Défi n° 186 " la tête ailleurs " proposé par Lénaïg pour Les Croqueurs de Mots.

Publié le par François & Marie

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Pour LA TÊTE AILLEURS, Lénaïg propose  " Un bien bizarre animal ! Une fantaisie que permet le joyeux bestiaire universel du Professeur Revillod ".

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Le village est en émoi : le plombier vient d'enlever la femme du garagiste.

Ils se sont envolés. Loin.

D'après les commérages de la belle-sœur de la vendeuse de tourisme de l'agence de voyages, ils farnienteraient (dixit le dépliant en couleurs) dans une île paradisiaque (lire : à dix minutes de la pollution d'une mégapole-hyperville), sous des palmiers (lire : sous des tremplins de dégringolades inopinées d'énormes noix mal ficelées), sur un sable blanc (lire : blanc de peur depuis que rôdent des requins), sous un ciel azur  (lire, en lettres minuscules : " SERVICE - INSOLATION MÉDECINE D'URGENCE " disponible avec supplément exorbitant, EXCLUSIVEMENT LE MARDI AM : 8H 12 À 9H 33, ), au bord  d'une mer émeraude, transparente et cristalline (lire : où vous distinguerez, plus nettement encore que dans votre télé Ultra Haute Définition dernier cri, une foultitude de trucs très vivants, très agités-énervés qui grouillent, ondulent et serpentulent. Apeurés, vous reculerez, face à ces bizarreries que vous ne pourrez zapper), l'Éden terrestre !

Côté garagiste, la situation est loin d'être édénique.

Recroquevillé depuis la veille sur un matelas impressionnant de pneus-neige invendus pour cause d'hiver sans neige, le mécano chantonne faux et en boucle    ♫ Jet'attendrraiàlaporrtedugarrage ♪ ". La psalmodie du mantra, mêlée aux écœurants effluves du caoutchouc chauffé au soleil, font perdre la boule au roi de la soupape. Il s'endort en serrant contre son cœur brisé le delco électronique, remis à neuf, du père Lucien, qui n'en n'aura plus besoin puisqu'il vient de défunter... Quel gâchis.

Résumons : le garagiste est en vacuité illimitée et le plombier fainéante sous les cocotiers.

C'était bien la peine que leurs mères respectives se soient appliquées, il y a deux ou trois ans, à charpenter un beau moka, sans cuisson, artistiquement décoré BRAVO TU L'AS EU CE C.A.P, à la douille " étoiles ouvertes n°13 ". Pour ce qu'ils en font à présent... surtout que les p'tits beurre n'avaient pas été faciles - faciles à discipliner en plein cagnard de juillet. Quel gâchis .

Le village est tout chantourneboulé; les tuyauteries fuient, rouillent, tressautent en bruyants coups de bélier; on ne compte plus ni les vidanges négligées, ni les pannes d'alternateur et de pompe à injection. Quel gâchis.

Le bourg se renfrogne. Le bourg est chagrin; seule mémère - Cracra affiche une totale indifférence, elle n'a jamais approché le moindre véhicule motorisé et ne tolère, à son corps défendant, la présence de l'aqua simplex sur sa couenne, que lorsque l'orage la surprend hors de sa masure.

De tous les indigènes du lieu, Aglaé est la plus affectée. Son pommeau de douche crachote de l'eau marronnasse; cette adepte d'ablutions fréquentes est extrêmement contrariée.

En temps ordinaires elle eut tiqué et immédiatement appelé à la rescousse son plombier, mais le temps actuel n'a rien d'ordinaire et le super Mario joue les Robinson Crusoé, exclusivement secoureur de sa Dame de cœur. Quel gâchis.

Puisqu'elle est le seul oiseau à ne pas savoir voler, Aglaé l'autruche court. Elle galope consulter Gonzagues, son chirurgien esthétique et, néanmoins, ami compréhensif.

- Je voudrais lui dit-elle, non pas avoir la tête ailleurs, mais changer carrément de tête. Il m'en faut urgemment une nouvelle, bien opérationnelle, bien adaptée, afin de suppléer la désertion du plombier.

- Pas d' souci, ma belle emplumée ! 

Gonzagues ôte ses lunettes, il prétend qu'il découpe plus précisément les yeux fermés. Sûr de lui, il saisit sa tronçonneuse (toujours prête, délicatement posée sur une vieille serpillière qui la protège de la cire agressive du bureau d'acajou) et chlac, tranche ce long cou qui, entre nous, donnait à son amie cet air supérieur, un rien  méprisant, qu'il désapprouvait secrètement.  

- Et hop, une généreuse tartinade de glu super glutante... voilà le travail ! Te voilà pourvue d'une nouvelle tête, ma-gni-faïk, ma belle ! Je t'ai fait naître un nouveau - nez, long et souple, pompe à eau, douchette et tuyau d'arrosage, gratos, en sus.

Aglaé en barrit de plaisir ! Quelle joie écolo ce sera, quel retour aux sources que d'aller elle-même chercher son eau à la source, sans intermédiaire, directement du producteur au consommateur, sans gâchis.

Tout à coup, un nuage soucieux ride ses rides d'éléphant.

- Impossible de pomper l'eau au bord du marigot, la cane y a établi un cordon sanitaire limpide pour les premières brasses de ses canetons duveteux; elle a déjà viré une tribu d'hippopotames en pinçant leurs oreilles d'un bec insolent.

- Il te faudra aller pomper l'eau plus loin, au large !

- Euh... je ne sais pas nager...

 Gonzagues se précipite sur son arme à saucissonner.

- Pas d' souci !

- Stop, l'ami ! Je tiens à conserver mon corps sculptural de bel oiseau coureur, je préserve également mes deux pattes qui n'exigent qu'une manucure minimale (c'est pas donné la laque rouge doigts de pieds). Ce qui me conviendrait, c'est un beau postérieur natatoire et insubmersible.

- Pas d' souci ! tranche Gonzagues qui tronçonne net le panache de l'emplumée et lui colle, en bouée de sauvetage garantie, une superbe nageoire caudale. Et voi-là ! cerise sur le pompon, je te l'ai choisie aérienne, légère à porter en été, d'un blanc rosé qui donne bonne mine et qui va avec tout, ma chairiiie !

Aglaéléphantruite-saumonée ôte délicatement de la joue gauche du Gonzagues un mince copeau - reliquat de tronçonnage, elle lui ventouse deux bisous de trompe ch'ploc ch'ploc, merki merki min ch'tiot copinou ! et s'aventure vers son nouveau Destin...

Admiratifs, les passants contemplent, subjugués, la démarche sensuellement ondulatoire d'Aglaé.

- Ouaip les gens ! les niaiseux ! c'est pas d' la sensualité, c'est simplement une grumble recherche grumble de mon nouveau centre de gravité... Quoi ! en plus, faut sourire à leurs grumble de selfies ;)) UN DEUX : BAISser la TROMpe, HISser la NAGeoire... grumble... ;)) J' voudrais bien vous y voir, vous... pas facile grumble de conduire un triptyque. Allez, on recommence : UN DEUX, RElever le GRAND TArin, REPlier LE FLOTteur à frou-frous, grumble de grumb/oups j'ai bien failli y' aller là, grumble... ;)) Réflex-xion, Concentra-ti-on, Ac-ti-on : UN DEUX... ;))

 

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C
Oh ! Bravo à vous deux : super et amusant que tout cela ! Bonne fin de semaine ! Amitiés♥
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Merci pour votre visite enjouée Colette, amitiés de nous deux .
A
j'aime me promener ici. un bel univers. venez visiter mon blog (cliquez sur pseudo) merci
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merci pour votre visite, cordialement.
M
Merci de m'avoir amusée avec ce texte croustillant et ce charmant dessin.
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Merci a vous, votre bonne humeur fait vivre le texte joyeux de Marie, bonne semaine Martine.
L
Encore merci, François, de m'avoir permis d'emprunter ton terrible pirate de la mer !
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C'est nous qui sommes fiers de figurer sur votre page ! bonne semaine Lenaïg, et merci pour cet excellent défi.
A
J'ai dû m'y reprendre à 20 fois au moins ! un coup des panneaux, un autre des magasins, ma vue n'est pas très bonne, aussi je ne pourrai sans doute plus venir, car ça devient trop compliqué ! Excusez moi.
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Cher M.Andiamo il n'est pas question que vous batailliez pour venir chez nous , j'ai supprimé cet anti spam fâcheux !
A
Il s'agit bien de l'anti spam dont je parle, j'ai un mal de chien, à cause des images trop petites et floues, ma vue n'est pas terrible... Pitié pour les viocs !!
Cher M. Andiamo nous avons la vague impression que ce commentaire ne concerne pas directement cet article... on se trompe ou bien ?
A
Ben chat (nan y'en a pas) alors ! Vous avez superbement déliré sur ce coup là chapeau ! <br /> Mes zygomatiques vont aller se reposer maintenant. ];-D
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Ah oui Marie a été très inspirée, le texte est joyeusement farfelu et plein de bonne humeur ! bonne semaine m'sieur Andiamo.
L
Ah ha ha ! J'en suis tout éblouie, je n'en reviens pas ! Il n'y en a pas deux -autres- comme vous, si vous n'existiez pas, il faudrait vous inventer, comme votre Aglaé ! Bonjour les amis, merci merci, voici mon autruchéléphantruite nommée ! Délicieux récit de Marie et non moins délicieux dessin de François, brravo brravo et grand merci ! Bises amicales.
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C'est grâce à votre excellente idée de défi que Marie s'est envolée vers de grandes aventures en faisant vibrer toute sa fantaisie .
J
Bonjour Marie & François<br /> Aglaé-Marie et Gonzague-François je confirme le diagnostic : vous avez bien la tête ailleurs !!!et avez mis la mienne à l'envers... maintenant qui peut me la remettre à l'endroit ???<br /> Bonnes vacances sur votre île paradisiaque ,-)))
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c'est bien parfois d'avoir la tête à l'envers ça permet de voir le monde avec un regard amusé. merci beaucoup pour votre amicale visite .
J
Bonjour Marie et François, ah savoureux cocufiage mais qui met le village sens dessus de dessous pendant que les amants s'envoient en l'air ! Quant au costume d'Aglaé, j'ai comme un doute, mais je peux me... tromper... merci, belle semaine, bises, jill
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La vie d'un village tient à peu de choses ...le costume d'Aglaé est fait de véritables plumes de poulettes et il est très seyant ! bonne semaine madame Bill. amitiés de nous deux.