Défi n°99 proposé par "ABC. Détente en poésie" pour les Croqueurs de mots.
"En quelques vers, vous parerez votre poisson d'avril d'une cravate et vous lui en expliquerez l'importance".
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- Qu'est-ce donc que cette poignée d'oripeaux?
- Seulement quelques étoffes, pour te faire tout beau!
- Me faire beau, mais ne le suis-je déjà point?
- Mais si, mais si bien sûr, mon gentil marsouin.
- C'est assez! je ne suis pas un cétacé...
Quelle idée de vouloir cravater un poisson, elle m'en donne des frissons.
Tout en tentant à l'anglaise de filer, je vogue et l'entend divaguer.
Elle me poursuit.
Elle dit,
- Une cravate ça fait aristocrate. Une cravate c'est smart. Tu t'imagines cravaté au menu d'un restaurant étoilé... la classe...
- La poisse!
- Toi qui, dans ton sommeil, a drossé jusqu'aux îles Canaries, avec une cravate lestée, tu dormirais au fond de l'océan sans dériver, paisiblement.
- (En appartée) Ach, les Canaries, à m'y enfuir j'avais presque réussi, ach...
- Accroches-y un hameçon, tu deviens le pêcheur du pêcheur, ça a du bon!
- C'est plein d'os et de cuissardes le pêcheur, j'aime pas, c'est pas bon.
Elle persiste et insiste,
- Laquelle siérait le mieux, voyons...Dans ton milieu clapoteux, s'imposerait la "régate" (de la cravate l'ancienne appellation), ou lui préférerais-tu le joli noeud papillon? Toi qui te rêvais exocet, ton voeu serait à demi exaucé.
Celle "de chanvre"? Heu...Oublions, oublions. A ces mots tu te rengorges, scandalisé, avec juste raison; tu te "poses dans ta cravate"...enfin...pour pouvoir t'y poser, encore faudrait-il que tu en aies...
Tu bougonnes? Tu dis que je te demande la lune, que d'une cravate tu n'as nulle utilité... Et si, justement, sa seule utilité était le plaisir de pouvoir l'enlever! Pour le savoir, il faudrait essayer...
- Adieu, c'en est assez, je file.
- Reviens mon cétacé bien-aimé, c'était un poisson d'avril!