Les muses à musées
Défi n°293
proposé par Jill Bill pour les Croqueurs de Mots.
Inspiration d'après tableau détourné
«Jeune fille à la perle version 2024 »
Dans le quartier de Montparnasse, il n'est pas rare de croiser des artistes qui rêvent de célébrité, des galeristes de fortunes, des mécènes défraîchis et des amateurs d'art qui n'y connaissent que couic. On y croise également de jeunes modèles qui louent leur plastique à d'honorables peintres ou de besogneux sculpteurs.
Ingrid et Mona sont de celles-ci et aiment papoter à la Closerie des Lilas, une pause entre deux poses. (à noter qu'elles fréquentent plutôt le kebab local, chez Ozgür, quand la Closerie est close. Précision importante, une assiette de kefta tomate-salade-oignon est bien moins dispendieuse qu'une tasse de Darjeeling à la Closerie) . C'est dans ce cadre que nous rencontrons nos deux muses à musées.
- Alors Mona, tu travailles toujours avec ton Léonardo ? Il devrait avoir fini depuis le temps .
- Ah la la, ne m'en parle pas, il coince sur mon sourire, qu'il dit … pas assez énigmatique, trop pincé à ce qu'il paraît,et nanani et nanana... moi je crois qu'il ne sait pas tenir un pinceau et pis c'est tout !
- Moi je crois surtout qu'il en pince pour toi et que c'est un prétexte pour te faire poser tous les jours. Il paye bien au moins ?
- Moui, il n'y a rien à dire, trois florins la séance, mais ça fait deux ans que ça dure quand même, c'est beaucoup pour un sourire. Et toi Ingrid ? Toujours avec Johannes ?
- Janosh ? Oui... Oh, celui là c'est un peu pareil, ça fait trois mois qu'il coince sur ma boucle d'oreille, il n'aime pas celle que j'ai en ce moment, trop classique.
- La perle là ? Elle est sympa pourtant.
- Monsieur voudrait autre chose , genre ananas en vermeille, ou plumes de pingouin. Déjà que je dois porter ce torchon sur la tête, parce que ça fait « femme du peuple », mais il n'en est pas question c'est la perle de ma mémé, et j'y tiens beaucoup.
- Tu lui as dit ?
- Tu parles, bien sûr, mais monsieur Johannes est un artiste ! Il en fait toute une élégie, pour se morfondre et me prier de céder à ses caprices .
- Une complainte élégiaque... comme c'est romantique, et tu n'as pas cédé ?
- Non, ce sera la perle ou rien ! Bon, cela dit il me paye aussi trois florins, c'est toujours ça de pris.
- Tu devrais lui faire ce regard implorant de chatte énamourée, ça les fait toujours craquer .
- Pas bête ça.. et toi Mona tu devrais lui tirer la langue à ton Léonardo, ça pourrait lui donner des idées.
- Pourquoi pas... d'autant plus qu'il cherche un logo pour un nouveau groupe de rock.
- Trop cool... On prend un selfie ?
-Allez !