Défi n°211 proposé par La cachette à Josette pour Les Croqueurs de Mots.
" Vous avez reçu une invitation à un vernissage avec un ami.
Ravie ou outrée, vous partagez vos impressions devant les premières œuvres exposées... et mieux si vous insérez deux expressions contenant le nom d'un animal !"
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- Oh la vaaa-chhhe !
- Tss Tss ! que diable Berthe - Apolline, nous ne sommes point en alpââges.
- Certes, Charles-Hubert... Il n'empêche que face à ce tableau, je suis OUTRÉE.
- Berthapo', vous parlez bien de l'œuvre de ce peintre, Mathurin, votre fils et unique héritier ?
- Évidemment, très cher. Ach ! Quel zèbre, cet oiseau - là, fulmine Bethe-Apolline.
- C'est de l'Art ma chère, je ne comprends pas ce qui vous offense.
- Les QUATRE CLÉMENTINES ! Charlub'.
- ???? (interrogation de style courant, du genre gent prolétaire)
- Ces quatre agrumes que je lui filai il y a trois semaines environ...
- ¿¿¿¿ (interrogation culbutée d'Aristo déchu, complètement déboussolé qui n'ose contredire sa belle amie Berthapo'. Note de la traductrice.)
- Ces quatre clémentines... sans feuilles... des "culs verts", d'une extrême rareté sur nos étals.
- Mathurin les a sublimées en les faisant œuvres d'art ma chère, vous devriez en être fière.
- Mais... Charlub', cet enfant devait en faire son quatre heures, c'est bon pour sa croissance, c'est plein de vitamines ces trucs là...
- Voyons Berthe-Apolline, Mathurin galope vers ses quarante trois ans...
- ... Et ces inventions du Père Clément sont très dispendieuses, surtout si elles sont enfeuillées !
- Très chère amie, il est blasphématoire d'associer la monnaie à ce tableau qui dégage un tel message métaphysique...
- "Message métaphysique" ! MON LUC !
- Berthapo', analysons posément l'intention de l'Artiste : il a voulu s'abaisser un court instant au niveau du peuple, de ce commun des mortels, auquel on enjoint de consommer des fruits.
- Des fruits peut-être mais là, ce sont MES clémentines, celles de la MÈRE NOURRICIÈRE.
Sans se laisser déstabiliser par les jérémiades de la Mater dolorosa, le distingué Charlub' poursuivit son raisonnement.
- ... Le Maître, visionnaire, va au -delà de la notion du bassement alimentaire... Sans zizanie, amie chère lisez-y la soif d'un appel vers l'âme, vers l'esprit pur, à travers ces bras qu'il s'éloignent volontairement de la trivialité matérielle des corps. Captez le détachement séraphique qui floute la vulgarité du prosaïque, qui le rejette...
- Bouhh... : ce qu'il REJETTE c'est LA MÈRE... SA mère, MOI...
- ... Il y a du transcendantal dans ces vertigineux talons, de la métaphysique néoplatonicienne dans ces jambes interminables, si lonnngues... On frôle la sublimité métempirique, on quitte la glèbe, on se projette jusqu'à l'impalpable, jusqu'au bleuté de l'Ether...
- Bouh ouh il n'y avait nul éther dans MES quatre clémentines FEUILLES-CORSES- CULS VERTS, elles avaient la douceur du BIO (? ndlt) et aussi l'âpreté du hors de priiiix...
- Suffit Berthe-Apolline ! Pleurnicher une perte d'euros face à ce chef d'œuvre est tout bonnement kk. Brisons là, chère amie.
- Bouhhh, l'ingrat... en arrachant sacrilègement les précieuses feuilles de mes clémentines, Mathurin a ARRACHÉ LE CŒUR DE SA PROPRE MÈRE... Bouh... le message est clair... À moi, ô tragédie grecque. À moi, ô RACINE Jean. À moi les clémentiniers culs verts...
- À moi d'amadouer cette cinglée amie si chère, soupire Charlub', le nœud pap' de traviole.
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- Chère, appuyez-vous z' à mon bras. Oublions Racine, Euripide et Sophocle, chaussons nos binocles et, sur l'onde fluide de l'Art - qui lui seul sait idéaliser le réel - glissons avec respect jusqu'à l'allégorie à la chaise d'airain...
Silencieux, ils glissèrent.
- Oh PUNAISE ! Pfffoufoufou ! Ahahahahah ! sanglota de rire gente Berthe-Apolline.
- ¿¿¿¿¿¿ questionna trebuH - selrahC.
- Meuhhh ! Hannn, j'en peux plus Mouahah ! kssi ksssi ksssi ! hannnn! J'en - ai - mal - au - bide, hoqueta Bertap'.
- Mais ¿¿¿ ??????? ¿¿¿ ???? (pour les distraits : voir la traduction ci - haut. Je sais, c'est pénible à suivre mais votre persévérance sera récompensée : ndlt.)
- Mouââh ! Ce NU !... Cette GRANDE SAUTERELLE DÉFEUILLÉE, croquée par MON Mathurin, c'est... ouahawaw ! C'EST SA COPIIINE ! Je la reconnais à la CHAISE efflanquée qu'elle trimballe partout... Elle voit en elle son caniche nain... Wouhahaha ... elle l'appelle Kiki fil de fer... ksssiksssiksssi !
- ?¿ (ponctuation sobre, efficace, qui traduit bien le désarroi du pauvre Charlub'. Ndlt.)
- MOUÂHÂH ! JE LE SAVAIS ! Ksssi ksssi ksssi ! ... JE L'AVAIS DEVINÉ : ses seins... han ! j'en peux pluus ! Ses SEINS sont AFFLIGÉS d'un HORRIBLE STRABISME DIVERGENT, MOUÂHÂHÂH !
Si Charlub' avait été moins snob et moins stylé, il se serait permis de tomber dans les pommes. (Ça nous aurait changé des clémentines. Ndlt.)
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PS : La traductrice adresse un petit clin d'œil plus - que- parfait en direction du talentueux Sieur Andiamo, fidèle visiteur.