viri san comté...
- La Zélie qu'ém' ran pèdre, va in fér' du maitton pou la quincouèllotte. L'Ugén', el ém' bin çan, daveu des poumètars ape d'la balle Morteau. Y te r'quinque s'n'houmme!
- La Zélie a vit'ment fè, ill t'èttrape èn' gran trape, y vèch' le laissé bin crémmou qu'ill va ubier trouais je, din la souillarde.
- Y va fér' dè catons. La Zélie lè f'ra épeurer din in teurchon qu'va pengo-yie deux je au tiquio su l'èvie.
- Pou èprés, ill va mignoter l'maitton sous l'pieumont! L'Ugén' ape li, vant l'n'avouèr' su lè pis trouais je, sin bouji l'pieumon, pou qu'el è pont frè!
- Quin y qu'mence à pure bin bon, l'maitton è fin prêt! Y'a pi-e qu'à fér' fondre lè catons bin jaunôts, su l'fû, dans d'l'aigue, d'aveu d'l'au ape in bon vin d'ique...Ill è prou adrèt' la Zélie, ill te fè èn' quincouèllotte que t'm'en dirâs dè nouvalles!