Défi n° 90 "Un mot pour un autre" proposé par Suzâme pour Les Croqueurs de mots.
"Un mot pour un autre".
Écrire un texte décalé, amusant mais non dénué de sens, en substituant et en répétant un mot (et un seul) qui n'a aucun rapport avec le mot correct (mais s'en rapproche par le son).
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Avant-propos: la consigne a ici été un peu détournée, deux mots ont été utilisés et le texte n'a pas le côté ludique exigé. L'auto-absolution a été accordée, qu'on se le dise!
Mon miroir? Il y a belle lurette que je l'ai miré.
Pour le mirer il me faut sa chef ...
Sa chef...où l'ai-je donc mise en sûreté?
L'aurais-je placée sous chef?
Ah, la voilà, embusquée dessous mon couvre-chef!
Allons-y la chef, orchestrons l'ouverture de cette devanture.
Ne met pas ta vigueur en bémol,
d'un dièse accroîs ton rythme oscillatoire,
derechef fais-toi le chef d'orchestre de ce miroir à ta portée.
Voilà qui est fort bien exécuté, bien joué la chef!
A nous deux le miroir... mais quoi!... tu résistes,
tu fais le grincheux, le geignard,
pour un miroir, tu n'es pas très poli.
Oh miroir magique, toi qui ne manques point de réflexion,
tiendrais-tu à ce que ton boîtier en loupe de noyer
ait une réputation de coeur de glace, de vile dureté?
Réfléchis...
Ah, enfin tu capitules en répons à mon capitule!
...Juste ciel... quel émoi...
Miroir serais-tu un de ces miroirs truqués
tant tu reflètes mes images du passé contrefaites...
En miroir aux trésors trompeur, tu as feint
de conserver leur fraîcheur aux dentelles fanées.
Tu as abusé de la crédulité des crayons épointés en leur faisant accroire
qu'ils ne bedonnaient pas en vain de desseins de dessins.
Tu as flatté les gommes, leur assurant qu'elles viendraient à bout
des flétrissures pathétiques momifiées par les années.
En miroir aux alouettes tu as fait miroiter aux pétales des roses
qu'ils ne seraient jamais, au grand jamais, ni racornis, ni jaunis.
En miroir aussi trompeur qu'un miroir sans tain
tu as laissé pâlir le teint de l'encre délavée des mots doux griffonnés.
Miroir félon tu as terni les images du passé,
ton reflet infidèle n'est que capharnaüm a donner le cafard...
Vite la chef, vite refermons ce miroir fallacieux, déloyal
dont je ne veux plus être vassale.
Chef, au diable vauvert je vais te catapulter.
A toi la liberté de prendre la chef des champs.
Quant à moi, je vais passer de l'autre côté du miroir,
c'est commode, il me suffira de contourner... la commode.